Netflix fait l'objet d'un appel au boycott sur les réseaux sociaux après la mise en ligne du film français "Mignonnes"
Des milliers d'internautes ont appelé jeudi 10 septembre, via les réseaux sociaux, à boycotter la firme audiovisuelle accusée d'avoir mis en ligne le film français "Mignonnes", qui sexualise, selon eux, les jeunes héroïnes de ce long métrage.
Plus de 200.000 tweets ont utilisé le mot-clé #CancelNetflix (supprimer Netflix) jeudi 10 septembre, ce qui en a fait, un temps, le premier "hashtag" mondial sur Twitter.
Au mois d'août, une première vague de critiques, en août, avait amené Netflix à retirer un visuel utilisé pour promouvoir le film Mignonnes, intitulé Cuties en anglais et qui est sorti en salle mi-août en France, avant d'être mis en ligne aux États-Unis mercredi. La plateforme avait aussi présenté ses excuses pour avoir utilisé ce visuel "inapproprié", selon elle.
Les conservateurs américains en première ligne de l'appel au boycott
Si les attaques sont venues de tous types d'internautes jeudi, y compris à gauche, le sujet a incontestablement rassemblé de nombreux conservateurs américains, parmi des membres du parti républicain dont certains sont candidats au Congrès.
"La pornographie juvénile est illégale en Amérique", a tweeté DeAnna Lorraine, qui fut candidate républicaine en Californie pour un siège à la Chambre des représentants.
Child pornography is illegal in America. #CancelNetflix
— DeAnna Lorraine (@DeAnna4Congress) September 10, 2020
"En tant que mère d'une fille de 8 ans, je soutiens fermement #CancelNetflix", a renchéri Beatrice Cardenas, elle aussi républicaine de Californie. Le film, qui a reçu un prix de réalisation au prestigieux festival américain de Sundance, évoque l'histoire d'Amy, Parisienne de 11 ans, qui doit jongler entre les règles strictes de sa famille sénégalaise et la tyrannie de l'apparence et des réseaux sociaux, qui joue à plein chez les enfants de son âge.
Elle intègre un groupe de danse formé par trois autres filles de son quartier, dont les chorégraphies sont parfois suggestives, à l'instar de celles de beaucoup de stars de la pop actuelle.
Certains ont utilisé le mot-clé #SaveTheChildren (sauvez les enfants), qui correspondait, initialement, à une vraie campagne de charité pour l'organisation Save The Children mais a été récupéré par les complotistes du mouvement QAnon. Cette théorie, populaire au sein de l'extrême droite et dont aucun élément n'a jamais été démontré, veut notamment que des célébrités, de gauche pour la plupart, aient organisé un vaste réseau pédophile que Donald Trump aurait pour mission de démanteler.
Le film est "contre la sexualisation des enfants", se défend Netflix
Face à ce torrent de critiques, ils ont été quelques-uns jeudi à monter au créneau pour défendre le film, parmi eux la comédienne américaine Tessa Thompson (Creed, Avengers : Endgame), qui l'a trouvé "magnifique". Sur Twitter, elle a écrit : "Il permet à une nouvelle voix de s'exprimer", en référence à la réalisatrice Maïmouna Doucouré, qui "puise dans son expérience". "Je suis déçue par le discours actuel" qui critique le film, a-t-elle ajouté.
#CUTIES is a beautiful film. It gutted me at @sundancefest. It introduces a fresh voice at the helm. She’s a French Senegalese Black woman mining her experiences. The film comments on the hyper-sexualization of preadolescent girls. Disappointed to see the current discourse.
— Tessa Thompson (@TessaThompson_x) August 20, 2020
"Cuties est une chronique sociale contre la sexualisation des jeunes enfants", a commenté à l'AFP une porte-parole de Netflix. Le film évoque "la pression à laquelle font face les jeunes filles, dictée par les réseaux sociaux et la société en général", a-t-elle ajouté. "Nous encourageons tous ceux qui se sentent concernés par ces problématiques à visionner le film."
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