Tour de France 2024 : Jonas Vingegaard, une renaissance qui contrarie les plans de Tadej Pogacar
Renaissance. Voilà ce qui est tamponné sur le bus Visma-Lease a bike lors de ce Tour de France. Une référence à la période historique, puisque le Tour s'élançait de Florence. Mais le terme pourrait aussi convenir au leader de l'équipe, Jonas Vingegaard.
Alité il y a encore trois mois après sa chute épouvantable sur le Tour du Pays basque, le Danois ne cesse de monter en puissance. Mercredi, il a résisté, rattrapé et même devancé son plus grand rival, Tadej Pogacar.
Trois mois de rééducation dans le secret afin d'être à temps à Florence pour défendre sa couronne. Un saut dans l'inconnu pour lui, mais aussi pour ses adversaires. "A l'arrivée, j’étais vraiment ému, je le suis toujours. Ça ne fait que trois mois. A l’époque, je me suis demandé si je n'allais pas mourir, donc être ici aujourd’hui, c’est vraiment quelque chose de spécial", a expliqué le double tenant du titre, qui remporte sa quatrième victoire d'étape sur la Grande Boucle.
Oui, Jonas Vingegaard a été décramponné par deux fois par Tadej Pogacar depuis le départ d'Italie. Mais, placide à l'extrême comme à son habitude, il n'a pas paniqué. Dans le Galibier lors de la 4e étape, le Danois n'avait que huit secondes de débours au sommet, mais avait dû en céder davantage dans la descente.
Mercredi, il n'a rien perdu. Mieux, il a même refait son retard, alors que Tadej Pogacar plafonnait dans l'ultime ascension, celle du col du Pertus. "Jonas était très fort dans la deuxième partie. Il y a un moment en descente où je me suis fait un peu peur, j'étais très concentré sur mes virages", rembobine Tadej Pogacar, qui compte 1'14'' d'avance sur son rival au classement général.
Trois jours après l'épisode des chemins blancs autour de Troyes, où Jonas Vingegaard avait refusé de collaborer avec Tadej Pogacar et Remco Evenepoel pour distancer Primoz Roglic, cette 11e étape continue de donner des indications : le Danois n'est pas là pour s'amuser et il a prévu de rentrer de plus en plus dans la tête du Slovène pour y semer la graine du doute.
Toujours beau joueur, le maillot jaune avait sans doute les idées un peu brouillées à l'arrivée, lui qui a compté une trentaine de secondes d'avance avant d'être finalement battu au sprint, un domaine dans lequel il excelle.
"C'est beau à voir. Personne ne peut douter de la forme de Jonas maintenant, il est dans la forme de sa vie."
Tadej Pogacarà France Télévisions
Alors que se profilent les Pyrénées, là où "la grande bataille pour le général va commencer", selon Remco Evenepoel, Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard sont dans une situation paradoxale : le Slovène est intenable, parvient à lâcher tout le monde et compte 1'14'' sur son rival, mais c'est bien le Danois qui semble gagner la bagarre mentale à la mi-course.
Tadej Pogacar n'arrive sans doute pas à situer le vrai niveau de son adversaire. Il tente de faire feu de tout bois pour prendre de l'avance, car il redoute que Jonas Vingegaard ne vienne mater ses espoirs dans la deuxième partie du Tour. "D'habitude, en deuxième et troisième semaines, c’est mon pic de forme", a rappelé le Danois mercredi, tandis que le maillot jaune pourrait payer les efforts consentis pour remporter le Tour d'Italie.
Vingegaard, qui avait essoré Tadej Pogacar au col du Granon (11e étape en 2022) puis assommé le chrono à Combloux (16e étape en 2023) fomente-t-il son plan depuis le début, ou retrouve-t-il un peu plus son vrai niveau chaque jour ? Derrière son sourire en toutes circonstances, Tadej Pogacar se méfie : Jonas Vingegaard attend sans doute son heure pour porter l’estocade.
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