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Vidéo Voile : embarquement à bord du catamaran volant de l'équipage français sur le circuit Sail GP

C’est un spectacle unique qui va avoir lieu tout le week-end au large de Saint-Tropez, dans le Var. Les bateaux à voile les plus rapides du monde vont s’affronter à l’occasion du circuit mondial de Sail GP. Franceinfo a pu monter en exclusivité sur le bâteau français.

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'équipe de France s'entraîne sur son F50 avant une étape du circuit mondial de Sail GP à Saint-Tropez, septembre 2001. (JEROME VAL / RADIOFRANCE)

Ces bateaux atteignent des vitesses phénoménales en volant au-dessus de l’eau. Un spectacle que l'on peut apercevoir au large de Saint-Tropez, dans le Var, samedi 11 et dimanche 12 septembre à l’occasion du circuit mondial de Sail GP où ces bateaux à voile les plus rapides du monde vont s’affronter lors de plusieurs régates. 

Sur cette autoroute de la mer, dans la baie de Saint-Tropez, il n’y a aucune limitation de vitesse. Les paysages défilent, le vent claque. Le F50 aux couleurs de la France, un catamaran de 15 m de long pour 8,8 m de large, prend rapidement de la vitesse. Quelques secondes seulement et cet engin surpuissant s’envole au-dessus de l’eau. À bord, chacun des cinq équipiers est à son poste. À chaque manœuvre, il faut changer de bord en courant sur les trampolines du bateau. Un exercice d’équilibriste.

Dans cette ambiance très sonore, les communications se font par liaison radio alors que les équipiers sont très proches les uns des autres. "Quand on est à la manivelle ensemble, face à face, on a nos têtes qui se touchent presque à 20 ou 30 cm, raconte Olivier Herledant, l’un des deux "grinders" du bateau, ceux qui manipulent la manivelle pour la régulation de la voile rigide. "Si on se parle normalement, on ne s’entend pas", explique-t-il.

Des bateaux lancés à près de 100 km/heure

Ces F50, les anciens bateaux de la Coupe de l'America de 2017 aux Bermudes, volent grâce à de puissants foils qui les propulsent hors de l’eau. Ces catamarans sont taillés pour la vitesse. "Naviguer à 80 km/h, c’est à peu près normal maintenantC’est plus l’approche des 100 km/h qui devient dangereuse, explique Billy Besson, le barreur de l’équipe. On n'atteint pas souvent les 100 km/h mais ça devient la limite mécanique du bateau."

"En bateau à voile, c’est comme si c’était le mur des 300 km/h en voiture."

Billy Besson, barreur de l'équipe de France

à franceinfo

Ce bateau est un concentré de technologies. Ici, pas de bouts, pas de cordes et une seule manivelle. Pas de voile non plus mais une aile rigide très technique. En revanche, il y a partout des boutons et des pédales pour faire avancer cette machine. "J’ai cinq pédales et sept boutons sur la barre à roue, poursuit Billy Besson. Et j’ai aussi des poignées sur la barre, comme sur les motos, pour pouvoir contrôler la hauteur de vol."

Un vol de haute précision supervisé par François Morvan qui est "contrôleur de vol". Lui aussi manipule des boutons et des molettes mais ne lui dites pas qu’il est dans un jeu vidéo plutôt que sur un bateau. "On est toujours sur un bateau parce qu’on a une intéraction avec le vent et celui qui est dans la risée et un vent plus fort va aller plus vite, explique-t-il. On a exactement les mêmes problématiques qu’un bateau à voile classique mais en plus rapide et avec des paramètres supplémentaires."

"Tu te dis qu’il ne faut pas faire d’erreur"

"C’est vrai qu’on se rapproche plus de l’aéronautique et de la Formule 1 que de la voile classique", confirme l’un de ceux qui connaît le mieux ces bateaux, Bruno Dubois, Team Manager de l’équipe de France (baptisée dans ce circuit mondial "France SailGP Team"). Mais avec ces vitesses folles, le danger est permanent : chavirage, équipiers à l’eau ou pire. "On risque d’être coupé carrément à cause des grands foils, explique Olivier Herledant. Ça nous est déjà arrivé il y a quelques années avec un skipper, Franck Cammas, qui s’était coupé le pied. C’est clairement un des gros dangers identifiés sur ces bateaux-là."

"On s’attache au bateau. C’est un peu particulier parce que si on chavire, on reste un peu sous l’eau. Mais c’est le compromis qu’on a trouvé pour éviter les plus gros risques."

Olivier Herledant, grinder

à franceinfo

D’où des normes de sécurité accrues. L’équipement s’apparente à une véritable tenue de combat pour ces marins : un casque pour protéger la tête, un harnais comme chez les grimpeurs en montagne, une veste renforcée pour limiter les impacts, une petite bouteille d’oxygène en cas de séjour prolongé dans l’eau et même un couteau. "Ça arrive d’avoir peur, sourit Matthieu Vandame, l’autre grinder de l’équipage tricolore. Tu te dis qu’il ne faut pas faire d’erreur à ce moment-là."

"Il y a encore des accidents mais quand on chavire, il n’y a plus de grosses casses, renchérit Bruno Dubois, le manager de l’équipe française. On a une sécurité accrue à bord des bateaux. On remet le bateau droit et on repart assez vite." Mais tous l’affirment, la vitesse et le risque sont l’adrénaline de ce sport très spectaculaire. Et personne n’est prêt à en faire le sacrifice.

Voile : le reportage de Jérôme Val à bord du F50 tricolore, au large de Saint-Tropez

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