Tag sur la statue de Colbert : la brigade anti-négrophobie attend des arguments "entendables" de la part de l’État
Le militant qui a tagué la statue de Colbert devant l'Assemblée nationale sera jugé le 14 août prochain devant le tribunal correctionnel. L’action est revendiquée par la brigade anti-négrophobie.
La statue de Colbert devant l'Assemblée nationale a été en partie recouverte mardi 23 juin de peinture rouge et d'une inscription : "Négrophobie d'Etat". Une action revendiquée par la "brigade anti-négrophobie" : ce mouvement antiraciste refait parler de lui dans le sillage des manifestations contre le racisme et les violences policières. Mais ce collectif milite contre le racisme anti-Noirs depuis les émeutes en banlieue de 2005. Sa page Facebook compte 45 000 abonnés.
Franco Lollia, leur porte-parole, est l’auteur du tag sur la statue de Colbert. Il a voulu, explique-t-il, ouvrir le débat sur ce ministre de Louis XIV considéré comme étant à l'origine du Code noir de 1685, texte qui a légiféré sur l'esclavage dans les colonies françaises.
Avant même de parler des déboulonnages, notre but ce serait de recontextualiser, de repositionner cette statue dans un endroit plus adapté.
Franco Lollia, porte-parole de la brigade anti-négrophobieà franceinfo
"On est ouvert au débat, assure Franco Lollia. Si M. Macron ou autre ont des arguments qui sont entendables, qui peuvent nous faire comprendre qu’il est nécessaire et utile de laisser quelqu’un qui a fait l’apologie et la culture même du crime de masse perpétré contre les Noirs, on écoutera. Mais s’il n’a pas de meilleurs arguments que les nôtres, on peut commencer à se poser des questions".
Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre et président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, avait demandé qu'on débaptise la salle Colbert de l'Assemblée nationale. "Il ne s’agit pas de porter un jugement, mais de connaître l’histoire, s’est-il défendu ce jeudi sur franceinfo. Je ne demande pas de supprimer sa statue et je ne demande pas d'effacer l'histoire. Je demande simplement qu'on explique toute l'histoire." Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, estime "absurde" de censurer l’histoire. Il se dit toutefois favorable à l’idée d’enrichir ces statues de plaques explicatives, sans pour autant renier le passé.
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