: Reportage Tour de France 2023 : quand la côte de Jaizkibel devient l'Alpe d’Huez du Pays basque
L’Alpe d’Huez n’est pas prévue au programme du Tour de France 2023, mais l’atmosphère créée par le public dans le Jaizkibel, dimanche 2 juillet, s’est approchée de celle rencontrée dans les célèbres lacets de la station iséroise. "C’est encore mieux", clameront les Basques, chauvins, ravis de pouvoir vivre et montrer leur passion pour le cyclisme sur les routes de la Grande Boucle.
En conférence de presse avant le Grand Départ, le Basque Ion Izaguirre (Cofidis), prédisait déjà que ce moment serait mémorable. "Je pense, et j’espère qu’il y aura vraiment beaucoup de monde dans le Jaizkibel pour nous encourager". L'omniprésence de la couleur orange, habituelle sur les pentes de l'Alpe d'Huez, s'est retrouvée dans l'ascension basque. Les Basques y ont signalé leur présence avec des maillots de l'équipe locale, Euskaltel-Euskadi. Après plusieurs heures d’attente pour les spectateurs, montés à pied ou en vélo, le survol par les hélicoptères de la télévision, synonyme de l’approche des coureurs, a galvanisé la foule.
"L’ambiance est incroyable, mais il y aurait eu encore plus de monde s’il n’avait pas plu", a assuré Ion, casquette blanche à pois rouges sur la tête. Les spectateurs présents depuis la matinée se sont d’ailleurs jetés sur les goodies distribués par les différents véhicules des partenaires du Tour, en réclamant "des ponchos s’il vous plaît", en français dans le texte. Leur souhait que le temps se lève, pour apercevoir la vue sur la mer, l’une des attractions du site, sera exaucé quelques heures plus tard, juste avant l’arrivée des coureurs.
En attendant le passage du peloton les spectateurs se sont échauffé la voix en encourageant les quelques coureurs amateurs tentant l’ascension de ce col de deuxième catégorie. Ximun, Vincent, Quentin, Ludo sont venus de Bayonne. Tous les quatre ont l’habitude de grimper le Jaizkibel. "On vient souvent, c’est super joli et on voulait voir ce que ça pouvait donner avec la vitesse des professionnels. Dès que le parcours est sorti, on savait déjà qu’on viendrait pour partager la ferveur du Pays basque", témoignent ces habitués de la Classica San Sebastian, qui emprunte un autre versant de la célèbre montée. Ils confessent n'y avoir "jamais vu autant de monde".
La course au bouche-à-oreille
Comme eux, beaucoup de Français ont traversé la frontière pour être présents au Jaizkibel. Pas besoin d'avoir à les repérer dans la foule. La diffusion sur des enceintes de chants contre la réforme des retraites trahit leur présence : "retraites, climat, même combat !". Venu de Bretagne et habitué des routes du Tour de France depuis 30 ans, Philippe décrit une ambiance "formidable" dans la côte de Pike la veille, et s’est placé stratégiquement à un kilomètre du sommet. "Quand on fait des kilomètres, c’est pour vivre le meilleur moment, donc on se met là où il y a le plus de monde et le plus de ferveur", confie-t-il.
Le Breton ne sera pas déçu par les nombreux chants à la gloire de l'idole locale, Mikel Landa, et le bruit des crécelles distribuées par un sponsor. De quoi perturber la quiétude des chevaux qui occupent habituellement les prés en bord de route et qui se sont réfugiés plus haut sur la colline. A l'inverse, les passagers des voitures qui ouvrent la route, impressionnés par l'engouement, ont sorti leur smartphone pour immortaliser le moment, pendant que des spectateurs s’amusent à taper aux vitres.
Les pourcentages du Jaizkibel (8,1 kilomètres à 5,3%) n’en feront toutefois pas une montée mythique du Tour, mais sa concentration de supporters sur une plus petite longueur que l’Alpe d’Huez donne la sensation d’une foule immense. La route, de quatre mètres de large, s’est resserrée à un petit mètre seulement au passage des coureurs. Le public en est venu à décider lui-même des trajectoires qu’empruntent les coureurs.
Les spectateurs, qui espéraient assister une attaque quelques kilomètres avant le sommet, seront déçus. Finalement, la victoire ne s'est pas jouée dans la côte basque. Mais la déception a été de courte durée pour les nombreux Français présents sur place, qui ont appris au compte-gouttes, par le biais du bouche-à-oreille, que Victor Lafay avait levé les bras à Saint-Sébastien.
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