Transat Jacques Vabre : du jeu Virtual Regatta au départ réel de la course, le "rêve de gosse" de Basile Buisson
Le fin marin derrière un écran deviendra-t-il un skippeur à l'aise sur les flots ? Cette folle histoire est celle de Basile Buisson, 34 ans, officier dans la marine marchande sur un remorqueur. Grand adepte du jeu en ligne Virtual Regatta depuis le dernier Vendée Globe en 2020, Basile Buisson a été sélectionné il y a cinq mois pour participer à la Transat Jacques Vabre et devenir le co-skipper de Kieran Le Borgne, en Class 40 (Google Chrome). L'apprenti marin a remporté le jeu-concours Du virtuel au réel, organisé pour la première fois par Virtual Regatta et les organisateurs de la Route du café.
Le natif de Marseille a été sélectionné parmi 10 000 concurrents et a franchi plusieurs étapes de sélection, dont, sur la fin, des tests physiques, de connaissances et de navigation. Pratiquant la voile depuis l'âge de 7 ans, "mais toujours entre des bouées", Basile Buisson découvre depuis l'intérieur du monde très fermé de la course au large. Pour franceinfo: sport, il revient sur ce "rêve éveillé".
franceinfo: sport : Vous allez participer à votre première transatlantique, grâce au jeu concours Du virtuel au réel. C'est une histoire hors du commun. Est-ce que vous réalisez ?
Basile Buisson : Oui, c'est complètement fou ! C'est un rêve de gosse qui se réalise. Le genre de rêve qu'on pense ne jamais réaliser. C'est une première dans le monde de la voile, et même dans le monde du sport, même si une expérimentation a déjà été menée en sport automobile. Il s'agit d'une occasion unique. J'ai encore du mal à réaliser que d'ici à trois jours [l'interview a eu lieu jeudi], je serai sur la ligne de départ de la Transat Jacques Vabre.
Vous allez participer à l'une des plus célèbres courses au large. Est-ce que vous appréhendez ?
Oui, forcément, surtout au vu des conditions météo prévues pour le départ. Cela va être très costaud. On va se faire secouer. Et même une semaine après le départ, il va falloir serrer les dents sur certains passages. Ensuite, quand nous serons dans les alizés, le bateau va glisser et cela ne sera que du bonheur.
Vous êtes associé à Kieran Le Borgne, skippeur professionnel. Comment votre binôme s'est-il formé ?
Quand le concours a été lancé, lors de la Transat Jacques Vabre en 2021, les organisateurs ont commencé à en parler aux skippeurs. Kieran en a entendu parler et s'est positionné pour faire partie de l'aventure. Il cherche du sens dans sa navigation et il aime transmettre son expérience de la course au large. C'était une évidence pour lui.
Vous avez été sélectionné il y a cinq mois seulement. Comment se prépare-t-on à cette course en aussi peu de temps ?
C'est très court en effet. Nous nous sommes préparés du mieux que l'on a pu dans ce temps donné. Nous avons eu de la préparation en navigation en équipage, afin d'apprendre à connaître le bateau et les manœuvres dans les meilleures conditions possibles. Ensuite, on a travaillé de plus en plus seuls, et effectué des navigations de plus en plus longues.
Nous avons aussi eu une préparation portant sur les connaissances techniques du bateau. Nous allons vivre dedans, il faut donc le connaître dans ses moindres détails, notamment pour savoir le réparer en cas de casse. Nous avons aussi réalisé un travail de recherche de partenaires pour nous accompagner dans ce projet, ce qui faisait aussi partie du processus de la course.
"Le monde de la voile est un monde que l'on connait par les médias, mais le vivre de l'intérieur, c'est vraiment un effet "waouh". C'est très impressionnant."
Basile Buisson, skippeur engagé sur la Transat Jacques Vabreà franceinfo: sport
Dans cette préparation express, avez-vous également reçu des conseils pour vous adapter à la vie quotidienne sur un bateau, dans un lieu étroit, avec des micro-siestes notamment ?
Pour les micro-siestes, j'ai eu le meilleur entraînement avec mon enfant qui a 1 an et demi (sourire). Pour le reste, la meilleure préparation est de naviguer encore et encore. Nous n'avons pas eu l'occasion de faire de grandes navigations avec Kieran. Nous avons seulement participé, en juillet dernier, à la Rolex Fastnet Race, une course qualificative pour la Transat, qui a duré quatre jours.
Les conditions ont été très difficiles, ce qui a été très formateur. Nous nous sommes ainsi testés, et nous avons aussi pu voir si le bateau était solide ou non. On a vécu un peu toutes les situations que l'on peut avoir sur le bateau. Cette course nous a mis en condition.
Vous naviguez avec un bateau vieux de quatorze ans, avec lequel Thomas Ruyant a gagné la Route du rhum en Class 40 en 2010. Cela vous inspire-t-il ?
C'est très rassurant, car il s'agit d'un bateau solide, qui navigue bien, qui est très franc. C'est chouette d'avoir un bateau sur lequel on peut avoir confiance. En plus, je trouve cela plus simple d'apprendre sur ce type de bateau que sur les nouveaux. Pour une première expérience, c'est génial.
Qu'attendez-vous de cette course ? Avez-vous un objectif ?
Nous avons l'un des bateaux les plus âgés de la flotte, donc jouer les premières places ne sera pas chose facile. Mais nous donnerons avec Kieran notre maximum, et tous les bateaux que l'on pourra mettre derrière nous, on les mettra derrière. Notre premier but était d'être au départ, cette mission est remplie. Maintenant, l'objectif est d'arriver en Martinique.
Pensez-vous déjà à l'après ? Rêvez-vous encore plus grand et plus loin, pour continuer cette aventure dans le monde de la voile ?
Notre but est déjà de réussir cette Transat et de profiter de cette expérience unique. Pour la suite, nous verrons bien. Si j'ai une opportunité de partir sur d'autres courses au large et de continuer de naviguer avec Kieran, je la saisirai avec plaisir et le rêve ne fera que continuer. Aujourd'hui, j'ai saisi une opportunité qui me permet de vivre un rêve éveillé. Pour le reste, nous verrons bien ce que l'avenir me réserve.
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