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Le prix Nobel de littérature Abdulrazak Gurnah appelle à changer notre regard sur les réfugiés, "des gens talentueux et pleins d'énergie"

Le romancier tanzanien de 74 ans a été récompensé jeudi 7 octobre du prix Nobel de littérature "pour son traitement sans compromis et plein de compassion des effets du colonialisme et du sort du réfugié dans le fossé entre les cultures et les continents".

Article rédigé par franceinfo Culture
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Le romancier Abdulrazak Gurnah lors du Festival du livre d'Edimbourg (Ecosse), le 17 août 2017 (SIMONE PADOVANI/AWAKENING / GETTY IMAGES EUROPE)

Le romancier Abdulrazak Gurnah, lauréat jeudi du prestigieux prix Nobel de littérature 2021 décerné jeudi 7 octobre est né à Zanzibar et vit au Royaume-Uni. Ses oeuvres explorent l'empreinte du colonialisme et de l'immigration sur l'identité.

Lui-même exilé, il a appelé jeudi l'Europe à voir les réfugiés venus d'Afrique comme une richesse, en soulignant qu'ils ne venaient pas "les mains vides".

"Beaucoup de ces gens qui viennent, viennent par nécessité, et aussi franchement parce qu'ils ont quelque chose à donner. Ils ne viennent pas les mains vides", a affirmé l'écrivain dans une interview à la Fondation Nobel, appelant à changer de regard sur "des gens talentueux et pleins d'énergie".

"Ecrire de manière aussi vraie que possible"

Dans un article du quotidien britannique The Guardian, publié en 2004, Abdulrazak Gurnah expliquait avoir commencé à écrire à l'âge de 21 ans, peu après son installation en Angleterre. Il a déclaré être "tombé" dans l'écriture, sans l'avoir prévu. "J'ai commencé à écrire avec désinvolture, dans une certaine angoisse, sans aucune idée de plan mais pressé par le désir d'en dire plus", expliquait-il.

"Je veux simplement écrire de manière aussi vraie que possible, et essayer de dire quelque chose de noble", expliquait le romancier dans une interview donnée à Francfort en 2016.

Ses trois premiers romans, Memory of Departure (1987), Pilgrims Way (1988) et Dottie (1990), évoquent l'expérience des immigrants dans la société britannique contemporaine. Son quatrième roman, Paradis (1994, traduit en français aux éditions Denoël en 1997), se déroule dans l'Afrique de l'Est coloniale pendant la Première Guerre mondiale et avait été retenu dans la sélection du Booker Prize, prix littéraire britannique.

Admiring Silence (1996) raconte l'histoire d'un jeune homme qui quitte Zanzibar et émigre en Angleterre où il se marie et devient enseignant. Un retour dans son pays natal 20 ans plus tard trouble profondément son rapport à lui-même et à son mariage.

Des oeuvres "mélancoliques"

Pour l'universitaire Luca Prono, les oeuvres de Gurnah sont "dominées par les questions de l'identité et du déplacement et comment elles sont façonnées par l'héritage du colonialisme et de l'esclavage"

"Les récits de Gurnah reposent tous sur l'impact dévastateur que la migration vers un nouveau contexte géographique et social a sur l'identité de son personnage"

Luca Prono

sur le site du British Council

Près de la mer (2001), récompensé en 2007 par le prix littéraire RFI Témoin du monde, raconte l'histoire de Saleh Omar, un demandeur d'asile âgé vivant dans une ville balnéaire anglaise. "Enracinés dans l'histoire coloniale de l'Orient africain, bruissants de légendes swahilies, servis par une langue ensorceleuse, les récits de Gurnah naviguent entre le conte initiatique, l'exploration des douleurs de l'exil, l'introspection autobiographique et la méditation sur la condition humaine", écrivait en 2010 Abdourahman A. Waberi dans Le Monde diplomatique. Gurnah "nous offre des oeuvres mélancoliques, désenchantées et superbement incarnées", ajoutait-il, dans cette critique du livre Desertion, publié en France sous le nom Adieu Zanzibar.

Son roman le plus récent, Afterlives a été publié en 2020 et se penche sur la colonisation allemande en Afrique. "Voyager loin de chez soi offre de la distance et de la perspective, ainsi qu'un degré d'amplitude et de libération. Cela rend plus intenses les souvenirs, qui est l'arrière-pays de l'écrivain." écrivait Abdulrazak Gurnah dans le Guardian.

L'écrivain vit à Brighton, dans le sud-est de l'Angleterre et a enseigné la littérature à l'Université de Kent.

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