Un match référence
Il faut très certainement remonter à septembre 2006 pour trouver trace d'une performance de l'équipe de France aussi aboutie face à une nation majeure du football. La victoire en Bosnie (2-0) en éliminatoires de l'Euro 2012 ou les succès "amicaux" contre l'Allemagne ou le Brésil ne peuvent être comparés à ce qui s'est passé hier soir. Le dernier grand match disputé par les Bleus restait le France-Italie (3-1) des qualifications de l'Euro 2008 avec un doublé de Sydney Govou. Ce jour-là, les Tricolores avaient dominé les champions du monde qui venaient certes de reprendre le championnat.
Six ans après
Ce mardi à Madrid, les partenaires d'Hugo Lloris n'ont pas gagné mais ils en ont suffisamment fait pour contrecarrer les desseins des maîtres du monde et pour susciter un enthousiasme que les échecs successifs avaient anéanti. Depuis la fameuse finale de la Coupe du monde 2006 perdue aux tirs au but contre l'Italie, les Bleus ont disputé trois grands tournois sans convaincre. Après le fiasco de l'Euro 2008, ce fût la berezina sud-africaine (2010) puis la déception ukrainienne (à l'été 2012). Durant ces trois compétitions, les Français avaient subi la loi des cadors du continent (4-1 face aux Pays-Bas, 2-0 contre l'Italie en 2008, 2-0 face à l'Espagne).
Sur la pelouse de Vicente-Calderon, la sélection nationale a retrouvé une âme et un fond de jeu. La solidarité affichée par les joueurs tout au long de la rencontre, leur volonté de toujours compenser les erreurs du coéquipier par un dépassement de fonction cher à Roger Lemerre, et l'état d'esprit positif malgré les coups durs (égalisation refusée à Menez, quelques occasions nettes manquées), augurent un avenir positif.
Coaching gagnant
Le coaching de Didier Deschamps, qui a su changer son fusil d'épaule après la pause, a changé la physionomie de la partie. Remplacer le pâle Gonalons par le remuant Valbuena avant l'heure de jeu fût un choix audacieux et payant. Tout comme celles de Sissoko et Giroud plus tard, se substituant au transparent Menez et au moyen Benzema (qui aurait tout de même été crédité d'une passe décisive si le but de Menez avait logiquement été validé).
Les satisfactions bleues concernent aussi les tauliers: Lloris impérial dans la cage (un penalty arrêté et une double parade déterminante juste avant la mi-temps), Evra très actif sur le couloir gauche et auteur de l'interception amenant le but français, et Ribéry, exceptionnel de combativité, débordant d'activité dans son couloir et passeur décisif dans le temps additionnel. Enfin, comment ne pas mentionner l'énorme prestation de Blaise Matuidi dans l'entrejeu.
Matuidi en version Makelele
Le Parisien a rappelé Claude Makelele par ses jaillissements dans les pieds adverses, ses compensations efficaces, ses bonnes remontés de ballon et sa lucidité malgré une grosse débauche d'énergie. Au contraire de Koscielny ou Débuchy, pas à leur niveau, Matuidi a justifié sa titularisation pour ce choc.
Alors bien sûr, tout n'est pas parfait et la route qui mène au Brésil est encore longue. Mais les qualités affichées en Espagne doivent permettre à l'équipe de France de travailler sereinement dans les mois à venir en attendant la fin mars et les matches déjà décisifs contre la Géorgie puis l'Espagne au Stade de France. D'ici-là, les Bleus défieront l'Italie à Parme en novembre puis l'Allemagne en février. Si un groupe est né hier, il serait malvenu de le fermer et Deschamps compte bien sur toutes les forces vives du football français (Yanga Mbiwa, Nasri, Gourcuff, Mavuba, Lassana Diarra etc) pour replacer l'équipe de France parmi les ténors du continent.
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