Transat Jacques-Vabre : "On est arrivé à maîtriser ce bateau après deux ans de travail", savoure Armel Le Cléac’h, vainqueur en Ultim
"On est arrivé avec l'équipe à maîtriser ce bateau après deux ans de travail", a témoigné lundi 13 novembre sur franceinfo le navigateur Armel Le Cléac’h, vainqueur avec Sébastien Josse de la Transat Jacques-Vabre dans la catégorie Ultim. Ils ont passé dimanche soir la ligne d'arrivée à Fort-de-France (Martinique) à 18h19 heure locale (23h19 en France métropolitaine) à bord de leur trimaran Maxi Banque Populaire XI. "On profite de cette victoire, savoure Armel Le Cléac’h. C'était l'objectif de la saison et on a réussi à faire une super course." Le navigateur témoigne du côté "impressionnant" de ces "bateaux qui volent".
franceinfo : Dans quel état d'esprit êtes-vous après cette victoire ? Entre fatigue et grande joie ?
Armel Le Cléac’h : On profite de cette victoire. Et puis surtout, on essaie d'enchaîner. Il y a pas mal de sollicitations depuis qu'on est arrivé. En plus, avec le décalage horaire, il a fallu se lever tôt ce matin. Donc la nuit a été courte. Mais c'est un grand plaisir de gagner avec Banque Populaire, avec Sébastien, cette Transat Jacques-Vabre.
"C'était l'objectif de la saison et on a réussi à faire une super course et rester devant les autres concurrents qui nous ont donné du fil à retordre."
Armel Le Cléac’hà franceinfo
La victoire, vous connaissez bien, mais surtout en solitaire et en monocoque. En multicoque, vous n'y arriviez pas. Est-ce que c'est aussi la fin d'une malédiction pour vous ?
C'est vrai que pour l'instant, ça se refusait à moi de gagner une grande course en multicoque. Ce sont des bateaux compliqués, des bateaux exigeants. Il y a eu des avaries. Ça fait partie aussi de l'expérience pour progresser. J'ai eu notamment la Route du Rhum, en 2022, qui s'était mal passée. On est revenu. On a travaillé encore plus fort avec l'équipe. Et cette année, ça a marché. Tant mieux. On espère que c'est le début d'une bonne série.
Vous parlez de bateaux plus exigeants. Qu'est-ce que ça change ?
Il faut imaginer que ces bateaux, les Ultim, ce sont des grands bateaux. Ils font 32 mètres de long par 23 mètres de large. Ils ont un mât qui a quasiment 40 mètres au-dessus de l'eau. Ce sont des grosses machines et ça va très vite. Pour les maîtriser, pour les manœuvrer, cela demande beaucoup d'heures d'entraînement, de préparation, d'expérience. Et pour que tout s'aligne bien, cela demande beaucoup de temps. On est arrivé avec l'équipe à maîtriser ce bateau après deux ans de travail. Ce sont des bateaux qui volent. Donc on a cette sensation incroyable de vraiment aller très vite sur les océans.
On a fait 14 jours de course, on a quasiment fait 10 000 milles de navigation, donc c'est presque 20 000 kilomètres parcourus. C'est l'équivalent d'un tiers du tour du monde. Ça va vite avec ces bateaux-là, c'est impressionnant. On s'en rend compte parce qu'on croise de temps en temps des cargos ou même des bateaux de plaisance. Ils sont toujours impressionnés. Ils nous appellent à la VHF, ils nous disent : "C'est quoi votre fusée qui passe à côté de nous ?" C'est ce qui nous a permis aussi de partir avant la tempête qui a sévi en Bretagne il y a quelques jours. Nous, avec les outils, on a pu partir avant que la météo ne se déchaîne. Et les autres catégories qui sont encore en mer ont dû patienter quelques jours supplémentaires au port.
Vous avez partagé cette victoire avec Sébastien Josse. Qu'est-ce que cela change par rapport à vos succès en solitaire ?
Travailler, naviguer en double, c'est complètement différent parce que ce n'est pas la même ambiance, ce n'est pas le même stress. On partage beaucoup de choses ensemble. Sébastien avait déjà gagné la Transat Jacques-Vabre il y a dix ans, donc il connaissait un petit peu la méthode. Moi, c'était ma huitième participation, je n'avais pas encore gagné. On a pris beaucoup de plaisir sur cette transat. On a vécu des grands moments mais aussi des moments difficiles. Donc on a vraiment savouré cette victoire hier soir parce qu'on sait que ça n'arrive pas tous les jours.
"Il y avait beaucoup de monde pour nous accueillir en Martinique, il y avait quasiment 6 000 personnes sur les quais. C'était une belle fête. Ça fait du bien de voir aussi des ondes positives ici sur place."
Armel Le Cléac'hà franceinfo
Vous reviendrez aux Antilles accompagné d'une flamme olympique sur le bateau. C'est vous qui allez faire la traversée avec la flamme. Est-ce que vous y pensez déjà ?
On a cette mission, qui nous a été confiée par Paris 2024, de traverser l'Atlantique avec la flamme à bord. On va partir de Brest le 7 juin 2024 pour l'amener, d'abord en Guadeloupe, et puis en Martinique. On sera avec un équipage. Sébastien sera aussi avec moi. Ce sera un peu moins sportif. Mais il faudra être à temps parce qu'il y a un timing bien serré. Et puis surtout, il faudra prendre soin de la flamme pour ne pas qu'elle s'éteigne pendant la traversée.
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