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Mort de Silvio Berlusconi : Paolo Sorrentino, Nanni Moretti… quand le "Cavaliere" devient un personnage de cinéma

L'entrepreneur et homme politique italien Silvio Berlusconi est décédé à 86 ans des suites d’une leucémie. A la tête du gouvernement transalpin pendant 9 ans, également patron d’un empire médiatique, le "Cavaliere" est devenu personnage de fiction sous la direction grands cinéastes comme Nanni Moretti et Paolo Sorrentino.
Article rédigé par franceinfo Culture
France Télévisions - Rédaction Culture
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Toni Servillo dans le rôle de Silvio Berlusconi dans "Silvio et les autres" de Paolo Sorrentino (2018) (Gianni Fiorito)

Il a commencé sa carrière sous les projecteurs. Avant d'être un riche entrepreneur, puis chef de gouvernement italien, Silvio Berlusconi chantait sur des croisières. Animateur et vendeur hors pair, il construira un empire dans les médias, le bâtiment et le sport. Il entre en politique au début des années 1990, avec la création de son parti de centre-droit, Forza Italia. Silvio Berlusconi, mort à 86 ans des suites d'une leucémie, a marqué l'histoire de l'Italie.

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Sa personnalité divise et de nombreux scandales entachent sa carrière politique. Silvio Berlusconi fascine, même au-delà de la Péninsule. Des cinéastes renommés, comme Nanni Moretti ou Paolo Sorrentino, s'empareront du personnage pour le porter sur grand écran, sans manquer de critiquer ses débordements.

1"Le Caiman (Il Caimano)", de Nanni Moretti (2006) : pas facile de faire un film sur Berlusconi !

Le Caiman nous narre l’histoire d’un producteur de films à petits budgets, Bruno, en faillite sur le plan professionnel comme personnel. Il retrouve l’espoir lorsqu’il rencontre une jeune réalisatrice, Teresa, et son projet de film Le Caiman. Bruno accepte avec enthousiasme ce qu’il pense être un thriller financier avant de lire attentivement le scénario et d’y déceler… une fiction biographique sur Silvio Berlusconi. Le film est une charge contre l’homme politique, ce qui déplaît aux diffuseurs. Mais Bruno s’est déjà engagé et devra défendre ce projet coûte que coûte.

Parallèlement aux déboires de Bruno, le spectateur découvre le scénario du Caiman, qui expose sous un jour sombre l’ascension de Berlusconi sur la scène médiatique et politique, sur fond de populisme et d’affaires financières. Pour la scène finale, la seule que Bruno réussit à faire tourner, Nanni Moretti endosse lui-même le costume de Berlusconi, condamné par un tribunal, se faisant applaudir par la foule.

Le film a été présenté en sélection officielle du Festival de Cannes en 2006. A l’affiche, on trouve d’ailleurs le réalisateur Paolo Sorrentino (il joue le mari d'Aidra dans le film Cataractes). Ce dernier s’intéressera également au "berlusconisme" avec Silvio et les autres.

 

2"Silvio et les autres", de Paolo Sorrentino (2018) : politique, strass et paillettes

Dans ce film du réalisateur de La Grande Bellezza, Berlusconi (incarné par la star des acteurs italiens d'aujourd'hui Toni Servillo) arrive à la fin de son règne. La deuxième moitié des années 2000, avant la démission du chef d’Etat, est marquée par les scandales des soirées "bunga bunga", parties fines que Berlusconi organisait dans ses villas. "Je n'ai pas voulu signer une enquête sur Silvio Berlusconi, je me suis centré sur les années 2006-2010, qui ont été marquées par une explosion de vitalité et de vulgarité", expliquait Paolo Sorrentino au Parisien. Silvio et les autres multiplie les scènes de fête, où strass et paillettes tentent de masquer la vacuité. Le réalisateur s’emploie à dresser le portrait d’un homme qui fascine, insaisissable, mais paradoxalement de plus en plus isolé dans sa tour d’ivoire.

 

3"Draquila", de Sabina Guzzanti (2010) : un documentaire à charge sur la gestion du tremblement de terre à L’Aquila

En 2009, l’Italie tremble. Un séisme de magnitude 6,2 frappe le centre de la Péninsule, faisant près de 300 morts. Un an après le drame, la journaliste Sabina Guzzanti signe un documentaire au vitriol, fustigeant la gestion de la crise par le chef de gouvernement de l’époque : Silvio Berlusconi. La réalisatrice, farouche opposante du Cavaliere, dénonce notamment la privatisation de la protection civile, chargée de gérer les situations de catastrophe. Pour Sabrina Guzzanti, le tremblement de terre est aussi l’occasion pour l’homme politique de redorer son image ternie par les scandales.

Le documentaire est présenté hors compétition au Festival de Cannes en 2010, entraînant un boycott de la Croisette par le gouvernement italien. Le film est reçu de manière ambivalente par la critique.

Bonus : "Berlusconi, le roi Silvio", un documentaire qui retrace l’ascension du "Cavaliere"

Ce documentaire réalisé par Amenta Marco revient sur l’ascension fulgurante de Berlusconi. "A travers les faits, mais aussi le témoignage d'hommes politiques et de personnalités proches du Cavaliere, retour sur vingt années de berlusconisme triomphant, un savant mélange, typiquement italien, d'innovation et de conservatisme, de populisme et de libéralisme économique". 

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