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Les réalisateurs français dénoncent l'appel au boycott de "Mignonnes"

Face aux conservateurs américains qui accusent "Mignonnes" d'hypersexualiser des enfants et qui appellent au boycott du film, le milieu du cinéma français défend la liberté de création.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le film "Mighonnes", de Maimouna Doucouré (© BIEN OU BIEN PRODUCTIONS 2018)

L'appel au boycott du film français Mignonnes sur Netflix aux Etats-Unis est "une grave attaque contre la liberté de création", a jugé mardi l'ARP, structure qui représente les auteurs, réalisateurs et producteurs hexagonaux.

Ce film est accusé par des milliers d'internautes américains et par la droite américaine de sexualiser les enfants qui en sont les héroïnes. Sa réalisatrice, Maïmouna Doucouré, et Netflix soulignent à l'inverse que le propos du film est justement de dénoncer la sexualisation des enfants.

"Ce film produit en France, puis acheté par Netflix pour sa diffusion aux Etats-Unis, est emblématique de l'indispensable liberté d'expression dont le cinéma, dans toute sa diversité, a besoin pour aborder des sujets dérangeants, donc nécessaires à l'exercice de la démocratie", a estimé l'ARP (Auteurs, Réalisateurs, Producteurs) dans un communiqué.

Des élus républicains montent au créneau

"A l'heure où les plus conservateurs des Américains demandent le boycott du film Mignonnes, nous tenons à apporter notre soutien à Maïmouna Doucouré, sa réalisatrice, qui a obtenu le prix de la meilleure réalisation au festival de Sundance", ajoute l'ARP.

Une première vague de critiques, en août, avait amené Netflix à retirer un visuel utilisé pour promouvoir le film, sorti en salles mi-août en France, avant d'être mis en ligne aux Etats-Unis le 9 septembre sous le titre Cuties.

Si les attaques sont venues de tous types d'internautes aux Etats-Unis, y compris à gauche, le sujet a rassemblé de nombreux conservateurs américains, parmi des membres du parti républicain. Ces dernières heures, des personnalités parmi les plus en vue du parti sont montés au créneau. Le sénateur Ted Cruz, qui n'a pas vu le film, a appelé le ministère de la Justice à enquêter sur de possibles infractions aux lois protégeant les mineurs. L'élu à la Chambre des représentants Jim Banks a estimé, sur la chaîne Fox News, que le temps n'était plus à l'enquête et que "Netflix devrait être poursuivi" en justice.

Maïmouna Doucouré : "Nous menons le même combat"

"La polémique a commencé avec l'affiche... Le plus important, c'est de regarder le film et de comprendre que nous menons le même combat", a de son côté déclaré Maïmouna Doucouré, dont les propos, tenus lors d'une table ronde vidéo sur les jeunes réalisateurs, ont été cités lundi par le magazine américain Variety.

Le film, qui a reçu un prix de réalisation au prestigieux festival américain de Sundance, évoque l'histoire d'Amy, Parisienne de 11 ans, qui doit jongler entre les règles strictes de sa famille sénégalaise et la tyrannie de l'apparence et des réseaux sociaux, qui joue à plein chez les enfants de son âge. Elle intègre un groupe de danse formé par trois autres filles de son quartier, dont les chorégraphies sont parfois suggestives, à l'instar de celles de beaucoup de stars de la pop actuelle.

Mais selon le cabinet YipitData, les désabonnements à Netflix ont augmenté après la mise en ligne de Mignonnes et atteint, samedi, huit fois la moyenne quotidienne enregistrée en août.

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