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Mondial de volley 2022 : Andrea Giani, la force tranquille de l'équipe de France

Le championnat du monde, qui a débuté vendredi, est le premier grand test de l'entraîneur italien depuis son arrivée à la tête de l'équipe de France, il y a six mois. 

Article rédigé par franceinfo: sport, Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
L'entraîneur Andrea Giani, légende du volley italien, lors des quarts de finale de la Ligue des nations, opposant la France et le Japon, le 21 juillet 2022, à Bologne (Italie). (MAXPPP)

Il est le nouvel atout des Bleus. L'Italien Andrea Giani est à la tête de l'équipe de France de volley depuis mars. Il a pris la suite du bref successeur de Laurent Tillie, le Brésilien Bernardinho, qui a démissionné à la surprise générale pour des raisons familiales, sept mois après sa prise de poste. Une nouvelle belle prise pour le clan tricolore, qui a su attirer une pointure mondiale de la discipline dans ses rangs. Car Andrea Giani, âgé de 52 ans, est une légende du volley italien.

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Son palmarès est colossal. Ancien central de la Nazionale, il a fait partie de l'âge d'or du volley italien entre les années 1990 et le début des années 2000. En équipe nationale, il a été deux fois médaillé d'argent aux Jeux olympiques, triple champion du monde, quadruple champion d'Europe, et vainqueur de sept ligues mondiales. Avec Modène, seul club avec Parme où il a joué, le natif de Naples a remporté également deux Ligues des champions. Seul le titre olympique lui manque encore.

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Pour relever ce "challenge exceptionnel" qu'est le coaching de la France selon ses mots, l'ex-joueur à la carrure imposante (1m96) et à l'aura naturelle a dû renoncer à l'équipe d'Allemagne, qu'il entraînait depuis 2016 et avec laquelle il s'était engagé jusqu'à la fin d'année. Une arrivée qui a ravi les joueurs français. "C'est une fierté de voir que notre équipe, son style et son identité plaisent. Cela montre que l'équipe de France a passé un cap, et que des entraîneurs de renom veulent nous accompagner", témoigne Jean Patry, élu meilleur pointu de la dernière Ligue des nations.

Sérénité et communication comme mots d'ordre

Intégré il y a seulement six mois au sein de l'équipe de France, Andrea Giani fait déjà l'unanimité. "C'est un grand manager d'hommes, assure Loïc Geiler, son adjoint. Il a une grande expérience en tant que joueur et entraîneur [il a aussi entraîné l'équipe nationale de Slovénie entre 2015 et 2016]. Il a l'habitude de coacher des stars comme sont nos joueurs aujourd'hui. Il a toutes les armes pour gérer ce poste." 

"C'est un entraîneur calme, qui apporte de la sérénité, tout en sachant parfaitement où il veut emmener l'équipe et les points à améliorer", confie Jean Patry. "C'est une force tranquille", confirme Laurent Tillie, ancien entraîneur des Bleus, et très bon ami de Giani. 

"Surtout, il nous donne confiance, ce qui est important pour les joueurs. Il ne va pas mettre de la pression sur un joueur ou sur l'équipe. Il est beaucoup dans l'écoute, le dialogue et le partage."

Jean Patry, pointu de l'équipe de France

à franceinfo: sport

L'écoute et la communication sont les maîtres-mots de la philosophie de Giani. Il l'expliquait d'ailleurs lui-même dans les colonnes de L'Equipe, le 12 avril 2022. "Il est important que les joueurs sachent ce que j'ai en tête, comment la semaine va se dérouler, ce que j'attends d'eux..."

Andrea Giani, entraîneur de l'equipe de France masculine de volley depuis mars, fait le point avec ses joueurs, lors d'un entraînement à l'Arena Futuroscope, près de Poitiers (Vienne), le 24 mai 2022.  (MAXPPP)

En parallèle de cette sérénité vantée par tous, il convainc aussi par sa rigueur sur le terrain et sa vision. "D'un point de vue technique, on fait beaucoup d'analyses vidéo et de statistiques qui nous permettent de voir les points de notre jeu à améliorer. C'est très utilisé par les entraîneurs italiens", souligne Jean Patry, qui évolue à Milan depuis l'été 2020.

Dans la lignée de Laurent Tillie

Mais sa grande force a été d'avoir su apprivoiser cette équipe de France, avec son état d'esprit et son jeu atypique. Il s'est positionné dans la continuité de Laurent Tillie. "Il est très ouvert, et il laisse le groupe exprimer cette touche de folie qui nous caractérise sur le terrain, se réjouit Jean Patry. C'était important avec un groupe comme le nôtre, qu'on garde cette liberté, ce brin de folie qui fait notre identité. Il a su respecter cela." Une particularité qu'il a saisie dès sa prise de poste. Et pour cause, la plupart des joueurs Français l'ont déjà côtoyé puisqu'ils jouent ou ont joué dans le championnat italien.

"Il a compris le groupe. Ce n'est pas quelqu'un qui impose, mais qui accompagne et dirige. Nous avons la même vision."

Laurent Tillie, ancien entraîneur des Bleus

à franceinfo: sport

"Beaucoup de coachs veulent imposer leur vision tactique et technique. Mais avec cette équipe de France, il ne faut pas imposer. Il faut guider et Andrea le fait très bien", appuie Laurent Tillie, "fier du travail réalisé" par son ami. "Ce n'est jamais évident de prendre la suite. Mais il a trouvé son discours, sa méthode, et les joueurs le suivent", confie encore Laurent Tillie.

La mission Paris 2024

Pour appliquer sa méthode, Andrea Giani peut compter sur son bras droit, Roberto Ciamarra, déjà son adjoint à Modène où il entraîne également. "Leur duo est très intéressant, glisse Loïc Geiler, son deuxième adjoint français. Andrea c'est le maître de la pratique. Il aime toucher les ballons, mettre en situation les joueurs. Derrière, Roberto est une bible théorique, tactique et technique, et cela forme un vrai équilibre."

En moins de six mois, la "méthode Giani" a déjà porté ses fruits. L'équipe de France a remporté, le 24 juillet dernier, sa troisième Ligue des nations (auparavant appelée Ligue mondiale) en battant les Etats-Unis. Prochain objectif : glaner l'or au championnat du monde, seul titre manquant au clan tricolore. Avant de se projeter vers une plus grande quête, celle du doublé olympique à Paris dans deux ans. Ce qui serait un exploit. Seuls l'URSS (1964, 1968) et les Etats-Unis (1984, 1988) ont réussi une telle performance. La mission est lancée.

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