Le Château d'Hérouville : "C'était la plaque tournante" du rock mondial, rappelle Laurent Jaoui, journaliste et écrivain
Elton John, David Bowie, Iggy Pop, Jacques Higelin... Les plus grandes stars du rock y ont trouvé l'inspiration. Et même les Bee Gees. Retour sur une période mythique.
Le Château d'Hérouville, "c'était la plaque tournante" du rock mondial, rappelle Laurent Jaoui. Le journaliste et écrivain revient, dimanche 27 juin au micro de franceinfo, sur ce lieu mythique situé dans le Val-d'Oise et sur lequel il a rédigé son livre paru aux éditions Le Castor Astral : Hérouville, le château hanté du rock. Dans les années 1970 et 1980, les plus grandes stars du rock s'y sont en effet retrouvées pour écrire, composer et enregistrer quelques-uns de leurs plus grands tubes.
franceinfo : Elton John fait partie de ces artistes qui ont adoré cet endroit, au point de lui consacrer le titre d'un de ses album : "Honky Château" !
Laurent Jaoui : Il a été totalement inspiré par le lieu. Il y enregistre trois albums, entre 1972 et 1974, complètement dingues. Il n'y a que des grands tubes, comme Rocket Man. Ça été l'âge d'or d'Elton John. Il est venu [au Château] avec ses amants. Son secrétaire, son chauffeur, son cuisinier. Et il changeait de compagnon à tour de rôle. Il est tombé sous le charme de cet endroit. Il en parle beaucoup autour de lui. Il fait un énorme bouche à oreille. Il adore le piano qui est installé dans le grand studio. Et il y reviendra même un peu plus tard, en 1976, pour répéter des concerts en vue d'un show au stade de Wembley. Il disait à tout le monde : "Aller à Hérouville, c'est là que ça se passe ! Le son, l'acoustique. C'est formidable !"
Autre chef-d'œuvre qu'on n'associe pas au Château d'Hérouville, c'est la chanson Stayin' Alive des Bee Gees.
Ça, c'est un accident de parcours. Quand les Bee Gees tapent à la porte du Château, les propriétaires, parmi lesquels le musicien Laurent Thibault, disent : "Ouais, bon... d'accord". Comme le groupe paye bien, il reste. Leur album sort et se vend à 40 millions d'exemplaires. Dans les deux ou trois mois qui ont suivi sa sortie, une quinzaine de groupes disco se présente au Château. Et aucun n'est accepté. Les propriétaires disent : "On veut rester rock". Donc, là, les Bee Gees, c'est un accident de parcours. Mais un joli accident de parcours.
Parmi les autres visiteurs d'Hérouville, il y a notamment Iggy Pop qui parle d'une femme dans sa chanson China Girl, qui est en fait, à l'époque, la compagne de Jacques Higelin.
Jacques Higelin vivait au Château. Lui, il a tellement aimé l'endroit, qu'il s'y est installé avec femme et enfants. Sa femme de l'époque est vietnamienne. Iggy Pop l'aperçoit dans le jardin du château. Et il tombe sous le charme. Elle l'inspire au point qu'elle en devient sa muse. Et il écrit China Girl, sortie en 1977 et immortalisée quelques années plus tard, en 1983, par David Bowie. Évidemment, Jacques Higelin n'a pas très bien pris cette histoire. Cela fait partie des rencontres un peu improbables qui avaient lieu au château, puisque plusieurs artistes enregistraient en même temps.
"Vous imaginez, le soir, dans la cuisine. Dans la salle à manger, les tables communes ? Vous pouviez retrouver David Bowie, Iggy Pop, Jacques Higelin."
Laurent Jaoui, journaliste et écrivainà franceinfo
C'était formidable, car on était dans l'échange total.
Pourquoi les chanteurs du monde entier ont-ils adoré cet endroit ?
C'était un château dans lequel ils pouvaient vivre à l'abri des regards, composer, enregistrer, s'amuser et décompresser, aussi. Les maisons de disques trouvaient l'endroit parfait : loin de Paris et de ses tentations. Loin des fans et de paparazzis. Et puis, les artistes étaient dans des conditions de créations de liberté totale, à une époque qui permettait d'aller très, très loin dans les possibilités.
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