Comment Mélenchon a gagné la présidentielle avec "Élisez-moi"
Des cartes, des questions et un peu de tactique : un jeu de société propose d'endosser les habits d'un candidat et de partir à la conquête du pouvoir. FTVi s'est prêté au jeu.
Vendredi 27 janvier, à l'heure du déjeuner, FTVi a accompli une performance : rassembler, dans sa rédaction, pas moins de six candidats à l'élection présidentielle. Autour de la table, François Hollande, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Hervé Morin, et un invité un peu particulier : Nicolas Sarkozy tenant à être président-jusqu'au-bout, c'est son prédécesseur, Jacques Chirac, qui s'est lancé dans la course. Vous l'aurez compris, six journalistes de FTVi ont testé Elisez-moi. Ce jeu de société, édité par Marabout, propose d'endosser les habits du candidat de son choix (parmi 21 actuels et anciens prétendants), et de partir à la conquête de l'Elysée. Le tout en moins d'une heure.
• Notre partie
Première épreuve : comprendre la règle du jeu. Si elle s'était jointe à nous, Martine Aubry aurait sans doute regretté qu'elle soit assez "floue". Les grandes lignes ? Un match en trois manches :
1) un premier tour où vous avez le choix entre faire monter votre cote de popularité ou faire descendre celle des autres, en fonction des cartes que vous piochez
2) un débat télévisé d'entre-deux-tours opposant les deux finalistes, et dans lequel votre culture politique est mise à l'épreuve
3) un second tour où, à l'aide des cartes piochées au hasard, vous tentez de gravir les marches du palais plus vite que votre adversaire.
Le premier tour : Si, comme nous, vous n'avez pas tout saisi, lancez-vous quand même, ça vaut le coup. Après un premier tour de chauffe, Jean-Luc Mélenchon abat deux de ses cartes piochées : "posant dans Paris-Match" et "faisant salle comble dans un meeting", le candidat du Front de gauche gagne des points. Eva Joly, elle, attaque François Hollande : "Ton projet n'est pas socialiste." Le candidat PS perd un point. Marine Le Pen propose d'instaurer des peines plancher pour les récidivistes, lance le slogan "La France, tu l'aimes ou tu la quittes", et s'installe bientôt en "leader sur les questions de sécurité". Ce qui lui fait gagner des points dans la course.
Ça grimpe, ça baisse, mais c'est finalement François Hollande qui se qualifie pour affronter Jean-Luc Mélenchon au second tour. Furibond, Jacques Chirac a beau dénoncer des fraudes du candidat socialiste, le jeu ne lui propose pas de saisir les autorités compétentes. L'ancien président rallie donc Jean-Luc Mélenchon tout comme Eva Joly et Marine Le Pen, tandis qu'Hervé Morin décide de soutenir le candidat du PS.
L'entre-deux-tours : Place au (trop bref) débat. Trois questions - une facile, une moyenne, et une difficile - pour chaque candidat : "Quel président fit abolir la peine de mort ?" ; "Sous le mandat de quel président le service militaire a-t-il été supprimé ?" ; "Qui a déclaré 'Bonne nuit les petits, faites de beaux rêves, Tonton veille sur vous' ?"...
Le second tour : Il est malheureusement joué d'avance : Mélenchon a reçu davantage de soutiens que Hollande. Le candidat socialiste a beau essayer de multiplier les "cartes malus" contre son adversaire, ce dernier a plus de pièces maîtresses dans ses mains. C'est ainsi : après une heure et demie de jeu (dont vingt bonnes minutes à comprendre la règle), Jean-Luc Mélenchon devient notre nouveau président !
• Notre verdict
Une fois que vous avez compris le fonctionnement du jeu, Elisez-moi devient assez amusant. Pas besoin d'être calé en politique : ce qu'il vous faut, c'est un peu de chance (pour tirer les bonnes cartes !) et de stratégie (pour savoir à quel moment vous devez faire grimper votre cote de popularité et faire baisser celle de vos concurrents). Ne vous attendez donc pas à un jeu de rôles ou de culture générale.
On a aimé :
- La première partie du jeu, où il faut être sans pitié avec vos adversaires... tout en les ménageant pour qu'ils acceptent de vous rallier au second tour
- Le fait de ne pas avoir besoin d'être passé par Sciences Po et l'ENA pour devenir président
- Le contenu des cartes et du livret de jeu, qui permet de se remémorer quelques propositions et phrases marquantes de la Ve République
- Le fait de se dire que la prochaine partie sera vraiment amusante
- Le design de la boîte et des cartes
- Le prix : 15,90 euros
On n'a pas aimé :
- La règle du jeu, qui aurait vraiment pu être aussi simple que le jeu lui-même
- La prise en main pas évidente, en raison des multiples logos, types de cartes, etc.
- Le quiz d'entre-deux-tours, qui ne comporte que trois questions par candidat
- Le second tour, trop redondant avec le premier
- Le fait de ne jamais avoir à se mettre en scène et à argumenter pour convaincre ses adversaires quand on s'attend à un jeu de rôles
- Le très petit nombre de questions de culture politique quand on s'attend à un jeu de culture générale
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