Cinéma : entre scènes de nu et consentement, les "coordinateurs d'intimité" veillent au respect des comédiens lors des tournages

Depuis quelques années, ce nouveau métier s'invite sur les plateaux de tournage pour s'assurer que les scènes intimes sont discutées et consenties par les comédiens. De quoi faire changer certains comportements.
Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Illustration (MAXPPP)

Depuis cinq ans, le collectif 50/50 milite pour plus de parité et de diversité dans les métiers du cinéma en France. Lors de ses assises, lundi 11 décembre, il s'est notamment penché sur la profession de "coordinateur d'intimité", un métier encore confidentiel, mais qui gagne en notoriété et en légitimité. 

Le coordinateur d'intimité intervient sur les plateaux de tournage pour s'assurer que les scènes intimes, de sexe ou de nu, font l'objet de discussions préalables et d'un consentement de la part des comédiens. Monia Aït El Hadj fait ce métier depuis quelques années, surtout pour des productions anglo-saxonnes tournées en France. Longtemps seule, elle a vu arriver récemment d'autres coordinatrices. Elle est plutôt satisfaite, même si le chemin est encore long, reconnaît-elle. "Aujourd'hui, je travaille mais j'ai une de mes collègues qui vient de terminer sa formation et travaille très peu. Après, il y a aussi beaucoup de méconnaissance : de gens ne savent même pas ce que c'est que la coordination d'intimité et puis d'autres n'ont pas spécialement envie qu'on questionne leur manière de travailler."

Le rapport du réalisateur avec le corps des comédiens

Si dans d'autres pays cette activité est devenue habituelle, les réticences persistent chez nous, notamment pour des a priori sur un supposé puritanisme. La réalisatrice française Mia Hansen-Love a ainsi parlé au printemps de "police de la vertu".

L'assistante de réalisation Marine Longuet, administratrice du collectif 50/50, reconnaît pourtant que ces scènes intimes loin d'être anodines pour des comédiens, et surtout des comédiennes, ne sont souvent pas suffisamment préparées : "Il y a aussi une lacune parce que ce sont des choses que l'on a très peu questionnées parce qu'on a considéré que ça faisait partie d'une chasse gardée ce rapport que pouvait avoir le réalisateur avec le corps des comédiens. C'est totalement hors de propos puisqu'un film est un travail collaboratif."

"En fait, il faut sortir l'intimité d'une espèce de face-à-face parfois toxique entre quelqu'un qui réalise et quelqu'un qui jouerait."

Marine Longuet

à franceinfo


S'il est beaucoup question, ces jours-ci, des agissements de Gérard Depardieu sur les plateaux, avec des accusations allant de propos obscènes à des agressions sexuelles caractérisées, la coordination d'intimité ne doit pas être confondue avec l'activité de référent sur les violences sexuelles et sexiste.

Mais pour Marine Longue, le fait que tout cela existe doit contribuer à créer - dans la foulée du mouvement #MeToo - un nouveau cadre de travail plus sain et sécurisé. "Dans une société dans laquelle on parle des agressions, on parle de sexualité, la parole est libérée. Et la coordination d'intimité amène les gens à réfléchir. Quand on réfléchit, quand on est éclairé, en général, on respecte le droit du travail et le droit des personnes, l'intégrité et le consentement", fait-elle remarquer.

Enfin, sur un plan plus formel et cinématographique, plusieurs intervenantes considèrent que réfléchir à ces scènes intimes doit aussi permettre de les représenter autrement à l'écran que selon une vision un peu datée aujourd'hui. 

Les "coordinateurs d'intimité" veillent au respect des comédiens lors des tournages : le reportage de Matteu Maestracci

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