: Vidéo Comment la défense d'Harvey Weinstein neutralise les avocats des plaignantes
Il risque la perpétuité, mais le procès Weinstein est loin d'être joué d'avance. C'est que la défense du producteur accusé de multiples viols est redoutable. De nombreuses plaintes n'aboutissent pas, explique à "Complément d'enquête" l'avocat de la toute première plaignante.
Son procès a été reporté en septembre 2019. L'image de son arrestation a fait le tour du monde : l'empereur du cinéma menotté face aux juges. C'était en mai 2018. Alors que près d'une centaine de femmes disent avoir subi ses assauts, pourquoi, un an après sa mise en examen, ne reste-t-il plus que deux plaintes dans le dossier d'accusation pour viols et agressions sexuelles du producteur Harvey Weinstein ? Le 23 mai 2019, "Complément d'enquête" fait le récit d'une contre-attaque.
Un cas "très convaincant"... mais retiré du dossier
Paz de la Huerta est une jeune actrice qui accuse le producteur de deux viols en 2010. Un cas très convaincant, ont déclaré en conférence de presse le maire de New York et le responsable de la police. Le dossier est solide, les éléments sont là, explique à "Complément d'enquête" l'avocat de l'actrice, Aaron Filler.
Sept ans après les faits, Paz de la Huerta, qui raconte être tombée dans l'alcool et la dépression après le viol, croit voir la fin de son cauchemar. "Mais ensuite, poursuit Aaron Filler, Weinstein et son équipe ont commencé à s'intéresser à son cas, à saper la confiance du procureur, jusqu'à ce qu'il retire ma cliente du dossier." Sans plus d'explications, le cas de Paz n'est pas retenu pour le procès.
Une défense très offensive
Paz de la Huerta n'est pas la seule à qui cette mésaventure est arrivée. En octobre 2018, Benjamin Brafman, qui a assuré la défense de Weinstein jusqu'en janvier 2019, a fait tomber tout un pan du dossier en mettant en cause l'impartialité d'un policier chargé de l'enquête. La défense ne compte pas s'arrêter là, réclamant l'annulation de tous les chefs d'accusation.
Des procureurs très prudents
Selon Aaron Filler, la prudence des procureurs et leur hésitation à renvoyer un cas devant la Cour s'expliquent par des raisons politiques. Dans le système judiciaire américain, ils sont élus... et perdre un procès compromet les chances d'être réélu. "Ce système de filtrage est trop sévère ici, critique-t-il. Nos tribunaux ne peuvent pas résister à un accusé aussi offensif qu'Harvey Weinstein, qui mobilise des moyens colossaux pour terrasser les plaignantes et neutraliser leurs avocats."
Extrait de "Weinstein, la contre-attaque", un reportage à voir dans "Complément d'enquête" le 23 mai 2019.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.