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Reportage Tour de France femmes 2023 : pour la deuxième édition, l'engouement populaire se confirme au grand départ à Clermont-Ferrand

Un an après la première édition, le public a répondu à l'appel, dimanche, à Clermont-Ferrand. Ils ont été des milliers à vivre ce grand départ.
Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport - De notre envoyée spéciale
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
Le grand départ de la deuxième édition du Tour de France femmes a été donné à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), le 23 juillet 2023, devant une foule rassemblée en masse. (ADRIEN FILLON / AFP)

L'engouement était attendu, il s'est confirmé dans la ville du grand départ, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Ils étaient des milliers, dimanche 23 juillet, à se rassembler Place de Jaude pour la présentation des équipes, puis pour assister au départ des 154 coureuses du Tour de France.

Au pied de la grande statue de Vercingétorix, vêtue pour l'occasion d'un maillot et d'un drapeau jaune, les spectateurs se sont amassés petit à petit contre les barrières métalliques en fin de matinée pour tenter d'apercevoir les coureuses. "Ce matin dans le bus, on se demandait si le public serait au rendez-vous, comme les hommes arrivent sur les Champs-Elysées en parallèle, mais on a vu tout ce monde et on s'est dit, c'est parti, on est dedans. Il y a encore plus de monde que l'année dernière", s'est réjouit Stephen Delcourt, manager général de la FDJ-Suez.

"Je ne m'attendais pas à voir autant de monde au départ aujourd'hui, l'ambiance est vraiment sympa. Je suis heureux de pouvoir vivre cette expérience", lance Nicolas, un spectateur Belge qui découvre pour la première fois l'ambiance du Tour. Dans sa tenue de cycliste, casque et lunette de soleil sur la tête, ce touriste a prévu une journée à vélo dans les alentours de Clermont-Ferrand, après avoir effectué une halte dans la ville du grand départ.

Les Clermontois au rendez-vous

A quelques mètres de lui, Damien, 37 ans, habitant de Clermont, est venu en famille assister à l'événement. "En un an, on sent que l'engouement a grandi. Et le niveau des coureuses, qui était déjà élevé l'an passé, a lui aussi augmenté", constate cet habitué du Tour de France et passionné de vélo. "On s'est mis vers la zone mixte pour voir les coureuses. C'est dingue. Sur le Tour hommes, on ne peut pas les voir d'aussi près. C'est comme un Paris-Nice chez les hommes mais sur le Tour de France", glisse celui qui espère pouvoir apercevoir la coureuse française Audrey Cordon-Ragot. "J'aimerais beaucoup qu'elle remporte une étape, je la suis depuis ses débuts", ajoute-t-il.

TDFF 2023 départ
TDFF 2023 départ TDFF 2023 départ (APOLLINE MERLE / FRANCEINFO SPORT)

A peine quelques minutes plus tard, son rêve se réalise. La Bretonne de 33 ans fait son apparition en zone mixte. Aussi sec, Damien attrape son téléphone pour filmer la double championne de France 2022 (course en ligne et contre-la-montre), tout sourire. "Il y avait déjà du monde l'année dernière, mais là, c'est assez fou, observe Audrey Cordon-Ragot. Quand on regarde cette avenue [qui mène à la Place de Jaude] et qu'on regarde tout au fond là-bas, c'est noir de monde."

"[Une telle ambiance] n'existe pas dans le vélo féminin, hormis sur le Tour, donc c'est assez fou. C'est grisant et excitant. J'ai envie de donner le meilleur de moi-même."

Audrey Cordon-Ragot, leader de l'équipe Human Powered Health

à franceinfo: sport

Cette atmosphère unique n'a pas laissé les coureuses indifférentes, comme l'explique Elisa Longo Borghini (Lidl-Trek). "L'enthousiasme est vraiment au rendez-vous. Clermont-Ferrand est bondé. Quand nous sommes arrivées en bus, on pouvait voir la foule à plusieurs mètres de la place et je me disais : 'Oh, c'est le marché ou la foule pour le Tour ?' Les gens étaient là pour nous voir, ce qui est vraiment incroyable", sourit l'Italienne, qui remercie "les Français d'être si chaleureux". "Cela signifie beaucoup pour nous et j'espère vraiment que ce sera la même chose tout au long du Tour", ajoute-t-elle, vêtue de son tee-shirt de championne d'Italie, à une heure du grand départ.

