"Hogwarts Legacy, l’héritage de Poudlard" : un jeu vidéo Harry Potter envoûtant visé par des appels au boycott
Le très attendu jeu vidéo "Hogwarts Legacy : l’Héritage de Poudlard" sort vendredi 10 février. Dérivé de la mythique saga d'Harry Potter, il est l'un des événements vidéoludiques de cette année 2023. Néanmoins, les appels au boycott du jeu se multiplient en raison des positions considérées comme transphobes de J.K. Rowling.
Les "Potterheads" (fans d’Harry Potter) trépignent depuis des semaines. Vendredi 10 février, le nouveau né des studios Portkey Games et Warner Bros Interactive déploie ses ailes, en promettant de prolonger l’univers du sorcier à la cicatrice sur consoles next-gen, avant d’arriver au printemps sur Playstation 4 et Xbox One puis à l'été sur Nintendo Switch. Premier jeu en monde ouvert de la saga, après plusieurs dizaines d'adaptations en jeu vidéo depuis 2001, le projet place le fan au centre de sa propre histoire dans cette mythologie enchanteresse.
Un siècle avant qu’Harry Potter ne foule les parquets de Poudlard, le joueur plonge dans la peau d’un apprenti sorcier qui rentre exceptionnellement en 5e année à l’école de magie. Double pirouette scénaristique qui permet aux studios de s’émanciper du récit originel de J.K. Rowling (même si des noms de famille paraissent familiers) et de proposer un avatar déjà jeune adulte.
Un écolier un peu spécial donc, qui favorise toute l’aventure l’école buissonnière aux vieux bancs en bois du château. Il faut dire que son emploi du temps est chargé : votre personnage détient en effet la clé “d'un ancien secret qui menace de déchirer le monde des sorciers”. Vaste programme. Mais grand prétexte surtout à l’exploration du monde, à la découverte des sorts et à l’expérimentation de joutes magiques.
Un opus complet et envoûtant
L’introduction - comme pour rassurer les fans - rassemble à la louche quelques-uns des éléments emblématiques de l’univers. Les chariots grinçants de la Banque Gringotts, le Choixpeau magique un tantinet influençable, le magasin Ollivander et ses bois sculptés... Une chose est sûre : le récit s'inscrit clairement dans la lignée des livres et films estampillés Harry Potter, sans pour autant s’aventurer bien au-delà. Le scénario principal, d'une vingtaine d'heures, reste doucereux et prévisible.
Le véritable intérêt de l’opus réside dans sa capacité à allier immersion, ambiance et beauté visuelle. Poudlard, intimidant et dédaléen, fourmille de mystères et de saynètes qui rendent l’environnement cohérent. On ne peut s'empêcher de jeter un œil aux tableaux animés qui courent les parois avec curiosité. L’exploration du monde et l'impression de vie environnante rendent l'expérience du joueur organique. Côté action, les combats semblent confus de prime abord mais finissent par être assez jouissifs, permettant au joueur de combiner des sorts pour réaliser différents combos sur l'adversaire.
Néanmoins, l'ivresse passée après quelques heures de jeu, comme lors d'un tour de magie répété et répété, on commence à discerner le double fond. En vrac, le bestiaire opposé à notre avatar semble limité (les araignées seront vos pires ennemies) et des phases de dialogues en champ/contre champ n'en finissent pas. La personnalité de l'avatar principal paraît fade et sans aspérités (en comparaison à d'autres protagonistes plus caractérisés, professeurs patibulaires ou élèves excentriques), tout comme certaines missions secondaires.
Hogwarts Legacy, l'héritage de Poudlard se révèle globalement à la hauteur des attentes qu'il entretient depuis maintenant presque un an. Il ne brille pas vraiment par son scénario aux tropismes attendus mais par la richesse de son monde, par la qualité d'écriture de certains personnages et par ses mécaniques de gameplay qui sauront fédérer anciennes et nouvelles générations. On sent l'influence de certains géants du monde ouvert passés par là (par exemple les diverses énigmes à réaliser avec manipulation comme savait le faire The Legend of Zelda : Breath of the Wild).
Plusieurs appels au boycott
La sortie d'Hogwarts Legacy, l'héritage de Poudlard suscite de vives réactions. Les appels au boycott se multiplient en raison du lien avec J.K. Rowling, au cœur de controverses pour des propos transphobes.
"Il ne s'agit pas de savoir si ce jeu a du contenu répréhensible, mais de se dire que soutenir ce jeu valide en quelque sorte les positions très très douteuses" de l'autrice de Harry Potter, estime Will Overgard, un streamer connu sous le nom de "VikingBlonde". Ce dernier a réalisé une vidéo pour appeler à “ne pas soutenir” Hogwarts Legacy. Depuis que sa campagne promotionnelle bat son plein, des appels à ne pas contribuer à la fortune de l'écrivaine britannique par le versement de royalties liées au jeu ont fleuri en ligne. L'annonce récente qu'un personnage transgenre serait inclus dans l'aventure n'a pas apaisé les débats.
L’image de créatrice adulée par plusieurs générations de lecteurs a depuis quelques années été entachée par diverses accusations de transphobie à son encontre, cette dernière s’étant notamment opposée l'an dernier à une loi du Parlement écossais visant à faciliter la reconnaissance légale du changement de genre, autorisé dès 16 ans.
Des rédactions de presse spécialisées suivent l'initiative lancée. En France, le site de jeu vidéo Gamekult explique sur Twitter refuser de "donner un écho à une marque dont le poids économique et médiatique profite à une femme érigée en figure de proue d'un mouvement de haine".
Quelle influence ces revendications auront-elles sur les ventes d'Hogwarts Legacy ? Pour le streamer Will Overgard, ces appels n’auront que peu d’impact sur les chiffres. Le jeu, grâce aux préventes, figure déjà en tête des meilleures ventes de jeux vidéo sur la plateforme Steam. Néanmoins, selon Will Overgard, cela aura “permis de soulever le débat autour du titre”.
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