"Olympisme : une histoire du monde 1896-2024" : l’incontournable exposition du Palais de la Porte dorée sur les JO

L’exposition retrace 130 ans de conflits politiques, de mouvements sociaux, de luttes, de féminisme… Histoire, géopolitique et parcours individuels sont au cœur de cet évènement indispensable.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Tommie Smith et John Carlos, médaillés d'or et de bronze au 200 mètres aux Jeux olympiques de 1968, tête baissée et les poings gantés de noir levés pour protester contre la situation des Noirs aux Etats-Unis. . (BETTMANN / BETTMANN)

Voyage fourmillant de destins individuels, d’anecdotes, cette exposition présente aussi les bouleversements de l’Histoire. Pour les néophytes curieux comme pour les personnes intéressées par les JO, l’Histoire et la géopolitique, rendez-vous au Palais de la Porte Dorée pour un parcours passionnant et ludique.

L’ambition affichée : "raconter l’histoire du monde, une autre histoire du monde, à travers la saga des Jeux Olympiques d’été, depuis ceux d’Athènes en 1896 jusqu’aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris en 2024". L’exposition retrace en effet 130 ans de conflits politiques, de mouvements sociaux, de luttes, de féminisme, etc.

Soubresauts de l'Histoire

Le visiteur peut ainsi découvrir la caisse de résonnance politique que sont les JO pour de nombreux pays organisateurs et participants. Parmi les faits les plus marquants : les Jeux de 1936 de Berlin qui ont vu Adolf Hitler refuser de serrer la main à l’athlète afro-américain Jesse Owens après sa victoire aux 100 mètres.

Le sportif aux quatre médailles était aussi ignoré dans son propre pays. Le président Franklin Roosevelt, pour ne pas fâcher l’électorat ségrégationniste, a reçu à la Maison-Blanche tous les athlètes blancs de retour de Berlin, mais aucun Noir. Jesse Owens n’a même pas été félicité par le président américain. En revanche, les autorités américaines étaient bien heureuses de comptabiliser ses médailles dans le tableau final.

Johnny Weissmuller, apatride, a emprunté les papiers de son frère pour se rendre à Paris en 1924. (CYRIL ZANNETTACCI)

Cette exposition nous fait (re)redécouvrir les évènements majeurs qui ont marqué l’Histoire mais aussi des histoires personnelles poignantes au-delà des exploits purement sportifs. Comme celle de Johnny Weissmuller, qui a émigré de l’Europe de l’Est aux États-Unis et qui, devenu apatride, a emprunté les papiers de son frère pour se rendre en compétition à Paris, où il remporte en 1924 quatre médailles dont trois en or en natation.

Grâce à ses succès, il devient pleinement américain et une star d’Hollywood, incarnant Tarzan dans douze films. Parmi les autres personnages marquants : Alice Milliat : pionnière du féminisme et sportive accomplie qui, devant le refus du CIO d’admettre les femmes dans toutes les disciplines des Jeux, organise des Jeux olympiques féminins à Paris en 1922.

Au-delà de l’exploit sportif

L’olympisme est aussi altérité. "Célébration de la diversité et du brassage, hommage aux personnes qui ont lutté pour plus d’égalité, l’exposition est aussi l’occasion de remettre en lumière les croisements entre sport et immigration, et de redécouvrir des grands sportifs immigrés qui furent parfois les premiers à apporter des médailles olympiques à leurs pays d’adoption", précise Constance Rivière, directrice générale du Palais de la Porte Dorée.

Pendant quatre mois, les visiteurs ont accès aux 600 objets, films et photos documents d’époque, dont notamment le maillot avec lequel Alain Mimoun a remporté le marathon des Jeux olympiques d'été de 1956 à Melbourne ou encore la robe de la tenniswoman Suzanne Lenglen. 

Alain Mimoun lors du marathon des Jeux Olympiques de Melbourne, en décembre 1956. (AGENCE DOCPIX IMAGES)

Cette exposition, qui propose aussi des activités pour les enfants, aborde le futur des Jeux olympiques : comment seront traités par le Comité olympique international (CIO) les questions des droits de l’homme, de l’écologie et de la démocratie ?

Un bémol : la scénographie. A l’entrée, les lieux sont trop étroits. Très dense, le parcours présente de nombreux textes, mais laisse peu de place à l’interactivité. Olympisme : une histoire du monde 1896-2024, une exposition intelligente qui nous ouvre au monde et à l’Histoire. Indispensable.  

Affiche de l'exposition "Olympisme : une histoire du monde 1896-2024". (Jesse Owens™ owned and licensed by the Jesse Owens Trust, c/o Luminary Group, www.JesseOwens.com)

Fiche 

Lieu : Palais de la Porte Dorée, 293, avenue Daumesnil, 75012 Paris

Dates et horaires : jusqu'au 8 septembre 2024

Du mardi au vendredi, de 10h à 17h30

Samedi et dimanche de 10h à 19h

Fermé le lundi

Billet et réservation :  Plein tarif : 10 €,  tarif réduit : 7 €

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