Avec "Ultra Mono", les Anglais d'IDLES visent encore les sommets
Grande sensation rock de ces dernières années venue d'Angleterre, le groupe IDLES sort ce vendredi son très attendu nouveau disque, "Ultra Mono", enregistré en France aux studios de La Frette. Ou quand la rage est au service d'une cause bien plus grande.
Des notes de piano en ouverture du morceau Kill Them With Kindness, voici un changement de style bien étonnant pour IDLES... Non, évidemment les punks de Bristol ont quand même gardé la même ligne de conduite : jouer fort, plus que jamais peut-être, à en convoquer les souvenirs sales et méchants des Sex Pistols (sur Model Village).
Sauf que les cinq Anglais sont bien à part. Ils se posent, quitte à subir des procès en légitimité (de la part de leurs concurrents au royaume comme les Fat White Family ou les Sleaford Mods), en défenseurs des opprimés, en dénonciateurs du libéralisme. Une posture qui sied bien au rock anglais de ces dernières années, d'ailleurs. Leur chanteur Joe Talbot, à la sensibilité exacerbée, cite Le Caravage, Jackson Pollock, ou encore Monet : "Ils m’ont aidé à me comprendre un peu mieux, en me donnant des clés pour penser, et être moi-même".
La seule solution c’est d’aimer soi-même, de se montrer vulnérable, de permettre aux autres de se sentir en sécurité. C’est ça, la communauté.
Joe Talbot, chanteur du groupe IDLES
Et pour IDLES et leur leader, la célébrité récente a provoqué une sérieuse remise en question : "Ce disque est né du doute, en fait. Après les critiques élogieuses sur notre précédent album, on a réalisé que tout ça n’était qu’une distraction [...] Il s’agit de croire en soi, de se regarder dans le miroir et dire : 'Peu importe ce que disent tous ces connards, je suis une belle personne, je travaille dur et crois dur comme fer en tout ce que je raconte. Et je vais continuer'."
Avec trois albums en trois ans, dont le dernier Joy As An Act Of Resistance les a fait exploser médiatiquement, IDLES n'a pas de temps à perdre. Chez eux, la musique est un humanisme, le concert un défouloir intense. On les croit au bord de la dépression à ne plus pouvoir mettre un pied dans un tourbus ? "Oui, c’est étrange, mais bon ce n’est pas horrible non plus, on reste des privilégiés… Il y a des gens qui meurent, plein de musiciens qui perdent leur boulot, nous on n’a pas tout ce poids". Furieux et déglingués, mais sensibles et pleins d'empathie, voici les paradoxes punk d'un groupe décidément très attachant.
IDLES, Ultra Mono (Partisan Records). Album disponible.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.