: Vidéo Qatar 2022 : chez ce sous-traitant du groupe hôtelier Accor, des employés qui travailleraient 12 heures par jour
Le patron de ce célèbre groupe hôtelier français bien installé à Doha a-t-il raison de crier au "Qatar bashing" ? Alors que les conditions de travail dans les infrastructures qataries sont dénoncées par plusieurs ONG, le PDG d'Accor se plaignait de ne pas voir les preuves des accusations qui ternissent le Mondial de football avant même son ouverture... En voici quelques-unes dans cet extrait d'un document que présente "Complément d'enquête", en collaboration avec la Cellule Investigation de Radio France. Notre journaliste Pierre-Stéphane Fort a réussi à s’infiltrer aux côtés des petites mains qui travaillent pour un sous-traitant d'Accor.
Pour dormir dans ce quatre-étoiles de Doha pendant la Coupe du monde, comptez plus de 2 000 euros par nuit… Pour un document à voir le 13 octobre 2022, un journaliste de "Complément d'enquête" a pris une chambre au Mövenpick. C'est l'un des sept établissements du groupe Accor dans la capitale qatarie. Le champion tricolore de l'hôtellerie a signé un partenariat avec l'émirat (son deuxième actionnaire), qui lui assure la gestion de 60 000 chambres d'appartements et de villas dédiées à l'accueil des supporters. Mais dans quelles conditions travaillent les petites mains qui assurent cet accueil ?
84 heures par semaine sans bulletin de salaire
Sur l'uniforme de l'agent de sécurité qui l'accueille au Mövenpick, le journaliste repère le logo d'un sous-traitant d'Accor : Al Bateel Security. Il apprend que la société loge ses employés dans la zone industrielle de Doha, strictement interdite aux caméras. C'est là que sont parqués plus de 500 000 ouvriers du bâtiment, vigiles, chauffeurs… tous des travailleurs étrangers.
Un vigile du Mövenpick rencontré sur place affirme travailler 12 heures par jour, 84 heures par semaine – comme ses collègues. C'est presque deux fois plus que le temps de travail autorisé. Ses heures supplémentaires ne lui seraient jamais payées, il n'aurait droit qu'à deux journées de repos par mois. Ni ses collègues ni lui ne reçoivent de bulletin de salaire. Personne n'ose se plaindre de ces conditions de travail illégales, de peur d'être expulsé du Qatar.
Sanitaires répugnants, promiscuité...
En ce qui concerne les locaux fournis aux employés, l'employeur ne tient pas non plus ses engagements. Aucune des règles édictées par le pays, qui communique beaucoup sur l'amélioration du bien-être des ouvriers, n'est respectée. Les images filmées clandestinement par le journaliste, avec un smartphone, montrent des sanitaires répugnants, un espace vital largement insuffisant.
Le groupe Accor est-il au courant des pratiques de ses sous-traitants ? Dans sa propre charte éthique, il s'engage à veiller au respect des droits des travailleurs par ses prestataires. Le PDG du groupe, Sébastien Bazin, n'a pas répondu aux demandes d'interview de "Complément d'enquête"... lui qui réclamait des preuves de ce "Qatar bashing" qu'il déplore. Le service de communication d'Accor, lui, affirme que le groupe s'assure "que les conditions d'hébergement [de ses collaborateurs] sont conformes aux meilleurs standards de l'industrie"...
Extrait de "Qatar 2022 : un scandale français ?", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 13 octobre 2022.
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