Tour de France 2023 : 17 secondes de retard mais un vrai ascendant mental, pourquoi Tadej Pogacar est en position idéale avant le repos
Ça n'a pas été le feu d'artifice du col du Granon de l'année dernière, et le Tour n'a pas basculé, mais Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard se sont quand même expliqués au puy de Dôme, dimanche 9 juillet. Très loin du vainqueur du jour Michael Woods, le Slovène et le Danois ont ferraillé dans le dernier kilomètre du jour, et c'est le premier qui en est sorti vainqueur. A l'arrivée, le résultat comptable reste maigre, avec huit secondes de reprises par Pogacar sur son rival.
Mais après la démonstration à Cauterets, lors de la dernière étape de montagne pyrénéenne, l'intérêt est ailleurs, car Pogacar vient de décrocher deux fois de suite Vingegaard, ce qu'il n'avait plus jamais réussi depuis la première semaine du Tour de France 2021. "C'est une bonne journée. Avant l'ascension finale, ce n'était pas très dur et les jambes tournaient bien. Je me suis dit que j'allais attaquer. J'ai envoyé, Jonas était fort mais je suis très heureux de reprendre un peu de temps et de le mettre sous pression", s'est félicité le maillot blanc à l'arrivée, désormais à 17 secondes de Vingegaard au général.
Le Danois, qui a assumé son maillot jaune et fait rouler son équipe dès le pied du géant d'Auvergne, n'a pu que constater la supériorité actuelle de Pogacar, qu'il avait pourtant sacrément secoué lors de la première explication. "Il était incroyablement fort aujourd'hui et il mérite de reprendre ces huit secondes. Je crois qu'on est tous les deux à un niveau très élevé mais les étapes qui me conviennent le mieux sont encore devant nous. Ce sera une lutte acharnée", a constaté le Danois, dont le caractère anxieux et cérébral va sans doute malgré tout le plonger dans la réflexion lors de la première journée de repos, lundi.
Pogacar raffole de son rôle de chasseur
Car Pogacar commence petit à petit à lui manger le cerveau et ses certitudes acquises lors du dernier Dauphiné et de la première étape de montagne. Vingegaard est loin d'avoir explosé dimanche, mais il a de nouveau cédé, et la confiance a visiblement changé de camp. "Pogacar était juste un peu meilleur, peut-être qu'il a pris un léger avantage mental, oui. Bien sûr, quand tu gagnes du temps sur les deux dernières étapes de montagne, ça peut être un petit avantage mais Jonas peut être confiant, notre équipe est forte, nous sommes toujours dans la course", a tempéré Arthur van Dongen, directeur sportif assistant chez Jumbo-Visma. "Ce n'est pas beaucoup, mais chaque seconde sur ce Tour peut être très importante. La différence entre les deux est très petite, on a gagné quelques secondes mathématiquement et moralement aujourd'hui", a confirmé Mauro Gianetti, le manager d'UAE-Emirates.
Toujours dans le rétroviseur de Vingegaard, Tadej Pogacar dispose d'un avantage supplémentaire avant le repos à Clermont-Ferrand : celui de ne pas avoir la charge du maillot jaune, et donc de la course. Un costume de traqueur qu'il avait annoncé apprécier avant le Tour. En laissant dimanche les Jaune et Noir mener le groupe des favoris, qui a été déchargé des Français, la formation émiratie a gardé des forces, et Adam Yates, le co-leader, est 5e au général dimanche soir. "C'était une bonne journée pour nous, avec Tadej qui prend du temps. Avoir Yates bien classé, ça peut être important dans les prochaines semaines, mais c'est encore très long", a souligné le coéquipier du Slovène, Félix Grossschartner.
À l’inverse, pour les Néerlandais, garder ce maillot est signe de la bonne santé de l'équipe. "Au bout du compte, je suis content d'avoir gardé le maillot jaune parce qu'on n'aurait pas pensé qu'on l'aurait au bout de la première semaine", s'est félicité Vingegaard au sommet, sur la même ligne que son directeur sportif Arthur van Dongen. "Ce n'est jamais agréable de perdre du temps, mais nous avons toujours le maillot jaune et sommes dans le match, donc nous n'avons pas d'inquiétude."
Le prochain mano a mano devrait désormais avoir lieu le 14 juillet prochain, au col du Grand Colombier. Une interminable montée de 17km qui pourrait plus convenir au Danois qu'au Slovène. "Il reste deux semaines jusqu'à Paris, le contre-la-montre, beaucoup d'étapes de montagne. Nous avons encore beaucoup d'opportunités", a rappelé le directeur sportif néerlandais. D'ici là, Vingegaard aura le temps de cogiter, Pogacar de se caler au chaud dans la roue de son rival, afin de le tester encore et encore. "Quand je regarde les deux dernières étapes, Pogacar est peut-être pour le moment un peu plus favori que Jonas. Mais le plus important, c'est d'être en jaune à Paris", conclut Arthur van Dongen. À ce jeu-là, c'est Vingegaard qui a l'avantage. Mais pour encore combien de temps ?
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