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Coupe du monde 2022 : Ellyes Skhiri, le patron discret de la Tunisie

Un joueur, une histoire. Le milieu tunisien de 27 ans, qui affronte la France mercredi, n’a pas l’habitude de se mettre en avant, ce qui ne l’a pas empêché de s’affirmer comme le leader du milieu des terrains des Aigles de Carthage.
Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial à Doha
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Le milieu de terrain tunisien Ellyes Skhiri, lors du match de Coupe du monde Danemark-Tunisie, le 22 novembre 2022. (MUSTAFA YALCIN / AFP)

Suivez l’homme masqué. Lors du match entre la France et la Tunisie, mercredi 30 novembre, le milieu tunisien Ellyes Skhiri facilitera la tâche de tout le monde : son masque permettra de le repérer. Une protection après sa fracture de la pommette, fin octobre, avec son club de Cologne, qui ne l’a pas empêché d’être du voyage au Qatar.

Une bonne nouvelle pour Jalel Kadri, le sélectionneur tunisien, car Skhiri est, au côté d'Aïssa Laïdouni, le patron de l’entrejeu des Aigles de Carthage. Sans lui, la Tunisie aurait pu tomber encore plus bas qu’elle ne l’a fait lors de ses deux premiers matchs, contre le Danemark (0-0) et l’Australie (0-1). Rien ne prédestinait pourtant Skhiri, antithèse parfaite des joueurs de football bling-bling qui se mettent en scène sur les réseaux sociaux, à devenir l’un des leaders de la sélection tunisienne.

"C’est un garçon discret, qui n’est vraiment pas exubérant, décrit Hugues Mailhet, président du club de Gallia Club de Lunel, où Skhiri a débuté le football tout jeune. Quand il revient ici, ce n’est pas le genre à aller fanfaronner dans tous les coins de Lunel." C’est dans cette ville du sud-est de la France, à 30 kilomètres de Montpellier, que Skhiri est né et a grandi. Un père footballeur, un grand frère plus âgé qui tape également dans le ballon et une passion qui se forge d'abord dans l’euphorie.

Le centre de formation l'a apaisé

"Quand il était petit, jusqu’à ses 10-11 ans, il était beaucoup plus extraverti que maintenant. Et puis il est devenu plus discret. Il n’aime pas trop qu’on parle de lui", témoigne Isabelle Skhiri, sa maman. L’expérience du centre de formation à Montpellier va notamment le marquer. "Les éducateurs me disaient qu’il fallait qu’il se calme parce que sinon, il ne pourrait pas rester, se rappelle Slem Skhiri, le paternel. Il y allait trop fort dans les contacts, et il n’aimait pas la défaite."

Plus apaisé, Ellyes Skhiri grimpe les échelons et s’impose comme un bon joueur de Ligue 1 avec le MHSC avant son départ en Allemagne en 2019. "C’est un coéquipier parfait, et le joueur parfait pour un entraîneur", assure Hugues Mailhet. Skhiri s’adapte à sa nouvelle vie de professionnel, développe une passion pour la pêche, comme son grand-père. Une activité qui colle bien au personnage, patient et taiseux.

"Sur le terrain, il se donne tout le temps au maximum", souligne Slem Skhiri. En dehors en revanche, le Tunisien n’attire pas les regards et suscite peu l’intérêt médiatique. "Les médias aiment souvent les mecs qui se montrent, qui sont différents. Ils n’aiment pas trop les gamins qui sont discrets", regrette son paternel.

"Il ne sait pas se vendre"

En octobre 2021, Rolland Courbis, l’entraîneur qui a fait débuter Ellyes chez les pros à Montpellier, regrettait le caractère du joueur dans L’Équipe : "Ellyes est trop discret, voire timide. On ne sait même pas qu’il a joué à Montpellier, on ne se rappelle rien. C’est un peu de sa faute. Je ne sais pas s’il ne sait pas se vendre ou s’il ne sait pas se faire un peu de pub." "Peut-être que ça l’a un peu desservi et qu’il aurait pu avoir une plus grande carrière", admet Hugues Mailhet.

À 27 ans, Skhiri est encore loin de la fin. Il a même été approché par l’Olympique lyonnais en janvier 2021, mais sa considération envers Cologne l’a empêché de faire le grand saut. "Quand il a reçu la proposition, il était avec la sélection à la Coupe d’Afrique des nations. Il ne voulait pas en parler à son club et son entraîneur par téléphone, ça le gênait. Donc ça ne s’est pas fait", se souvient Slem Skhiri.

À la Coupe du monde, ce dernier, qui a rendu visite à son fils au camp d'entraînement des Aigles de Carthage lundi, espère voir son fils briller pour, peut-être, attirer le regard de clubs de plus haut niveau. Après des matchs contre le Danemark et l’Australie dans ce Mondial, c’est contre l’équipe de France, mercredi, que Skhiri rêve de démontrer qu’en dépit de sa discrétion, il sait s’affirmer au milieu de terrain. Comme il l’a toujours fait depuis ses débuts.

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