Trophée Jules-Verne : Charles Caudrelier, le tour du monde après l’Atlantique
Paris, Genève, Morzine, La Trinité… Depuis cette Route du rhum express – 6 jours 19 heures 47 minutes, record de l’épreuve – Charles Caudrelier enchaîne les obligations professionnelles et médiatiques. "Il y a des courses comme ça qui changent la perception que les gens ont de toi, reconnaît le skipper breton. Ces courses de référence marquent le public. Des courses, on en gagné, beaucoup, mais juste avec celle-là, les gens te considèrent différemment. Le regard des autres change, mais pour moi ça ne change pas grand-chose." Les fêtes s’annoncent compliquées, car débute le fameux stand-by, cette période d’incertitude où il faut être prêt à partir, à tout moment. Jamais simple de larguer – peut être – les amarres entre Noël et le jour de l’An.
Objectif quarante jours
Trente ans après Bruno Peyron, le trophée Jules-Verne fascine toujours autant. Depuis l'aîné des frères Peyron, premier à passer sous la barre fatidique et historique des quatre-vingts jours, ils ne sont que cinq autres téméraires à avoir – au moins une fois – battu successivement le record. Et non des moindres : Sir Peter Blake, Olivier de Kersauson, Franck Cammas, Loïck Peyron et Francis Joyon. Soit, depuis 1993, neuf réussites seulement pour 24 tentatives infructueuses. "Le Jules-Verne m’a fait rêver étant jeune. C’était Bruno Peyron, j’aimais son bateau, c’était des pionniers… Après, ça m’a moins intéressé, je trouvais que c’était un peu la loi du bateau et de l’enchainement météo. Il fallait boucler le tour du monde."
Aujourd’hui encore, boucler la boucle n’a rien d’une évidence. Depuis cinq ans et ce temps de référence de 40 jours 23 heures 30 minutes (pour une moyenne de 21,96 nœuds), Francis Joyon laisse les autres s’y casser les dents. Ainsi, le duo Caudrelier/Cammas s’y essaye pour la troisième fois depuis 2020 ! "J’ai très envie d’aller battre ce record car on a échoué déjà deux fois. La barre des quarante jours n’est pas loin, on en rêve. Gitana est le premier bateau volant à tenter ça. De l’avoir tenté, ça me donne envie de réussir. C’est redevenu un objectif."
En solo l’hiver prochain
Un premier objectif, avant la grande affaire. Un autre tour du monde, en solitaire celui-ci, programmé pour l’hiver 2023. Pas un record, mais une vraie course : l’Arkea Ultim Challenge, une confrontation entre trimarans géants (Ultim 32x23) de Brest à Brest. "On ne navigue pas beaucoup avec nos bateaux, pas assez en tout cas, c’est techniquement compliqué, constate le vainqueur de la Route du rhum, impatient. Mon objectif l’année prochaine, c’est le tour du monde en solitaire. Si on arrive à boucler ce tour, c’est un avantage énorme, une expérience énorme. Je vois ça comme la meilleure des préparations. C’est un gros atout par rapport à mes camarades."
Pour l’heure, place au Jules-Verne. Le secret ? Trouver la bonne fenêtre météo. En 2017, tous s’accordent à dire que Francis Joyon et son équipage commando (cinq équipiers seulement !) avaient bénéficié d’une météo exceptionnelle. Un enchainement idyllique des systèmes et des dépressions. Paradoxalement, le Jules-Verne est aussi une question de patience. L’attente peut être longue avant de rejoindre Ouessant, ligne de départ fictive de ce contre-la-montre sans assistance et sans escale. En stand-by à Brest depuis le 24 octobre, un autre skippeur poursuivant le même objectif, Yann Guichard (Sails of Change), ne voit toujours rien venir. Charles Caudrelier et les siens se donnent jusqu’à fin février pour larguer les amarres.
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