Tour de France 2024 : "Leader dans l'âme", "diamant à polir"... Qui est le Français Kévin Vauquelin, nouveau vainqueur d'étape ?
"J'ai vu que je n'allais peut-être pas jouer la gagne, j'ai préféré me relever. On sait que c'est une course de trois semaines, il faut en garder sous le pied." Voilà ce que disait Kévin Vauquelin, dimanche 30 juin, au départ de la deuxième étape. Un peu malade, souffrant de la chaleur, le coureur de la formation bretonne Arkéa-B&B Hôtels avait subi sa toute première journée sur le Tour de France.
Il n'a pas mis longtemps à s'en remettre. En s'imposant en solitaire, matant ses compagnons rescapés de l'échappée dans la pente abrupte de San Luca, le Normand a fait coup double : première victoire sur le Tour pour lui, mais aussi pour son équipe. "J'avoue qu'hier soir, je n'avais pas vraiment le moral. Mais j'étais revanchard, je me suis dit que la roue allait tourner et ça a été assez rapide finalement. Je pense que je ne m'en rends pas encore compte, mais c'est fou, j'ai réussi à saisir l'opportunité", s'est félicité le Normand à l'arrivée.
Un jour après Romain Bardet, c'est donc un autre Français qui a levé les bras, le premier doublé depuis Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot en 2019. Mais Kévin Vauquelin est bien moins connu que son aîné. A 23 ans, le natif de Bayeux s'est fait un nom, mais qui est-il vraiment ?
"C'est un enfant de chez nous, un élève, un travailleur", débute son manager général Emmanuel Hubert. "C'est un garçon qui a envie de bien faire les choses et qui se donne les moyens d'y arriver. C'est un leader dans l'âme", complète son manager sportif Didier Rous. "Il est intelligent, il sait écouter les gens qui ont de l'expérience autour de lui", explique Yvon Ledanois, directeur sportif arrivé de Movistar cet hiver.
Professionnel depuis 2022, Kévin Vauquelin a rapidement été ciblé comme l'un des grands espoirs français. "Ma première course avec lui c'était en février 2022 à Oman, je ne le connaissais pas du tout", se souvient un autre directeur sportif, Sébastien Hinault.
"Il a démontré dès sa première course qu'il avait des qualités extraordinaires. Il finit 6e en tant qu'équipier. S'il avait été leader, il aurait sans doute gagné. C'est là que je me suis dit qu'on avait un mec qui en a dans les jambes."
Sébastien Hinault, directeur sportif d'Arkéa B&B Hôtels
Bon grimpeur, excellent dans les bosses, et doué dans le contre-la-montre, même s'il a laissé filer le titre de champion de France pour... trois secondes dimanche dernier. Une frustration qu'il a ressassée, pour l'exorciser une semaine plus tard. "Il a d'énormes qualités physiques, il grimpe bien, il roule bien, il sait même aller assez vite. On sait bien qu'on a un diamant à polir", se félicite Sébastien Hinault.
Moins connu que des espoirs comme Romain Grégoire ou Lenny Martinez, Kévin Vauquelin est un coureur déjà accompli et sur une progression constante. "Kévin, c'est un mélange de jeunesse et d'expérience, c'est quelqu'un qui se connaît très bien, qui a du sang-froid dans l'action", détaille Sébastien Hinault.
Même s'il brille déjà fort dans sa formation bretonne, le diamant Vauquelin découvre encore le monde professionnel et sa grande messe annuelle de juillet. "Kévin, c'est un champion. C'est un gamin qui a besoin d'apprendre le métier. La classe, il l'a, il l'a démontré aujourd'hui. Maintenant il faut juste mettre des choses en application, ne pas brûler les étapes, ne pas le voir plus beau qu'il ne l'est. Il est jeune, il a tout à apprendre", explique Yvon Ledanois.
Kévin Vauquelin, qui n'avait pas gagné pour sa première saison professionnelle en 2022, a tapé dans le mille l'année suivante, avec trois victoires. En 2024, c'est surtout sa deuxième place sur l'impitoyable Flèche wallonne qui a marqué les esprits. "Il a prouvé depuis le début de saison qu'il avait franchi un cap, il prend de la maturité course après course", poursuit son manager Didier Rous.
Thibaut Pinot parti, Romain Bardet au bout du chemin, la tentation d'y voir un futur candidat au classement général du Tour pourrait grandir rapidement, tant ses qualités s'y prêtent. Une erreur, selon Yvon Ledanois. "Des médias pourraient déjà parler du général dans les années à venir, et là je mets un bémol : il vient de gagner une étape du Tour. Il y a un gouffre entre gagner une étape et gagner le Tour", prévient le directeur sportif.
"Il ne faut surtout pas lui mettre plus de pression, il s'en met déjà assez. Il faut le laisser venir en maturité, grandir et continuer à se construire", conclut Didier Rous, les yeux un instant rougis à l'évocation de son poulain.
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