Reportage Tour de France femmes 2023 : du col d'Aspin au Tourmalet, une ambiance royale pour l'étape reine

Pour la seule étape de haute montagne de ce Tour de France femmes 2023, le public a été au rendez-vous samedi, entre le col d'Aspin et le Tourmalet.
Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport - De notre envoyée spéciale
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
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Carmen, venue de Catalogne, et déguisée en Marie-Antoinette, a mis l'ambiance dans le virage espagnol à un kilomètre de l'arrivée. (APOLLINE MERLE / FRANCEINFO SPORT)

La perruque vissée sur la tête et la longue robe rouge ne trompent pas. "J’ai ressuscité Marie-Antoinette guillotinée. C’est mon petit clin d’œil à la France", s’amuse Carmen, débarquée de Catalogne pour suivre le Tour de France femmes cette année. Derrière ce sosie de l'infante d'Autriche, la musique à fond et les applaudissements en masse rythment chaque passage de voitures ou des cyclistes à un kilomètre du sommet du col du Tourmalet, samedi 29 juillet, dans le "virage espagnol", pour cette 7e étape. 

"Je suis venue avec des amis pour encourager les coureuses, car elles ne sont pas assez médiatisées par rapport aux hommes et elles le méritent énormément. On va leur donner de l’énergie dans les derniers kilomètres", assure celle avec qui tous les badauds veulent poser pour un selfie souvenir. 

"Les frissons dans la montée"

Comme elle, une bonne partie du public a déjà lancé les hostilités plusieurs heures avant le passage des coureuses. L'après-midi débute à peine, au col d'Aspin, à 1 400 m d’altitude, que plusieurs dizaines de caravanes ont déjà pris place au sommet, au milieu des vaches brunes. Des centaines de spectateurs, de tous âges, vêtus pour la grande majorité de maillots et casquettes à pois, profitent du soleil en attendant le passage des coureuses du Tour de France femmes dans quelques heures. Les pancartes avec "Allez les filles" ou  "Femmes you can" pullulent sur la route.

Sylvain et Elodie sont venus avec leurs enfants, Romain, 13 ans, et Julia, 8 ans. En vacances dans la région également, la petite famille a prévu des jeux de société. Mais l'enjeu de l'après-midi est ailleurs : il faut faire exploser les décibels. "On fait un jeu de qui fera le plus de bruit au passage des cyclistes", explique Romain, qui espère apercevoir Juliette Labous et Cédrine Kerbaol. En attendant les professionnels, les cyclistes amateurs font le show sous les yeux de la petite famille au col d’Aspin. Sous les encouragements du public et les coups donnés sur les barrières de sécurité, chacun fait monter les watts à sa façon.

Le public a répondu présent au col du Tourmalet, pour la septième étape du Tour de France, le 29 juillet 2023. (APOLLINE MERLE / FRANCEINFO SPORT)

L’ambiance ne laisse personne indifférent. "Déjà, nous, quand on monte, on a les frissons alors j’imagine pour les coureuses", confirme Thomas, qui a fait l’ascension à vélo avec sa femme, Sandrine et ses deux fils, Martin (11 ans) et Pierre (9 ans), depuis leur résidence située un peu plus bas, à Saint-Lary Soulan. "C’est leur troisième sortie en vélo. On leur a fait la surprise ce matin", explique Sandrine, arborant fièrement le maillot de l’équipe DSM. Heureux et fiers d’avoir gravi cette partie de l’étape, les deux garçons savourent ce moment mais espèrent surtout que Juliette Labous brillera aujourd’hui. 

"C’était carrément important d’être là pour encourager les coureuses et qu’elles sentent que nous sommes derrière elles."

Sandrine, spectatrice au col d'Aspin

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Quelques kilomètres plus loin, à l’approche du Tourmalet (2100m), le monde se fait de nouveau plus compact. Tout comme le brouillard, qui s’est invité à la fête, à cinq kilomètres du sommet. La visibilité se réduit plus le sommet approche. 

"Tour de France, Girl power"

Une petite fille, maillot à pois sur les épaules, tend le bras par-dessus les barrières métalliques pour que les cyclistes amateurs lui tapent dans la main à leur passage. En face, un groupe s’amuse à danser au rythme de leur klaxon de vélo. Quelques mètres plus haut, des jeunes femmes écrivent les noms des coureuses sur la route : Labous, Vollering, Wiel, Kerbaol…"Comment tu l’écris, ‘ue’ tu as dit ?", demande une jeune femme en charge du pinceau, et de la peinture blanche. La tâche est sérieuse et précise.

Pas de travaux manuels pour Pierre-Cyrille et son fils Thomas, originaires de Toulouse, qui donnent de la voix. "J’avais un peu peur pour aujourd’hui, mais je suis très content car le public a répondu présent", se réjouit ce passionné de vélo, avec une pancarte à la main où il est écrit "Tour de France, Girl power", et quatre cœurs aux couleurs des maillots distinctifs.

Si lui est monté en voiture, son fils Thomas, qui ambitionne de devenir coureur professionnel, a pris le parcours de la course en vélo. "J’espère que Juliette fera une belle course aujourd’hui, mais je pense que Demi Vollering va gagner", pronostique-t-il.

Pierre-Cyrille et Thomas, père et fils, ont donné de la voix pour encourager les coureuses dans un virage à 1km de l'arrivée. (APOLLINE MERLE / FRANCEINFO SPORT)

En fin de journée, alors que le ciel est bas et que la route a laissé place à un épais brouillard, c'est bien Demi Vollering qui sort la première du brouillard au col du Tourmalet. On ne la distingue qu’à quelques mètres seulement de la ligne d’arrivée tant la visibilité est réduite. Le public redouble ses encouragements pour féliciter la nouvelle maillot jaune, qui s’est offerte sa première victoire d’étape sur ce Tour 2023. La nouvelle reine du Tour a gardé toute sa tête et répond au public d’un cœur, avant de lever les bras au ciel. Une fin d’étape mystique, digne de ce col mythique.

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