Pendant le Vendée Globe, les proches des skippers gèrent l'inquiétude : "On ne dort pas très sereinement"
Pour les proches des marins du Vendée restés à terre, le tour du monde n'est pas un moment évident à vivre. Rencontre avec la compagne et le père de l’un des 33 solitaires en course.
Au moins 70 jours sans se voir. Pendant le Vendée Globe, les 33 skippers engagés se retrouvent loin de leur famille, le temps de faire le tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance. Kevin Escoffier a déjà trois tours du monde à la voile à son actif mais c’est son premier en solitaire. Sa compagne Sabrina commence à s’habituer à ces longues absences. "On apprend à vivre avec", assure-t-elle. Mais un tel exploit est ponctué parfois de moments difficiles à gérer. "Certaines fois, quand je vois la météo et ce qu’ils annoncent, on ne dort pas très sereinement", confie-t-elle à franceinfo.
Autre difficulté : trouver les mots justes pour rassurer les enfants. "J’essaye de ne pas tomber dans cette peur, poursuit Sabrina, parce qu’une fois qu’elle s’installe, c’est trop anxiogène et il faut préserver les enfants. Si on commence à stresser, ça se ressent à la maison et ça crée des climats pas très agréables pour les enfants. Ça a des répercussions".
Des échanges tous les jours entre le bateau et la terre
Si tout va bien pour lui, Kevin Escoffier ne sera pas de retour avant deux mois et demi. Durant cet éloignement, il y a un "contrat" entre lui et sa compagne : donner des nouvelles tous les jours. "C’est lui qui veut de mes nouvelles tous les jours ! rigole la jeune femme. Qu’est-ce que les enfants ont fait à l’école aujourd’hui, comment ça s’est passé pour toi au boulot, comment va la famille ? On échange sur des informations de la vie quotidienne, mais très peu sur le bateau. On communique beaucoup par messages et par mail, on n’aime pas le téléphone."
Pour Sabrina, ce Vendée Globe sera fait de quelques moments d’angoisses mais c’est surtout un événement incroyable à vivre en famille. Quand on demande à leur petite fille qui court près du monocoque ce que fait son père, la réponse est simple : "Papa fait du bateau". "Il y a l’absence, la gestion des enfants, la peur, reconnaît-elle. Mais c’est un moment extraordinaire. Les enfants sont tellement fiers de leur père, on vit des moments en famille très forts avec les grands-parents, nos frères et nos sœurs, les amis... C’est super aussi." Pour Sabrina, le plus dur reste la première et la dernière semaine de course. Entre les deux, la famille Escoffier est "en mode automatique".
"Je suis tout le temps connecter pour voir la progression du bateau"
Vivre la course par procuration, c’est aussi ce que le père de Kevin Escoffier, Franck-Yves, lui-même ancien skipper et vainqueur de plusieurs Transats Jacques-Vabre, retient du défi réalisé par son fils. "Ça va être génial et ces deux mois et demi vont passer à vitesse grand V avec tous les aléas d’une course importante et tous les risques qu’on peut encourir... Le problème, c’est que je suis tout le temps connecté pour voir la progression du bateau, raconte-t-il. Ma femme me dit que ça va être intenable."
En attendant son retour à terre, Sabrina ne prendrait la place de son compagnon-marin pour rien au monde à cause des bateaux très inconfortables et très bruyants. "On entend les alarmes, le bateau qui craque... On se dit que ce n’est pas possible de tenir à bord. Je lui dis souvent pour rigoler quand il rentre de course : tu parles hyper fort. Après avoir passé plusieurs jours dans son bateau, il a les oreilles qui bourdonnent. Avec cet inconfort, je me dis qu’il faut vraiment avoir envie d’y aller !"
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