Covid-19 : quand le secteur culturel s'appuie sur la science pour préparer la réouverture des salles
La réouverture des lieux culturels est une préoccupation globale du monde de la culture, pour laquelle la science est venue en aide au secteur.
La question de la réouverture prochaine des lieux culturels en France revient cette semaine dans l’agenda politique avec notamment une mission d'information du Sénat qui a rendu public, mardi 13 avril, ses recommandations. Elle préconise une réouverture sur mesure des lieux culturels dès la fin du confinement. Ce même jour, le protocole de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), pour le concert-test prévu dans la capitale, doit normalement être étudié par les autorités.
Depuis le mois de février, une étude scientifique allemande est régulièrement citée par les acteurs culturels français. Elle démontre que les théâtres, opéras et musées sont les lieux publics les moins dangereux pour une transmission du coronavirus, dans le respect évidemment des consignes sanitaires. Il n’y a pas d’étude de même ampleur en France pour le moment, mais certains lieux de spectacles ont déjà travaillé de leur côté.
Modélisation informatique
C’est le cas de la Philharmonie de Paris, première à dégainer au mois de décembre, avec une modélisation 3D de sa grande salle Pierre Boulez signée Dassault Systèmes. L’étude a démontré que la circulation de l’air, aidée par la climatisation, en présence de spectateurs tous masqués et assis, y limiterait fortement le risque de contamination, même à jauge pleine. "Cette étude ne peut pas servir de valeur étalon national puisque toutes les salles sont différentes", indique Laurent Bayle, directeur de la Philharmonie.
"La bonne démarche serait que l'on classifie les salles et que l'on fasse autant d'études pour pouvoir avoir une vision mieux étayée sur le plan scientifique."
Laurent Bayleà franceinfo
La Philharmonie ne peut en effet pas servir de généralité. Il s’agit d’un bâtiment récent, inauguré en 2015, et tous n’ont pas cette chance ou la même architecture. Ce qui n’empêche pas la science d’apporter de plus en plus son expertise au monde culturel depuis le début de la pandémie. Constance Delaugerre est virologue à l’hôpital Saint-Louis à Paris, et coordinatrice du projet de concert-test prévu en mai à Bercy : "Ce qui nous manque, c'est de poursuivre l'ensemble de ces expérimentations dans des contextes différents et dans des salles de tailles différentes, pour pouvoir nourrir le débat et préparer finalement les périodes où l'incidence, le nombre de nouveaux cas, est acceptable pour rouvrir les lieux accueillant du public et en particulier les lieux culturels."
Une dimension sanitaire et sécuritaire
Ces dernières années, l’accueil du public dans les festivals, concerts, ou lieux culturels en général avait déjà beaucoup évolué pour devenir plus complexe. Depuis les attentats de 2015, la sécurité est devenue une donnée plus importante, à anticiper, organiser et budgétiser. Il faudra désormais également composer, pour les prochains mois voire années, avec une dimension sanitaire. "Imaginez si, devant votre événement, vous devez vérifier que tous les spectateurs soient bien enregistrés via l'appli TousAntiCovid, envisage Aurélie Hannedouche, déléguée générale du Syndicat des Musiques Actuelles. Cela va créer une énorme file d'attente devant votre salle de concerts ou devant le festival et là, la norme anti-attentat, elle n'est plus du tout satisfaite."
Et rappelons que pour les lieux culturels, quels qu’ils soient, la réouverture progressive est toujours prévue, selon le gouvernement, à partir de mi-mai.
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