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Tour de France femmes 2023 : cette fois, Demi Vollering est sortie du brouillard

Après plusieurs jours dans le flou, notamment à cause d'une stratégie peu lisible, la Néerlandaise a rayonné sur les pentes du Tourmalet.
France Télévisions - Rédaction Sport
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Demi Vollering s'est imposée au sommet du col du Tourmalet, le samedi 29 juillet 2023. (JEFF PACHOUD / AFP)

Il a donc fallu un épais brouillard sur la route du Tour de France pour voir le maillot arc-en-ciel d'Annemiek van Vleuten disparaître. Pourtant, la météo n'a rien à voir là-dedans. Si la championne du monde et tenante du titre a été éclipsée de la course au maillot jaune, samedi 29 juillet, c'est parce que sa principale rivale, Demi Vollering, a rayonné et réalisé une étape parfaite sur les pentes du Tourmalet. Après un début de Tour pas toujours compréhensible, son équipe SD Worx a enfin vu juste, dans la brume pyrénéenne.

L'armada néerlandaise revient pourtant de loin, après les grossières erreurs des derniers jours, qui ont coûté des potentielles victoires au sprint à Lotte Kopecky, mais surtout vingt secondes de pénalité à leur leader : Demi Vollering. Jeudi, après avoir crevé en début d'étape, la Néerlandaise s'est abritée trop longtemps derrière la voiture de son directeur sportif, pour revenir dans le peloton, ce qui lui a valu cette pénalité qui aurait pu coûter cher. Début mai, Demi Vollering avait en effet perdu la Vuelta pour 9 secondes face à Annemiek van Vleuten. 

Souviens-toi l'été 2022

Cette grossière erreur ne restera toutefois qu'un mauvais souvenir pour la Néerlandaise. Et pour cause : sur l'étape reine de ce Tour de France 2023, la stratégie de la SD Worx a cette fois frôlé la perfection. Quand Annemiek van Vleuten a, comme attendu, lancé les hostilités dès la première ascension (le col de l'Aspin), Demi Vollering ne s'est pas affolée. En compagnie de Katarzyna Niewiadoma, elle a sauté dans sa roue, avant de ne prendre aucun relais.

"Le col de l'Aspin, c'était trop tôt pour attaquer. Ce n'était pas la peine. Dans la descente, ensuite, j'ai essayé de récupérer", s'est justifiée la leader de SD Worx, dont l'attitude a alors visiblement agacé Van Vleuten, incrédule et qui voyait Katarzyna Niewiadoma s'envoler seule en tête. Demi Vollering, elle, n'a pas paniqué. En refusant de rouler avec sa compatriote et rivale, qui lui a chipé la Vuelta en profitant d'une pause pipi, elle savait parfaitement que les poursuivantes, dont deux de ses coéquipières, allaient revenir. 

"C'était parfait pour moi ensuite, il y avait un bon rythme et ce n'était pas à moi d'attaquer, parce qu'il fallait sauvegarder le maillot jaune de Lotte", a développé Vollering. Et quand sa coéquipière, alors maillot jaune, a craqué, elle a pu lâcher les chevaux : "Quand j'ai entendu dans la radio que je pouvais y aller, j'y suis allée à fond. J'ai entendu qu'Annemiek était lâchée derrière, je n'y croyais pas. J'ai poussé, poussé". A tel point que Vollering s'est envolée.

La leader de la Team SD Worx, Demi Vollering partage ses premières émotions après sa victoire dans l'étape reine du Tour de France sur les pentes du Tourmalet et sa probable victoire dans l'épreuve à une étape du terme de la course.
Etape 7 (F) - Demi Vollering : " Quand j'ai pu, je suis partie à fond " La leader de la Team SD Worx, Demi Vollering partage ses premières émotions après sa victoire dans l'étape reine du Tour de France sur les pentes du Tourmalet et sa probable victoire dans l'épreuve à une étape du terme de la course.

En attaquant ainsi à cinq kilomètres de l'arrivée, elle a surtout évité le bras de fer prolongé avec Annemiek van Vleuten, celui-là même qui l'avait condamnée l'été dernier. A l'époque, Annemiek van Vleuten avait attaqué dès la première difficulté du jour. Seule Demi Vollering avait pu la suivre, un temps. A l'usure et au train, sans jamais se retourner, la championne du monde avait fini par distancer sa compatriote au bout d'un effort solitaire de 85 kilomètres. Monstre d'endurance, Van Vleuten a tenté d'appliquer la même stratégie ce samedi, en vain.

Van Vleuten, échec et mat

En refusant de rouler avec elle dans la descente du col de l'Aspin, Vollering a tué dans l'œuf les ambitions de Van Vleuten, alors que Niewiadoma, meilleure descendeuse, avait déjà fait le trou devant. Consciente de la supériorité de sa compatriote sur un effort long, elle a privilégié la violence d'une attaque tardive et pleine de punch sur le Tourmalet, rendue plus diabolique encore par le climat chaotique à cette altitude.

D'autant plus qu'elle pouvait compter sur des coéquipières pour assurer un train élevé, alors que Van Vleuten avait déjà grillé ses cartouches pour durcir la course avant le premier col et se trouvait, donc, seule. Plutôt que le bras de fer attendu entre les deux favorites, c'est donc au terme de cette partie d'échecs que la Grande Boucle 2023 a basculé. 

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