Incendie de Notre-Dame : pourquoi l'intervention des pompiers a été particulièrement complexe
Les sapeurs-pompiers de Paris ont passé plusieurs heures, dans la nuit de lundi à mardi, à tenter d'éteindre le violent incendie qui ravageait la cathédrale.
Ils étaient 400 à lutter contre les flammes. Dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 avril, les pompiers sont intervenus pour éteindre l'impressionnant incendie qui ravageait la cathédrale Notre-Dame.
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Au lendemain du drame, "le péril du feu" est "écarté", a déclaré le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nuñez. C'est le résultat d'un travail difficile pour les pompiers. Franceinfo vous explique pourquoi.
Parce que la charpente est très inflammable
Le feu est parti des combles, puis s'est propagé extrêmement vite à une grande partie du toit. Les flammes ont dévoré la charpente, longue de plus de 100 mètres et surnommée… "la forêt", "en raison du grand nombre de poutres qu'il a fallu utiliser pour la mettre en place, chaque poutre provenant d'un arbre", précise Olivier de Chalus, le responsable des guides bénévoles de la cathédrale.
"Les feux de charpente sont tout à fait particuliers et dévastateurs. Ils prennent une intensité très forte, très rapidement", explique à Europe 1 Laurent Vibert, ancien commandant des opérations de secours des sapeurs-pompiers de Paris.
Face à cette difficulté, les pompiers ont dû "faire des choix". "Il s'agissait vraiment (...) de se dire que la partie de la toiture prise par le feu n'était pas sauvable et de prendre le parti de mettre tous nos moyens pour protéger les deux beffrois, de mettre tous les moyens et les hommes qui étaient engagés à l'intérieur pour sauver les œuvres", a commenté le lieutenant-colonel Gabriel Plus, porte-parole des pompiers de Paris.
Parce que l'utilisation de moyens aériens était impossible
Sur Twitter, de nombreux internautes se sont posé la question. Mais utiliser des Canadair sur le bâtiment était inenvisageable. "Le largage d'eau par avion sur ce type d'édifice pourrait en effet entraîner l'effondrement de l'intégralité de la structure", a écrit la Sécurité civile sur le réseau social.
#NotreDame @PompiersParis Hélicoptère ou avion, le poids de l'eau et l'intensité du largage à basse altitude pourraient en effet fragiliser la structure de Notre-Dame et entraîner des dommages collatéraux sur les immeubles aux alentours.
— Sécurité Civile Fr (@SecCivileFrance) 15 avril 2019
Par ailleurs, aucun hélicoptère bombardier d'eau n'était disponible en région parisienne, comme nous vous l'expliquions dans cet article.
En revanche, les pompiers se sont appuyés sur des drones. "Ils ont permis d'avoir une vision assez précise du développement du feu dans la toiture, a expliqué mardi sur franceinfo le lieutenant-colonel Gabriel Plus. C'est grâce à ces drones, à cette technique nouvelle absolument incontournable aujourd'hui, que l'on a pu faire des choix tactiques pour arrêter ce feu à un moment où il allait potentiellement occuper les deux beffrois. Les drones ont permis d'engager correctement les moyens dont on disposait."
Parce que l'incendie s'est déclaré trop en hauteur
L'intervention des pompiers a également été compliquée par la hauteur de l'incendie, qui faisait rage sur le toit de la cathédrale. En effet, comme indiqué sur le site du monument, les tours culminent à 69 mètres de haut et la flèche s'étirait jusqu'à 96 mètres. Les pompiers se sont donc juchés sur des échelles et des bras mécaniques à des dizaines de mètres au-dessus du sol.
Mais, même avec ces moyens, ils ne pouvaient atteindre les flammes. "Essayez d'endiguer un incendie d'envergure à 69 mètres de haut, avec des échelles qui en font 30", précise un pompier sur Twitter.
Pour reprendre un de mes tweets de tout à l'heure : Essayez d'endiguer une incendie d'envergure à 69m de haute, avec des échelles qui en font 30.
— Baptoubaptou (@baptoubaptou) 15 avril 2019
Quant aux bras élévateurs, ils sont eux aussi "capables de monter à environ 30 mètres. C’est une problématique qui rend l’intervention très délicate même si les lances à eau ont une portée relativement importante", ajoute dans Le Parisien le général Gilles Glin, patron de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris de 2011 à 2014.
Parce que la météo n'a rien arrangé
Lundi soir, les conditions météorologiques n'étaient pas idéales pour éteindre l'incendie. "Le temps a joué au début contre nous, le vent a joué contre nous et il fallait reprendre le dessus", a expliqué le lieutenant-colonel Gabriel Plus. En effet, un vent d'ouest soufflait sur la capitale, comme le rappelle 20 Minutes, propageant le feu sur les toits du monument.
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