Trophée Jules-Verne : "Si on ne part pas aujourd’hui, il n’y a rien pendant une semaine", assure Charles Caudrelier avant le départ avec Gitana 17

"Atypique." Le jugement du Gitana Team sur la fenêtre météo peut laisser perplexe. Mais après un dernier briefing dans la soirée, la décision tardive a été prise de larguer malgré tout les amarres : après un faux-départ mi-janvier, le maxi-trimaran Edmond de Rothschild-Gitana 17 va s'élancer, dimanche 12 février, de l'île d'Ouessant (Finistère) dans une tentative autour du monde en équipage, avec à son bord Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs quatre équipiers.

Vainqueur de la dernière Route du rhum, le Breton fait confiance au même équipage que lors des deux tentatives précédentes, en 2020 et 2021. Temps à battre : 40 jours 23 heures et 30 minutes, chrono établi par Francis Joyon et les siens en janvier 2017. Le contre-la-montre est lancé. Au large de Lorient, au sortir d’une petite sieste (!) à bord, Charles Caudrelier fait le point avant le grand départ.

Franceinfo:sport : Tentez-vous un coup de poker en partant ce dimanche avec ces conditions météo ?

Charles Caudrelier : Ce n’est pas un coup de poker. On a passé des heures à réfléchir, on n’est jamais sûr à 100 %. Si on ne part pas aujourd’hui, il n’y a rien pendant une semaine. On tente, quitte à revenir. Le passage clé qui nous ennuie est à huit jours. C’est original, ce n’est pas une situation classique, mais le bateau le permet.

Dans quel état d'esprit êtes-vous à l'aube du départ ?

On est impatient. Le stand-by n'est pas une période agréable, au niveau personnel et aussi pour l’équipe, avec des problèmes logistiques compliqués. Depuis plusieurs semaines on surveille la météo, avec des hauts et des bas, à la recherche d’une fenêtre idéale qu’on ne trouvera sans doute jamais.

Ce bateau peut-il aller chercher le record de Francis Joyon et ses 40 jours en 2017 ?

Je veux aller découvrir les mers du Sud avec ce bateau la, parce qu’on n’y est pas allé souvent. Mon bateau est-il capable de faire un tour du monde ? Aujourd’hui, on n’a pas dépassé les quinze à vingt jours avec un bateau en parfait état. C’est la fiabilité qui va jouer, certainement. Pour battre le temps, il faut passer 60 à 70 % du temps en vol. Si on ne vole que 50 % du temps, je ne suis pas certain qu’on le batte.

Craignez-vous des difficultés au passage de l'hémisphère sud ?

On n’a pas beaucoup de marge avec notre bateau. On peut gagner du temps dans la descente de l’Atlantique. Ensuite, dans l’océan Indien, c’est quasi impossible d'en reprendre. Dans l’hémisphère sud, cet hiver les glaces sont très nord. Ça va nous obliger à rallonger la route beaucoup plus que Francis Joyon. L’hémisphère nord est très bon, le sud pas certain. On verra bien !