Un nouveau Lemaître prêt à se tester aux Penn Relays
Une « claque », dans le mauvais sens du terme. Selon son propre aveu, Christophe Lemaître sort d’un hiver plus-que-mitigé marqué par des championnats de France compliqués. Troisième sur 60 mètres (6’’69) en février, devancé par Jimmy Vicaut (6’’53) et Emmanuel Biron (6’’63), le sprinter de 22 ans ne s’est pas vraiment rassuré sur son départ. Quatre jours plus tôt, au meeting de Val-de-Reuil, le recordman de France du 100 mètres prenait déjà la dernière place du podium, échouant derrière Michael Rodgers et Kim Collins.
Aux JO déjà, il avait raté son pari. Lui qui espérait truster un podium olympique, quitte à délaisser le 100 mètres pour privilégier sa distance de prédilection – le 200 mètres – avait terminé à une décevante sixième place (20’’19). Alors, revenu bredouille de Londres l’été dernier et déçu des championnats de France cet hiver, Lemaître s’est remis en question. Un déclic. « C’était la première fois que je manquais mes objectifs et cela m’a fait quelque chose », reconnaît-il malgré sa retenue et sa timidité apparentes.
« Prouver que c’est moi le numéro 1 en France »
Jusqu’alors chef de file du sprint français, Christophe Lemaître a vu Jimmy Vicaut lui voler la vedette en l’espace de quelques semaines. Auteur d’un début de saison exceptionnel, auréolé d’un titre de champion d’Europe du 60m en salle, le nouveau prodige tricolore (21 ans) cartonne. Et s’il n’a pas surpassé son jeune aîné, il a au moins prouvé qu’il avait un potentiel tout aussi intéressant.
« Je suis totalement revanchard car au niveau national, perdre face à Jimmy Vicaut... C'est la première fois. Je veux prouver que c'est moi le numéro 1 en France et que je veux le rester », ambitionne Lemaître, manifestement froissé. « Je suis un très mauvais perdant par rapport à cela. Je veux prouver que c'est un accident et que cela ne se reproduira plus ».
« De pâtes-viandes à légumes-fruits »
Pour tenir cet objectif, le natif d’Annecy a changé sa préparation, ses méthodes de travail et son approche des entraînements. « J’ai attaqué avec un nouvel état d’esprit », explique-t-il. « Au niveau séance, j’ai fait plus d’intensité, tout en étant plus appliqué et plus assidu. J'ai aussi, et surtout, soigné le reste, c'est-à-dire la récupération, la nourriture, la kiné, les soins. J’avais des habitudes de jeune qui se laissait aller. Concrètement, je suis passé des pâtes-viandes à des légumes et des fruits ».
S’il reconnaît ne pas être au niveau optimal, mais « mieux que l'an passé à la même époque », Lemaître assure avoir « progressé partout ». C’est donc un athlète requinqué qui s’alignera sur 100m et 4x100m des Penn Relays ce samedi, avec ses coéquipiers d’Aix les Bains, face aux sprinters américains et jamaïcains notamment.
Dans une arène chauffée à bloc par les confrontations interuniversitaires qui animeront le weekend – les mesures de sécurité seront très fortement renforcées après les attentats de Boston – et à l’occasion un évènement intitulé « USA contre le reste du monde », le Français aura à cœur de montrer l’impact concret de ses bonnes résolutions. Avec en ligne de mire les Mondiaux de Moscou, en août, d’où il espère ramener « une médaille sur 200 mètres [il s’alignera aussi sur 100m, ndlr] », et « pourquoi pas une médaille en collectif ». Un défi à sa hauteur, car comme aime le rappeler son entraîneur, Pierre Carraz, « il y a les quatre intouchables jamaïquains et américains, et ensuite, il y a la meute. Et Christophe Lemaitre est chef de meute ».
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