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Jazz à La Villette 2022 : retour en force des Américains dans une programmation dense et variée

Privés d'Europe pendant la pandémie, les musiciens américains, traditionnellement très présents à Jazz à la Villette, retrouvent le festival du nord-est parisien ouvert mercredi 31 août. Jusqu'au 11 septembre, une scène émergente américaine, mais aussi française et européenne, côtoiera quelques légendes et valeurs sûres.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP - Annie Yanbekian (avec AFP)
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le tromboniste américain Fred Wesley (Fred Wesley)

Figurant parmi les piliers de Jazz à La Villette, les musiciens américains s'étaient quasiment éclipsés du célèbre festival du nord-est parisien pour cause de Covid-19. En cette rentrée 2022, ils font un retour en force dans la manifestation qui a débuté mercredi 31 août. "Les Américains ne pouvaient pas du tout venir, là d'un seul coup il y a quelque chose qui circule plus. On a retrouvé une configuration pré-Covid", se réjouit auprès de l'AFP Frank Piquard, programmateur du festival qui se déroulera jusqu'au 11 septembre.



Les artistes américains de l'édition 2022 viennent de La Nouvelle-Orléans, New York, Chicago, Los Angeles, des villes bastions du jazz dans le pays où cette musique est née il y a un peu plus d'un siècle. Ils incarnent les nouveaux courants d'une scène en pleine ébullition outre-Atlantique, avec de jeunes talents qui vont puiser leur inspiration dans le funk, le hip-hop ou les musiques électroniques et bousculent les codes du jazz. "On s'est dit que c'était peut-être le moment de miser sur la jeunesse, il y avait énormément de propositions de nouveaux projets", détaille Frank Piquard.

Parmi ces propositions qui ont eu le temps de s'épanouir pendant cette période confinée, figure DOMi & JD Beck, un duo de très jeunes musiciens interprète un jazz groove (10 septembre, Grande Halle). Autre duo, entre électro-pop et funk : Knower, unissant le batteur Louis Cole et la chanteuse Geneviève Artadi (4 septembre, Grande Halle). Ces duos viennent de Los Angeles.

La Nouvelle-Orléans délègue Tank and the Bangas, un "combo" qui interprète avec humour une musique rafraîchissante où se télescopent funk, hip hop, soul et jazz (1er septembre, Grande Halle).

La clarinettiste et multi-instrumentiste Angel Bat Dawid représentera l'école de Chicago avec un free jazz mystique dans la droite lignée de ses aînés initiateurs dans les années 60 du concept de "Great Black Music" (7 septembre, Cité de la musique).

Dialogues intergénérationnels

Ces jeunes musiciens reçoivent souvent la caution de leurs aînés. Le festival Jazz à La Villette a souhaité témoigner de ces liens tissés entre les générations. Cimafunk, jeune formation cubaine de funk-rap, dialoguera ainsi avec le tromboniste Fred Wesley, 79 ans, ancien membre des JB Horns, légendaire section de cuivres de James Brown au siècle dernier (1er septembre, Grande Halle).

Autre exemple de formation transgénérationnelle : Scary Goldings, un groupe funky-jazzy-soul vintage né sur la toile où cohabitent le guitariste John Scofield, 70 ans, qui travailla notamment avec Miles Davis, le quinquagénaire Larry Goldings à l'orgue et les trentenaires MonoNeon à la basse ou Louis Cole à la batterie (4 septembre, Grande Halle). Sans oublier que DOMi & JD Beck a été adoubé par le géant Herbie Hancock qui joue sur leur premier disque sorti récemment.

Parmi toutes ces découvertes, quelques légendes du jazz figurent également à l'affiche : Abdullah Ibrahim (6 septembre, Cité de la musique), Kenny Baron et Dave Holland (2 septembre, Philharmonie), ou Ravi Coltrane (11 septembre, Philharmonie).

Le pianiste Abdullah Ibrahim est l'un des derniers survivants de l'aventure du jazz sud-africain né dans les townships au début des années 1960, au temps de l'Apartheid. Seul au piano, il transportera son auditoire pour un de ces voyages dont il a le secret.

Hommages à Marvin Gaye, Dr John, Sakamoto...

Jazz à La Villette aime se référer à l'histoire de la soul music et du funk, à travers des hommages à ses héros. Après les beaux hommages rendus à Bill Withers par José James et à Prince par Jeanne Added en 2021, c'est au tour de Marvin Gaye d'être honoré.

En 1971, Marvin Gaye sort un album révolutionnaire : What's going on. Drogue, droits civiques, pauvreté, guerre du Vietnam, écologie... autant de thèmes qu'il y aborde, brisant son image d'interprète de romances. Les chansons de cet album mythique vont revivre grâce au Nu Civilisation Orchestra, une émanation de Tomorrow's Warriors, une sorte d'école de jazz très ouverte avec une grande mixité sociale installée à Londres. "Un projet qui a autant une dimension politique et sociale que purement artistique", souligne Frank Piquard (11 septembre, Grande Halle).

D'autres légendes de la musique doivent être honorées à Jazz à la Villette. Le saxophoniste Ravi Coltrane va explorer la musique de ses parents John et Alice (11 septembre). Le guitariste Matthis Pascaud et le chanteur Hugh Coltman se sont associés pour un projet musical autour de Dr John, légende de la Nouvelle-Orléans, une ville que Coltman a déjà célébrée en 2017 dans son disque Who's Happy ? (8 septembre, Grande Halle).



Enfin, Asynchrone, animé par le violoncelliste Clément Petit et l'ingénieur du son Frédéric Soulard, va visiter l'œuvre du compositeur japonais Ryūichi Sakamoto dans une création (4 septembre, Cité de la musique).

Le jazz français et européen bien présent

Pour continuer sur les participants français et européens, il faut souligner la présence des Britanniques de Kokoroko, groupe mâtiné d'afrobeat en pleine ascension sur la scène jazz européenne, à la soirée d'ouverture du festival (31 août, Grande Halle).



À découvrir aussi, le tromboniste Robinson Khoury qui présentera son deuxième album Broken Lines (2 septembre, Studio de l'Ermitage), le batteur italien Simone Prattico et ses invités de marque (1er septembre, Studio de l'Ermitage), la création Dress Code du flûtiste Jocelyn Mienniel et du pianiste Chassol (4 septembre, Cité de la musique), le saxophoniste Émile Parisien et son beau disque Louise (11 septembre, Philharmonie), le claviériste suisse Gauthier Toux (Studio de l'Ermitage, 8 septembre), le pianiste Cheick Tidiane Seck en solo (7 septembre, Cité de la musique), le projet O.U.R.S du violoniste Clément Janinet (8 septembre, Atelier du Plateau), sans oublier toute une programmation pour les jeunes...

Enfin, signalons la présence au festival du merveilleux trompettiste israélien Avishai Cohen qui viendra présenter son dernier album en date, Naked Truth (9 septembre, Cité de la musique), et du pianiste cubain Roberto Fonseca, fidèle de Jazz à la Villette (3 septembre, Grande Halle).

Jazz à La Villette, du 31 août au 11 septembre 2022 à Paris
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