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Vidéo Être réalisatrice en Afrique, une tâche complexe

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Durée de la vidéo : 2 min
Les réalisatrices Zamo Mkhwanazi, Aida Elkashef, Laïla Marrakchi, Rim Mejdi, Yasmine Benkiran et Karima Saidi racontent les difficultés auxquelles elles ont à faire face au quotidien.
VIDEO. Les difficultés d'être une femme réalisatrice en Afrique Les réalisatrices Zamo Mkhwanazi, Aida Elkashef, Laïla Marrakchi, Rim Mejdi, Yasmine Benkiran et Karima Saidi racontent les difficultés auxquelles elles ont à faire face au quotidien. (BRUT)
Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Qu'elles soient marocaines, sud-africaines ou égyptiennes, toutes ont le point commun d'avoir choisi de consacrer leur vie au cinéma. Brut a rencontré six réalisatrices au festival du film de Marrakech qui expliquent pourquoi il est si difficile d'être une femme réalisatrice en Afrique.

Il y a un peu plus d'un an, le producteur star d'Hollywood Harvey Weinstein était accusé de harcèlement sexuel par plusieurs femmes de l'industrie du cinéma. Un scandale qui avait abouti à un mouvement féministe mondial sans précédent et qui avait permis à des millions de femmes d'élever leur voix pour dénoncer les trop nombreux cas de harcèlement dont elles étaient victimes et plus généralement leur condition inférieure à celles des hommes. Si dans le monde du cinéma la place des femmes semble avoir évolué depuis, c'est pourtant loin d'être le cas en Afrique, comme en témoigne Aida Elkashef, réalisatrice égyptienne : "Être réalisatrice signifie être le chef la plupart du temps. Et beaucoup de gens n’aiment pas recevoir d’ordres de la part des femmes." Laïla Marrakchi pointe quant à elle les nombreuses interdictions auxquelles sont confrontées les femmes africaines. Elle estime notamment que "le fait d'être une femme, en fait, plus généralement que réalisatrice est un problème parce que je n'ai pas forcément accès à la rue et certaines choses en tant que femme."

Démonter les clichés

Pour elles, il est aujourd'hui nécéssaire de déconstruire certains préjugés qui gravitent autour de la condition des réalisatrices. "Je n'essaie pas de faire du militantisme", témoigne Rim Mejdi, réalisatrice marocaine. "Mais de raconter des histoires qui me touchent et que je pense importantes. Surtout venant du Maghreb, on attend toujours de toi les mêmes films […] Parce qu'on est une femme maghrébine, forcément on va parler de femmes voilées […] de femmes soumises qu'il faut libérer. Et je pense que c'est totalement inapproprié." Même constat pour Yasmine Benkiran, réalisatrice marocaine. Selon elle, être une femme maghrébine ne doit pas être la quintessence d'un personnage. "Non, mon personnage peut être une femme et autre chose qu'une femme en fait […] et ça serait bien qu'on arrive à un point où on ne dise pas : ‘c'est un beau personnage féminin, c'est un portrait merveilleux’, non c'est un personnage et puis basta."

"Osez, essayez, fabriquez, créez. Il faut y aller"

Aujourd'hui, les six cinéastes ont un message à faire passer aux jeunes réalisatrices. Rim Mejdi appelle à "ne pas se faire dicter ce qu'on doit dire, ce qu'on ne doit pas dire." "Osez, essayez, fabriquez, créez. Il faut y aller, il ne faut pas lâcher l'affaire", conseille Karima Saidi, réalisatrice marocaine. Aida Elkachef estime pour sa part que "ça demande plus d'efforts aux femmes mais ça vous donne confiance en vous, dans plein d'autres domaines de votre vie."

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