Coupe du monde 2022 : Lionel Messi, le dernier tango
On ne veut pas lui mettre la pression mais Lionel Messi s'apprête à jouer, dimanche 18 octobre, le match de sa vie. Qu'il remporte ou perde la finale de la Coupe du monde face aux Bleus ne changera pas la perception d'un talent unique dans l'histoire de ce sport. Mais si l'Argentine s'impose, Messi présidera alors à la table des géants. Dans les Noces de Cana qui représentent La Cène, il est encore, pour l'instant, l'un des disciples du Dieu Pelé (ou Maradona selon les croyances). Une victoire dimanche et il pourra légitimement briguer la place de celui qui transforme l'eau en vin. Avec un nom comme le sien, peut-il en être autrement.
La vérité est que Messi a déjà tutoyé les cieux mais que, pour l'instant, ils se sont toujours refusés à lui. Lui qui a remporté sept Ballons d'or, quatre ligues des champions et onze championnats nationaux, entre autres miracles. Ce n'est un secret pour personne, et on lui a suffisamment reproché dans un royaume où l'on ne peut pas être prophète au pays de Diego, Messi a remporté ses principaux titres en club, le Barça en l'occurrence. Avec l'Argentine, nada ou presque. Une médaille d'or aux Jeux olympiques de 2008 et puis plus rien... jusqu'à cette Copa America, acquise l'an passé, et qui semble avoir marqué un vrai tournant dans la relation tourmentée entre le numéro 10 et son peuple.
M le maudit
Avant la prise en main en août 2018 de l'Albiceleste par Lionel Scaloni, celui-là même dont Maradona disait à la presse argentine qu'"il n'était même pas capable de diriger la circulation", le natif de Rosario a connu un destin contrarié avec la sélection nationale. Trop jeune pour peser en 2006, même s'il inscrit le premier de ses onze buts en Coupe du monde lors de cette édition, il voit l'Allemagne éliminer l'Argentine en quarts de finale aux tirs au but. Cruel. Mais pas autant que la déroute infligée par cette même Mannschaft, quatre ans plus tard, en 2010, et toujours en quarts de finale (4-0).
L'Allemagne, pays maudit pour Messi. C'est encore elle qui prive Leo du sacre en 2014, en finale cette fois. Cette année-là, Messi porte encore sa sélection sur les épaules et s'il est élu meilleur joueur de la compétition, il ne brille pas assez en phases finales puisqu'il n'y marque pas un seul but, et c'est prostré qu'il voit Mario Götze, durant la prolongation, priver l'Argentine du sacre suprême. Le héros tient sa Némésis. Celle-ci, protéiforme, prend désormais les traits de Kylian Mbappé et de l'équipe de France lors de la dernière campagne de Russie où les Bleus surclassent de justesse une Albiceleste vouée aux gémonies (4-3).
Des lieutenants dévoués
Quatre ans plus tard, l'adversaire est le même pour lui barrer la route du Graal mais la donne a considérablement changé. Certes, Messi a désormais 35 ans. Mais le coup de reins est toujours là. Et même plus ondulant que jamais lors d'un Mondial. La "Pulga" a débarqué au Qatar affûtée comme jamais. Et surtout, elle est entourée d'une équipe de guerriers, animés par une grinta que l'on croyait à ranger dans les poussiéreux mythes et légendes argentines.
Difficile, aujourd'hui, de ne pas faire de parallèle entre l'équipe victorieuse de 1986, guidée par un Maradona en état de grâce et servi par des lieutenants dévoués à la vie à la mort à leur "Dies", et celle de 2022. Si celle-ci venait à remporter la finale, l'histoire serait belle et la boucle serait alors bouclée entre Dieu et son fils.
Surtout, s'il décroche une troisième étoile pour l'Argentine, Lionel Messi refermera définitivement l'épître. Même si avec 11 buts et 8 passes décisives, il est le joueur le plus décisif de l'histoire de la Coupe du monde et même si, en finale, il deviendra celui ayant disputé le plus de matchs (26) dans cette compétition, il se débarrassera à jamais de ses oripeaux de génie incomplet. Il sera alors enfin seul au centre de la Cène.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.