Desjoyaux: "80% du résultat se fait avant le départ"
- Peut-on vous demander comment un marin de moins en moins jeune va-t-il se débrouiller avec un bateau à peine né?
- "D'abord, le marin n'est pas si vieux que cela, tout simplement parce qu'il est resté jeune dans sa tête ! Ensuite, le bateau n'est pas si jeune que cela puisqu'il a brillamment avalé sa qualification. Je partirai ainsi avec un 'adulescent' sous les pieds. D'ores et déjà, il ne demande qu'à bien grandir, à s'améliorer. Et il devrait en plus me donner encore une occasion de rester jeune dans ma tête."
- Quand même, partir aussi vite en course avec un bateau construit en six mois et ayant juste 1.500 milles au compteur, c'est culotté, non?
- "Non, c'est avoir une vision un peu réductrice de notre travail ! A notre niveau, 80% du résultat se fait avant le départ. Comme ma confiance est totale dans le travail d'équipe, je pars sans aucune appréhension. Certes, ce bébé est tombé du berceau il y a un mois. A une tonne près, il est tellement jumeau du précédent que son éducation se fait en accéléré."
- En fait, le culot n'aurait-il pas été de vous engager dans la catégorie dite 'ultime', réservée aux maxi-multicoques de 60 pieds et plus?
- "Non, absolument pas ! Un, ce n'est pas à la taille du pinceau qu'on voit la qualité de l'artiste. Deux, chez les monos de 60 pieds, comme nous serons tous aux mêmes normes, l'équité sportive sera respectée. Donc, concurrence et compétition seront acharnées, justes, loyales, comme j'aime. Concourir dans une catégorie disparate n'est pas mon truc."
- Et rattraper les 'maxi-multis' voire les doubler?
- "L'histoire de la Route du Rhum prouve que les multis 60 pieds filent largement au-dessus des monos. Alors, je ne vois vraiment pas comment faire le poids face à eux, surtout face à ceux mesurant plus, voire largement plus de 60 pieds. Envisager de les battre n'a vraiment aucun sens."
- Combien de temps pensez-vous mettre pour rallier Pointe-à-Pitre?
- "Entre 11 et 13 jours (en monocoque 60 pieds, Roland Jourdain a gagné en 12 jours et 11 heures en 2006, NDLR)."
- Comment définiriez-vous la Route du Rhum?
- "Au début, on est frais et dispo. Entre les deux, on file comme une lettre à la poste. Sur la fin, on se laisse pousser par les alizés. Sympa, non ? Quand on a la chance de ne pas lutter, cette course est facile. Sinon, elle est compliquée. Et puis, surtout, il ne faut jamais oublier qu'elle se déroule très vite."
- Quel est votre secret pour baigner ainsi dans la réussite que ce soit en multicoques ou en monocoques?
- "Tous les après-midis, comme un petit vieux, je fais ma sieste dans mon lit. Vingt-cinq ans que cela dure et, au final, ça me réussit assez bien."
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