On vous présente le jeu vidéo "Palworld", ce "Pokémon avec des armes" qui bat tous les records et crée la polémique
A peine entamée, 2024 pourrait bien avoir trouvé son jeu vidéo de l'année. Palworld, jeu indépendant souvent présenté comme un "Pokémon avec des armes", pulvérise record sur record depuis sa sortie en accès anticipé, vendredi 19 janvier, sur PC et sur le Xbox Game Pass.
Un succès fulgurant dû à un savant mélange de mécaniques éprouvées par des prédécesseurs renommés comme Pokémon, Fortnite ou Ark : Survival Evolved. Un mélange un peu trop ressemblant aux originaux, estiment toutefois de nombreuses critiques.
Un cocktail à l'humour cynique
Le principe du jeu est classique : lâché dans un monde inconnu et hostile, vous devez récolter des ressources pour survivre et développer votre base. Pour vous aider dans votre aventure, vous pourrez capturer des "Pals", des animaux sauvages et souvent mignons aux capacités variées. Une fois domestiqués, vous pourrez les faire travailler pour vous, jusqu'à l'esclavagisme pur et simple – "ne vous en faites pas ; le droit du travail ne s'applique pas à ces créatures", plaisante le studio indépendant japonais Pocketpair sur la page Steam de son jeu.
Le jeu regorge de ces situations dérangeantes où d'adorables "Pals" se tirent dessus à coups de fusil d'assaut, servent eux-mêmes de munitions, ou sont dépecés pour servir de nourriture. C'est ce mélange assumé de Pokémon avec un humour plus adulte et irrévérencieux qui explique en partie le succès phénoménal du jeu : Palworld s'est ainsi vendu à plus de six millions d'exemplaires en à peine quatre jours. Une performance bien plus rapide que certaines des plus grosses productions récentes, comme Marvel's Spider-Man 2, qui a mis onze jours pour s'écouler à cinq millions d'exemplaires.
Surtout, il a rassemblé plus de 1,7 million de joueurs simultanément sur la plateforme Steam, devançant là aussi les jeux à gros budget comme Call of Duty, Hogwarts Legacy : L'héritage de Poudlard ou même Grand Theft Auto V. Un succès alimenté par des diffusions sur des réseaux comme Twitch, YouTube ou TikTok, auquel le studio n'était visiblement pas préparé. "Du fait du grand nombre de joueurs simultanés, les serveurs sont devenus instables", a expliqué Pocketpair dans une publication sur X (ex-Twitter) pour justifier les bugs signalés par certains joueurs.
Des inspirations trop évidentes ?
Mais beaucoup estiment que Palworld ne s'écarte pas assez des inspirations qu'il revendique. Au-delà des mécaniques de jeu, de nombreux internautes ont listé les similarités flagrantes entre les designs de certains spécimens de Palworld et des monstres de Nintendo, jusque dans la conception de leur modèle 3D.
Même si aucun modèle ne correspond à 100% à ceux de Nintendo, cette ressemblance a peu de chances d'être due au hasard, selon des concepteurs de jeux anonymes interrogés par le média spécialisé VideoGameChronicle. "Vous ne pouvez pas, d'aucune manière, obtenir accidentellement les mêmes proportions que de multiples modèles d'un autre jeu sans les copier. Ou au minimum, les décalquer méticuleusement", affirme l'un d'eux.
Cette fidélité au modèle n'est pas nouvelle pour le studio, comme l'ont relevé des internautes. Leur précédent titre, Craftopia, sorti en accès anticipé en 2020, partage de nombreux points communs avec le succès de Nintendo The Legend of Zelda : Breath of the Wild. Le studio a également annoncé un nouveau projet, Never Grave, prévu pour début 2024 et dont les graphismes et les mécaniques de jeu ressemblent énormément à un succès du jeu vidéo indépendant, Hollow Knight.
Pour autant, difficile de savoir si ces inspirations pourraient être juridiquement qualifiées de "plagiat". "Être simplement 'inspiré' par des designs existants, même en allant jusqu'à utiliser certaines de leurs règles (proportions, couleurs, courbes, taille des yeux, etc) n'est en général pas suffisant" pour prouver un plagiat, explique un avocat spécialisé à VideoGameChronicle.
Un passif avec les IA génératives
Le studio est en outre pointé du doigt pour son passif manifestement favorable aux intelligences artificielles génératives. Ces logiciels comme ChatGPT, Midjourney ou Stable Diffusion, qui peuvent créer des textes ou des images complexes sur commande en quelques instants, sont critiqués par de nombreux artistes qui y voient notamment une menace pour leurs revenus.
Pocketpair a placé ces technologies au centre d'un de ses jeux avec AI : Art Impostor, créé en novembre 2022, et dont le but est d'utiliser une IA générative pour créer une œuvre autour d'un thème donné. Certains vont jusqu'à accuser le studio d'avoir eu recours à l'IA générative pour concevoir les designs de ses "Pals", sans preuve concrète pour le moment.
Le réalisateur du jeu et dirigeant de Pocketpair n'a pas commenté les accusations concernant l'utilisation d'IA générative. Il a en revanche expliqué sur X que le studio recevait depuis plusieurs jours "des commentaires violents et diffamatoires contre nos artistes, en plus de tweets qui ressemblent à des menaces de mort", dont il réclame l'arrêt.
Il promet également avoir "passé des examens juridiques" pour éviter toute violation de la propriété intellectuelle, et assure que "pour le moment, aucune autre entreprise n'a entrepris d'action spécifique" à l'encontre de son studio, dans une interview accordée le 15 janvier au site Automaton. En revanche, un joueur qui avait conçu un mod pour remplacer les "Pals" par les Pokémon originels a dû retirer une vidéo de son projet sous la menace de Nintendo, rapporte le site spécialisé IGN. Reste à savoir si Palworld connaîtra le même sort ou poursuivra son ascension.
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