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Voile : avec des duos obligatoirement mixtes, la Transat Paprec comme tremplin vers une plus grande féminisation

La voile passe un cap avec la Transat Paprec, qui pour la première fois sur une course transatlantique, impose uniquement des équipages mixtes au départ..
Article rédigé par franceinfo: sport, Julien Faure
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Elodie Bonafous et Corentin Horeau lors de la Transat en Double - Concarneau – Saint-Barthélemy 2021, à Concarneau, le 13 mai 2021. (NICOLAS PEHE / AFP)

C'est une innovation. Trois jours après la consécration de la navigatrice sud-africaine, Kirsten Neuschäfer, première femme à remporter un tour du monde en solitaire (la Golden Globe Race), la Transat Paprec, qui s'élance dimanche 30 avril pour relier Concarneau à Saint-Barthélemy, donne la part belle à la mixité. En effet, les 11 équipages au départ de cette transatlantique seront chacun composés d'un homme et d'une femme, nouvelle règle imposée cette année par l'organisation de la course.

Sur une transat qu'ont remportée des skippeurs comme Michel Desjoyeaux, Armel Le Cléac'ch, Charlie Dalin ou Jean Le Cam, Karine Fauconnier est la seule femme à avoir inscrit son nom au tableau des vainqueurs, en 2000, associée à Lionel Lemonchois. Une exception qui prendra donc fin à l'issue de cette édition 2023. Joseph Bizard, directeur général OC Sport Pen Duick, organisateur de la course, assume sa volonté de mettre en lumière les navigatrices : "On a besoin de donner de la visibilité aux femmes et qu’elles sachent qu’elles vont pouvoir naviguer au plus haut niveau sur cette course." 

Une nouvelle accueillie avec entrain

"On a un sport qui se prête parfaitement à l’équité. Cette course, qui se court en monotype [un bateau identique pour chacun est une course qui, par définition, se joue à armes égales. L’excellence de ce concept, c'est de profiter de cette épreuve pour faire la part belle aux femmes de notre sport et les mettre à l’honneur dans une course qui sera la première course en double mixte transatlantique."

Pourtant, la voile, où hommes et femmes participent à la même épreuve dans les mêmes conditions (comme en équitation ou dans les sports automobiles), a été marquée, dans son histoire, par quelques grands noms de navigatrices. Florence Arthaud, première et seule navigatrice à avoir remporté la Route du Rhum en 1990, Isabelle Autissier, recordman de la traversée New York-San Francisco en 1994, Ellen MacArthur, recordman du tour du monde à la voile en solitaire en 2005 après avoir fini 2e du Vendée Globe en 2001, ont toutes écrit de belles pages de la voile... Mais c'est bien la première fois qu'une course transatlantique impose la mixité. 

Cette innovation semble avoir conquis les participants. Arthur Hubert, engagé avec MonAtoutEnergie.fr, applaudit ainsi une initiative qui "s’inscrit dans l’air du temps et qui est pertinente", tout comme celle avec qui il fait équipe, Julia Colombe, qui souligne "une règle novatrice et très intéressante". Gaston Morvan (Région Bretagne-CMB Performance) va dans le même sens : "Je suis persuadé que ce changement ne va pas dénaturer la course."

Même cette obligation faite aux concurrents ne semble pas poser de problème : "C’est nécessaire que ça soit obligatoire afin que ça ne le soit plus à l’avenir", affirme Edouard Golbery (Race for Science-Verder). Pour Pauline Courtois (Mutuelle Bleue),  "ça ouvre plein d’opportunités pour les filles. ll n’y aura jamais eu autant de navigatrices à participer à la Transat Paprec."

Peu d'équipages, pas un soucis pour autant

Sur une course qui, jusqu'ici, n'avait jamais compté moins de 15 équipages au départ, ce nombre de 11 duos ne fait frémir Joseph Bizard. D'une part, parce qu'"on ouvre une filière", et d'autre part, parce que "la dynamique [des participants] va forcément être croissante". Surtout, le patron de l'organisation insiste sur l'intérêt sportif : "Bien entendu, on souhaite qu’il y ait le plus de femmes possibles, donc un maximum de bateaux. Mais la monotypie a ça pour elle : les bateaux sont très proches en termes de performance, les équipages sont très proches en termes de niveaux de performance. Donc si on fait des courses pour que ce soit passionnant à suivre, c’est parce que sportivement c’est passionnant. Là, avec 11 équipages, ça va être hyper serré et la transatlantique va être passionnante."

D'autant plus que le manque d'équipages résulte aussi d'une certaine logique. "C’est évident que lorsque l’on met une contrainte comme celle-là, on ne va pas du jour au lendemain, alors que l’on a que huit femmes sur la Route du Rhum [sur 131 concurents] et cinq sur une Solitaire du Figaro, subitement découvrir qu’il y avait 40 femmes au plus haut niveau, capables de faire une transatlantique."  Avec une moyenne d'âge d'un peu moins de 30 ans (contre plus de 30 ans pour les hommes), les onze femmes engagées dans la course ont l'avenir devant elles. Notamment Violette Dorange (21 ans) qui, à bord d'Edenred, forme, avec Basile Bourgnon (20 ans), l'équipage le plus jeune de la flotte.

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