Coupe du monde de football : intouchable en Amérique du Sud, Ary Borges mieux que Pelé... Trois choses à savoir sur le Brésil, prochain adversaire des Bleues
Tenues en échec lors de leur première rencontre face à la Jamaïque, les Bleues affrontent le gros morceau de leur poule, le Brésil, samedi 29 juillet à Brisbane, à 12 heures (en direct sur France 2 et sur france.tv). Une équipe qui ne les a certes jamais battues (cinq nuls et six victoires tricolores au total), mais tout à fait capable de les placer dans une situation très inconfortable en vue d'une qualification pour les huitièmes de finale. Finaliste du mondial en 2007, la Seleçao, qui vise aussi un premier titre dans la compétition, a tout du piège pour les Bleues, après son entrée réussie face au Panama (4-0).
Ary Borges, première époustouflante
Si le Brésil a brillamment remporté son premier match dans la compétition, c'est surtout la performance de la milieu de terrain Ary Borges qui a retenu l'attention. Auteure d'un triplé et d'une passe décisive pour sa première en Coupe du monde, elle a fait ce qu'aucun joueur ou joueuse du Brésil n'a fait avant elle, pas même Pelé. Remplacée par Marta, elle a récolté les louanges de la légende brésilienne. "C'est assez exceptionnel. Elle a marqué trois fois et donné une passe décisive. Ça compte presque comme quatre buts, vous ne croyez pas ? Elle était heureuse et, quant à moi, j'étais fière de la remplacer."
Trois réalisations qui témoignent d'un certain sens du but, puisqu'à chaque fois, la joueuse de 23 ans s'est démarquée pour user de son jeu de tête dans le dos de la défense panaméenne. Si elle a dû s'y prendre à deux fois sur son deuxième but, elle a eu le flair de suivre l'action pour marquer à bout portant. Sa passe décisive ? Même schéma, avec la lucidité et l'altruisme nécessaires en plus, pour offrir sur un plateau le but à Bia Zaneratto, d'une subtile talonnade. "C'est vraiment bouleversant pour moi de regarder en arrière sur ce que j'ai fait jusque-là. C'est un rêve d'être là", s'est-elle réjouie.
Déjà buteuse en demi-finales de la dernière Copa America, la joueuse de Louisville aux Etats-Unis a pris pour habitude de briller dans les grands rendez-vous. Si elle ne devait pas inscrire un nouveau triplé samedi, elle qui n'est habituellement pas une serial-buteuse, les Bleues sont toutefois prévenues.
Les reines d'Amérique du Sud
Depuis la création de la Copa America féminine en 1991, le Brésil n'a pas d'égal. En neuf éditions, la Seleçao a remporté huit fois le trophée, étant seulement battue par l'Argentine en 2006. En habituées, les joueuses de Pia Sundhage, la coach suédoise en poste depuis 2019, ont remporté la dernière édition à l'été 2022, sans pour autant faire preuve d'une domination aussi outrageuse qu'à l'accoutumée.
Mais aidé par un championnat en plein essor et dominant sur le continent, le Brésil n'a, là non plus, pas encore d'équivalent en Amérique latine. Pour preuve, la Copa Libertadores est tombée dans l'escarcelle des clubs auriverdes à 11 reprises en 14 éditions. Seuls le Paraguay (1), le Chili (1) et la Colombie (1), ont réussi à voir l'un de leur club soulever le trophée depuis 2009. Soutenues par leur fédération sur la question de l'égalité salariale, les Brésiliennes regardent désormais vers l'avant et vers le sommet du football international. Le hashtag #PelaPrimeiraEstrela (Pour la première étoile), mis en place par la fédération à l'occasion de la coupe du monde en dit long, l'objectif n'est plus continental, mais bien mondial.
Un hommage à l’Iranienne Mahsa Amini
En arrivant en Australie, les championnes d’Amérique du Sud ont surpris en empruntant un avion portant des inscriptions rendant hommage à deux victimes de la répression actuelle en Iran : l’étudiante Mahsa Amini, décédée en septembre dernier après avoir été arrêtée par la police des mœurs iranienne pour “port de vêtements inappropriés" et Amir Nasr-Azadani, ex-footballeur incarcéré et condamné à la peine de mort durant les manifestations qui ont suivi la disparition de la jeune fille.
“Aucune femme ne devrait être obligée de se couvrir la tête. Aucun homme ne devrait être pendu pour avoir dit cela", pouvait-on lire sur la carlingue tandis que les photos des deux Iraniens ornaient la queue de l’appareil. Une prise de position forte des Brésiliennes qui dénote avec le contexte dans lequel l’équipe féminine sud-américaine a été formée à la fin des années 1980.
La pratique du football interdite aux femmes par un décret-loi promulgué le 14 avril 1941, sous un régime de dictature - car la “nature féminine” y était jugée incompatible -, il a donc fallu attendre 1986 pour voir l’équipe nationale se former. Et les conditions sont restées peu propices à une quelconque revendication. Sur le plateau de TV Globo, l’ex internationale Fanta a révélé qu’il lui était quasiment impossible de s'exprimer dans les médias lors du Mondial 1991. “Si je faisais ça, je pouvais être sûre que je ne serais pas convoquée pour le match suivant”. Désormais, près de 30 millions de personnes suivent les exploits de la Seleçao en compétition.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.