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Irak : la série "Al Kasser" privée de diffusion pour avoir écorné l'image des chefs de tribus du sud du pays

Dans la série diffusée pour le ramadan sur la chaîne privée UTV, les chefs de tribus, révérés dans le sud de l'Irak, sont dépeints comme des tyrans arriérés, imbus de leur pouvoir et obsédés par les femmes.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran de la série "Al Kasser", diffusée sur la chaîne privée irakienne UTV et qui a été censurée par l'autorité des médias en Irak où la liberté d'expression est de plus en plus malmenée. (UTV)

L'autorité irakienne des médias a ordonné dimanche 26 mars l'arrêt de la diffusion d'une série télévisée produite pour le ramadan, qui dépeint des chefs de tribus fictifs du sud de l'Irak en despotes lubriques. En Irak, la culture tribale imprègne profondément le quotidien, notamment dans les régions du sud.

Le chef de tribu est révéré et son avis sollicité dans des litiges tournant, par exemple, autour du cadastre. Le poids des tribus est tel que leurs membres préfèrent bien souvent se fier au jugement de leur cheikh qu'à celui des tribunaux d'Etat.

Tyrans arriérés

Or, dans Al Kasser (le prédateur, en arabe) diffusé par la chaîne privée UTV, les chefs tribaux et cheikhs mis en scène donnent une piètre image de ces piliers de la société irakienne : ils apparaissent en tyrans arriérés, imbus de leur pouvoir et obsédés par les femmes.

La série "est une offense aux sociétés du sud" du pays, s'est emporté le député Moustafa Sanad, qui appartient au Cadre de coordination, un alliage de partis pro-Iran dont est issu le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani. Dans une déclaration publiée vendredi 24 mars, l'élu a demandé l'arrêt de la diffusion de la série, car elle "nuit à la réputation de nos tribus". Et il a obtenu gain de cause.

La liberté d'expression remise en cause

Après seulement trois épisodes, UTV, propriété du fils du baron sunnite Khamis al-Khanjar, a été sommée d'arrêter dimanche 26 mars la diffusion par la Commission des communications et des médias (CMC). Dans un communiqué, la CMC a affirmé vouloir poursuivre ses efforts pour stopper quiconque cherchant "à saper la stabilité sociale", sans nommer la série.

Mohammed al-Azzaoui, le chef des relations publiques de la chaîne UTV,  a indiqué avoir arrêté la diffusion dimanche. Auprès de l'AFP, Il s'est justifié en assurant avoir reçu "l'approbation du Syndicat des artistes" avant la diffusion d'Al Kasser. Selon lui, la chaîne a fait l'objet de menaces anonymes.

Militants et ONG irakiennes s'alarment d'une récente recrudescence de la répression de la liberté d'expression menée, selon eux, par les autorités irakiennes. Depuis plusieurs semaines, Bagdad fait la chasse à certains YouTubeurs et TikTokeurs accusés de partager des "contenus décadents" qui vont "à l'encontre des mœurs et des traditions". Certains d'entre eux ont été emprisonnés, notamment une jeune femme dont le tort était de diffuser des vidéos dans lesquelles elle dansait sur de la pop.

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