Violences sexuelles: la justice enquête sur des accusations sans précédent dans l'athlétisme français
Dans ces deux affaires, révélées par Le Monde, les plaintes des athlètes ont poussé la justice à lancer des investigations. Le parquet de Créteil vient d'ouvrir une enquête pour "viol, agression sexuelle et harcèlement sexuel" à l'encontre de M. Samba, après avoir reçu mi-mars un signalement de la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale. Une de ses anciennes sprinteuses, aujourd'hui âgée de 21 ans et qui souhaite rester anonyme, l'accuse de faits qui se seraient déroulés entre "avril et juillet 2016", selon le parquet. La police judiciaire du Val-de-Marne est chargée d'éclaircir l'affaire.
Ces révélations ont fait l'effet d'une bombe dans le milieu de l'athlétisme français, où M. Samba est un entraîneur de premier plan. Il a notamment conduit Dimitri Bascou à une médaille de bronze sur 110 m haies aux derniers JO de Rio 2016 et s'est occupé jusqu'en 2014 de Cindy Billaud et de Pascal Martinot-Lagarde, détenteurs des records de France du 100 m haies et du 110 m haies. Ce dernier, qui tenait le rôle de chef de file pendant les entraînements de M. Samba, a apporté, sur Twitter, son "total soutien aux femmes qui ont eu le courage de s'exprimer".
Les méthodes de ce coach de 40 ans sont aujourd'hui dénoncées par d'autres athlètes féminines. "C'est un pervers narcissique", a témoigné une de ses anciennes protégées du club de Créteil, sur l'antenne de RMC Sport. "A chaque fois qu'il nous montrait un exercice ou qu'il expliquait quelque chose, il y avait toujours un rapport avec le sexe".
La FFA se défend
L'entraîneur national Pascal Machat est lui visé par une enquête pour agression sexuelle, ouverte début mars après une plainte de la sportive Emma Oudiou, selon le parquet de Fontainebleau. Spécialiste du demi-fond, plusieurs fois sélectionnée en équipe de France, la jeune femme dénonce des faits survenus en 2013 et 2014 à l'étranger. Des accusations contestées par l'intéressé, a assuré à l'AFP son avocat Hubert Delarue. A l'heure de la libération de la parole sur les abus sexuels dans le sillage de l'affaire Weinstein, la Fédération française d'athlétisme (FFA) a tenu à se défendre de toute inertie dans ces deux affaires, qu'elle assure prendre "très au sérieux".
La commission de discipline de la FFA a été saisie: elle doit examiner le cas de M. Machat en avril et celui de M. Samba en mai. Concernant ce dernier, la direction de l'US Créteil assure qu'elle "tirera toutes les conséquences disciplinaires de cette affaire, si les faits s'avèrent exacts". L'entraîneur de Créteil "n'est pas un cadre d'Etat, il est salarié d'un club", a rappelé à l'AFP le président de la fédération, André Giraud. La FFA va adresser un courrier à l'US Créteil pour demander "que Giscard Samba soit écarté des séances d'entraînement jusqu'à ce que l'affaire soit clarifiée", mais elle "ne peut faire que des recommandations".
Lorsque les premières rumeurs concernant M. Samba lui sont remontées en 2017, la fédération avait ordre "de ne pas entraver l'enquête de la Direction régionale de la jeunesse et des sports", selon M. Giraud. Quant aux accusations contre M. Machat, "on a été les premiers informés et on a agi dans les jours qui suivent, à la mi-janvier", a assuré le président. Depuis, l'entraîneur national "est dans un bureau". Il ne doit plus être en contact avec des athlètes "tant que l'affaire n'est pas tirée au clair".
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