Trump s'énerve contre les sportifs américains
"Aller à la Maison Blanche est considéré comme un grand honneur pour une équipe du championnat. Stephen Curry hésite, donc l'invitation est retirée", a déclaré samedi le président américain, Donald Trump, dans un message sur Twitter à l'adresse du meneur-vedette des Golden State Warriors, vainqueur de la finale du Championnat de NBA.
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Curry a affirmé vendredi qu'il boycotterait une éventuelle invitation à la Maison Blanche, où le président reçoit traditionnellement les équipes titrées dans l'un des grands championnats professionnels ou universitaires. "C'est évident, on ne va pas se précipiter pour prendre une décision dont il faut mesurer la signification", a-t-il dit sur la chaîne sportive ESPN en évoquant cette invitation, qui n'avait jusqu'ici pas été officialisée par la Maison Blanche. "Nous avons l'occasion de faire une déclaration qui, il faut l'espérer, encourage l'unité, nous encourage à mesurer ce que signifie d'être Américain et se battre pour quelque chose", a-t-il expliqué. Il a confirmé plus tard qu'il ne voulait "pas y aller".
"Se battre pour quelque chose"
Curry a reçu des renforts de poids : "Aller à la Maison Blanche était un honneur avant que tu y sois", a tweeté à l'adresse de M. Trump l'autre vedette du sport roi aux Etats-Unis, LeBron James, finaliste cette année avec Cleveland. "Steph considère cette annulation comme une distinction honorifique", a affirmé le syndicat des joueurs sur son compte Twitter.
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Depuis son sacre en juin, l'équipe d'Oakland est entrée dans une opposition marquée au président Trump. Un autre de ses joueurs emblématiques, Kevin Durant, avait annoncé en août qu'il boycotterait aussi la visite. "Je ne respecte pas la personne qui occupe le poste en ce moment, je ne suis pas d'accord avec lui, je vais faire entendre ma voix en ne m'y rendant pas", avait-il expliqué, estimant que ses coéquipiers étaient du même avis. Selon Durant, la défiance des joueurs a été accrue à la mi-août par les propos du président américain, qui avait renvoyé dos à dos les suprémacistes blancs et les antifascistes pour les violences de Charlottesville, où un sympathisant néo-nazi a tué une contre-manifestante en la percutant avec son véhicule.
"Depuis qu'il est entré en fonction, depuis la campagne présidentielle même, notre pays est si divisé et ce n'est pas une coïncidence. Quand Barack Obama était président, nous avions tellement d'espoirs pour notre communauté", avait rappelé Durant. Le grand patron de la NBA Adam Silver et l'entraîneur des Warriors Steve Kerr, qui a aussi critiqué Trump, avaient dit espérer que les joueurs accepteraient cette invitation qui "pourrait avoir des répercussions très positives".
"Sortez-moi ce fils de pute du terrain"
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Avant la NBA, Donald Trump s'en était pris vendredi au Championnat de football américain (NFL), appelant "virer" les joueurs qui "manquent de respect" au drapeau américain. Il visait, sans le nommer, l'ancien "quarterback" des San Francisco 49ers, Colin Kaepernick, qui a déclenché en août 2016 une polémique nationale en refusant de se lever pendant l'hymne américain diffusé avant chaque rencontre, pour protester contre plusieurs meurtres de Noirs par des policiers blancs. Kaepernick, 29 ans, est sans équipe depuis l'expiration de son contrat en mars. "Nous sommes fiers de notre pays, nous respectons notre drapeau", a dit M. Trump lors d'un discours vendredi dans l'Alabama (sud). "Est-ce que vous n'aimeriez pas voir un de ces propriétaires (d'équipe) de NFL dire, quand quelqu'un manque de respect à notre drapeau, +sortez-moi ce fils de pute du terrain, il est viré, viré!+".
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Samedi, le représentant des joueurs de NFL, DeMaurice Smith, a répondu au président sur Twitter, affirmant que les sportifs étaient aussi des "citoyens" jouissant de "droits constitutionnels". Donald Trump avait reçu en avril les New England Patriots, vainqueurs du Super Bowl, la finale du Championnat NFL. Mais sans le joueur-vedette de l'équipe, le quarterback Tom Brady, absent pour "raisons familiales", ni plusieurs autres Patriots qui avaient fait état de divergences politiques avec le président.
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