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Mavis Staples et Don Bryant : 2 légendes de la Soul qui ont fait fuir la pluie aux Nuits de Fourvière

La musique a gagné contre les éléments ce samedi 6 juillet aux Nuits de Fourvière à Lyon

Article rédigé par Jean-François Convert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
Mavis Staples et Don Bryant sur la scène de Fourvière (Lyon) le 6 juillet (Jean-François Convert)

"I can't stand the rain" a chanté Don Bryant en clôture d'une soirée marquée par les intempéries sur la région lyonnaise. Mais la mauvaise météo n'a pas empêché le public des Nuits de Fourvière de manifester son enthousiasme lors de cette nuit soul du samedi 6 juillet. Un show groovy et chaleureux qui, après JP Bimeni en première partie, a vu se produire deux sommités du genre : Mavis Staples et Don Bryant.

Un acalmie dans le ciel de Lyon le 6 juillet 2019 (Jean-François Convert)

1JP Bimeni : une entrée en matière sans détours

Avec JP Bimeni, autant dire qu’on est tout de suite entré dans le vif du sujet : un mélange de Sam Cooke et Otis Redding, qui a chauffé le théâtre antique, et réchauffé l’atmosphère quelque peu rafraichie par la pluie qui venait de débuter en fin d’après-midi. Ce natif du Burundi a échappé de peu à la mort lors de la guerre civile dans son pays, et s’est réfugié à Londres où il embrasse une carrière dans la lignée des grands noms de Motown ou Stax. Il s’est montré à la hauteur des 2 illustres légendes qui ont partagé la scène avec lui ce soir-là.

JP Bimeni sur la scène de Fourvière (Lyon) le 6 juillet (Jean-François Convert)

2Mavis Staples : l’autre grande dame de la Soul

Si la reine incontestée de ce genre musical reste bien évidemment Aretha Franklin, une deuxième chanteuse a porté la Soul au firmament, et a également œuvré pour une société plus juste : d’abord au sein du quintet familial The Staple Singers, puis en solo dès 1969, Mavis Staples a été une des figures du combat pour les droits civiques dans les années 60, chantant notamment pour Martin Luther King. Elle a collaboré avec les plus grands, de Ray Charles à Bob Dylan, en passant par Prince, et plus récemment Ben Harper qui a produit son dernier album.

Mavis Staples sur la scène de Fourvière (Lyon) le 6 juillet (Jean-François Convert)

Dès son entrée sur scène, ce petit bout de femme en impose avec une voix d’une puissance inversement proportionnelle à sa taille. De ses graves profonds et rugueux, elle harangue le public qui ne tarde pas à se déhancher sur un groove irrésistible, assuré par un trio rythmique impeccable : un bassiste stoïque et imperturbable tenant son instrument presque aussi bas que Paul Simonon des Clash, un batteur discret mais métronomique, et un guitariste tour à tour hargneux ou chaloupé, funky ou bluesy, tout en picking sur sa Telecaster. Deux choristes accompagnent la chanteuse, et tous les membres du groupe affichent un plaisir évident à jouer sur scène.

Mavis Staples et son groupe sur la scène de Fourvière (Lyon) le 6 juillet (Jean-François Convert)

Je ne comprends pas pourquoi on a mis tant d’années avant de venir à Lyon, mais maintenant on est là ! On est venu vous apporter des bonnes vibrations et du bonheur depuis Chicago !

I want you feel good !

Mavis Staples

Même après une carrière bien remplie (80 ans le 10 juillet), et alors qu’elle n’a plus rien à prouver, Mavis Staples n’en oublie pas pour autant ses convictions, et rappelle ce qui lui tient à cœur avec Respect yourself : "Pour gagner le respect, il faut d’abord se respecter soi-même" explique celle qui fut aussi une chantre du féminisme, tandis que le théâtre romain de Fourvière brille de mille feux.

Le public de Fourvière (Lyon) le 6 juillet (Jean-François Convert)

Mais les lumières venaient aussi du ciel, avec des éclairs impressionnants, et le retour de la pluie, sur la fin du show. Un set gorgé de soul, mais aussi de shuffle blues bien roots, et une couleur parfois presque rock, notamment sur le final, avant que Mavis Staples ne revienne sous les ovations, et emporte un coussin jeté sur scène, selon la tradition du festival.

La chanteuse a enchaîné les tubes, dont le manifeste antimilitariste For what it's worth (reprise de Stephen Stills / Buffalo Springfield), ainsi que Touch a hand, Make a friend, ou I'llTake you there. Seul petit regret : ne pas avoir entendu The Weight, morceau emblématique du groupe The Band, que les Staples Singers avaient repris dans The last Waltz, devant les caméras de Martin Scorsese.

Alors que le batteur démontait ses cymbales sur l’estrade emportée sur roulettes par les roadies, quelques spectateurs ont déserté les gradins, mais la plupart a choisi d’enfiler à nouveau les ponchos, en attendant la deuxième star de la soirée.

Le public de Fourvière (Lyon) le 6 juillet (Jean-François Convert)

3Don Bryant : une fraicheur intacte

De la même génération, Don Bryant n’en reste pas moins en pleine forme, comme il l’a prouvé encore une fois samedi soir. Si le public n'a pas manqué de danser sur I got to know, on peut attester que le chanteur septuagénaire a également emboité le pas !

Don Bryant sur la scène de Fourvière (Lyon) le 6 juillet (Jean-François Convert)

Que ce soit en faisant le clown imitant le saxo, ou demandant d’allumer le théâtre pour mieux voir le public et le pousser à participer, le chanteur de Memphis s’est montré plein de fougue et de fraicheur, avec des cris dignes d’un Ray Charles ou d’un Joe Cocker. Sa voix de velours a fait des merveilles sur le langoureux How do I get there ou sur A nickel and a nail qui a ouvert le show.

Don Bryant sur la scène de Fourvière (Lyon) le 6 juillet (Jean-François Convert)

Le jeter de coussins a été cette fois plus dense et plus fourni. Don Bryant s’en amuse, les musiciens esquivent, le batteur jongle avec, alors que le bassiste renvoie dans la foule. Le premier rappel voit le théâtre s’illuminer à nouveau pour un superbe slow, tandis que le chanteur monte dans les aigus avec une déconcertante facilité. Le deuxième rappel offre l’occasion à l’auteur du tube I can’t stand the rain, de parler de sa femme Ann Peebles qui a popularisé cette chanson. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce morceau était de circonstances ce samedi soir.

Don Bryant, avec son groupe les Bo-Keys, sur la scène de Fourvière (Lyon) le 6 juillet (Jean-François Convert)

Mais cette fois, l’orage a été définitivement chassé. La musique a vaincu par K.O, et si l’on a senti des grondements, ceux de l’orgue hammond ont couvert le tonnerre, et les éclairs de cuivres ont été bien plus forts que la foudre. Et alors que le théâtre s’est pratiquement vidé, Don Bryant est revenu sur scène dire une dernière fois au revoir à son public, et serrer les mains des derniers spectateurs. Une démonstration de grande humilité pour ce chanteur, et preuve que la musique soul est avant tout une histoire de cœur.

Site Officiel des Nuits de Fourvière

Site Officiel de Mavis Staples

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Page Facebook de JP Bimeni

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