"Ici, la passion du cyclisme est énorme"

Sa compatriote, Marta Cavalli (FDJ-Suez) savoure aussi ce moment d'échange avec le public. "Ici, la passion du cyclisme est énorme et on peut sentir que les gens sont vraiment amoureux du cyclisme et des athlètes", confie l'Italienne, qui espère écrire une "nouvelle histoire sur le Tour de France", après son grave accident survenu sur la deuxième étape l'an dernier.

A quelques mètres de là, la présentation des équipes se poursuit et à l'évocation des Françaises Juliette Labous (DSM-Firmenich) et Evita Muzic (FDJ-Suez), des applaudissements et des encouragements se font entendre, avec quelques décibels supplémentaires. "Juliette, Juliette", crie même un supporter vêtu d'un maillot et d'un bob à pois, lors de son passage en zone mixte. Celle-ci se retourne pour identifier la provenance de ces appels fervents et lui répond d'un signe chaleureux de la main et un grand sourire, pour son plus grand bonheur.

Si les spectateurs ont été nombreux à se donner rendez-vous au départ, ils l'ont également été à l'arrivée, située à 800 m de la Place de Jaude. Renée, 74 ans, venue de la Creuse, vêtue du maillot jaune officiel, n'allait sûrement pas manquer cette occasion de voir les coureuses pour la première fois. "Je suis très heureuse de voir les femmes, les coureuses misent en lumière par le Tour de France, car elles sont trop souvent oubliées", se réjouit la septuagénaire, un peu émue d'être présente à l'arrivée, et qui pratique toujours le vélo en club avec "un bon rythme", tient-elle à préciser.

Renée, 74 ans, est venue de la Creuse pour assister pour la première fois au Tour de France femmes, le 23 juillet 2023. (APOLLINE MERLE / FRANCEINFO SPORT)

Plus les minutes passent et plus les rangées grossissent derrière les barrières de sécurité. "Est-ce que vous êtes prêts Clermont, à faire du bruit pour les coureuses ?", lance Vincent Didelot, le speaker du Tour, afin de chauffer le public. Alors que le thermomètre grimpe encore à une demi-heure de l'arrivée des premières coureuses - il fait 30 degrés dimanche - les premiers rangs tendent les bras pour attraper les petits drapeaux jaunes avec le logo du Tour de France femmes, à agiter devant le passage des coureuses. Trop loin pour saisir l'une des bannières, un couple renonce et se positionne en face de l'écran géant, installé sur le podium. "Regarde, elles sont juste avant la côte de Durtol", montre le premier à sa compagne. "Oui, ce sont tes virages, tu les connais par cœur", lui répond-t-elle.

Prochaine étape, l'identification des coureuses par le public

Lancée en solitaire, la Belge Lotte Kopecky (Team SD Worx-Protime) s'apprête à remporter la première étape de cette deuxième édition. Les rangées se densifient alors un peu plus, le public se presse au plus près des barrières métalliques, les regards sont tournés vers la ligne d'arrivée. Les spectateurs tapent de plus en plus sur celles-ci pour mettre l'ambiance. Jean-Louis et Estelle viennent d'arriver et savourent cette facilité d'accès. "On a déjà vu les hommes il y a quelques jours et on vient voir les femmes aujourd'hui. On est très heureux d'accueillir les deux Tours et on savoure la facilité d'accès pour venir encourager les coureuses. On peut vraiment les voir de près, c'est génial", sourit ce Clermontois de 42 ans, tout en applaudissant les premières à franchir la ligne d'arrivée.

TDFF 2023 arrivée
TDFF 2023 arrivée TDFF 2023 arrivée (APOLLINE MERLE / FRANCEINFO SPORT)

Si Lotte Kopecky est chaleureusement applaudie par le public, celui-ci donne davantage de la voix à la seule Française montée sur le podium du jour, Cédrine Kerbaol (Ceratizit - wnt), qui a revêtu le maillot blanc de la meilleure jeune. "Bravo, bravo", crie-t-on ici et là.

Du côté des organisateurs, si on se réjouit d'un engouement grandissant, on reste toutefois prudent. "Nous sommes partis sur de bonnes bases, c'est plutôt positif. Mais on ne peut pas dire dès la deuxième édition si ce sera un succès ou non. Il faut attendre quatre ou cinq éditions", nuance Franck Perque, le directeur de l'épreuve. En attendant la confirmation du succès de la Grande boucle femmes, le public doit encore reconnaître les coureuses. "L'an passé, c'était vraiment un succès populaire avec un seul bémol, l'identification des filles. Il faut que l'on passe ce cap-là, qu'elles rentrent dans le cœur des Français, relève Stephen Delcourt. Ça prend du temps et ça passe aussi par des exploits sur le vélo."

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