Cet article date de plus de quatorze ans.

Tout ça pour ça !

C'est un fait, tous les observateurs s'accordent à dire que le climat délétère dans lequel a baigné l'équipe de France durant ce mois de juin est en grande partie responsable des résultats catastrophiques enregistrés par les Bleus. Mais d'autres éléments sont à l'origine du désastre, de la méforme de certains au manque de responsabilités pris par les cadres en passant par des déficits techniques et tactiques criants. Petit tour d'horizon.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le rouge pour Gourcuff et toute l'équipe de France... (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Un système tactique inefficace

Après avoir été longtemps décrié pour ses prises de risques minimalistes et pour son système à deux milieux récupérateurs aux qualités identiques (le duo Lassana Diarra – Toulalan), Raymond Domenech a profité de la blessure du joueur du Real Madrid pour tenter de changer de système tactique fin mai. Lors des matches amicaux qui ont précédé la Coupe du monde (Costa Rica 2-1, Tunisie 1-1, Chine 0-1), le sélectionneur national a innové en modifiant son fameux 4-2-3-1 pour un 4-3-3 plus offensif, du moins sur le papier. Car pour ce qui est de l'animation, ce ne fût pas très glorieux hormis peut-être quelques offensives face aux Ticos. Tout ça pour finalement revenir au schéma de départ dès l'entame du Mondial afin de ne surtout pas perdre le premier match contre l'Uruguay. Même si le tandem Toulalan-Diaby a semblé complémentaire, on ne peut pas dire que la composition alignée par Domenech fût la meilleure. Comment se passer de Malouda, le meilleur joueur français de la saison, pour lancer la Coupe du monde ? Comment titulariser Govou, transparent ? Comment se plier aux exigences de Ribéry d'évoluer à gauche alors qu'il sortait d'une saison difficile avec le Bayern et qu'il n'était pas en état de faire la différence ? Comment s'obstiner à aligner une charnière Gallas-Abidal aussi peu complémentaire alors que le premier, qui revenait de blessure, était hors de forme, et le second est nettement plus à l'aise dans le couloir gauche ou son entente avec Malouda –développée durant leur époque lyonnaise- aurait pu apporter énormément aux Bleus ?

Un manque flagrant de qualités techniques

Cela ne date pas d'aujourd'hui mais de quelques années déjà. Les Bleus manquent de talents techniques comparés aux grandes nations (Brésil, Argentine, Espagne). Certains n'ont pas été retenus alors qu'ils disposent d'une palette au dessus de la moyenne (Benzema, Ben Arfa, Nasri, Menez, Mexès), d'autres ne misent que sur leurs qualités physiques ou leur vitesse comme Henry, Cissé, Evra, Sagna. Ensuite, certains apportent trop peu (Gignac, Toulalan, Diaby) ou veulent trop en faire et se fourvoient (Ribéry, Anelka). Par rapport à l'époque 1998-2000, la France manque d'un artiste (Zidane était unique), d'un très grand relanceur (personne n'a remplacé Laurent Blanc), d'un perforateur capable de donner de la verticalité au jeu (Vieira aurait-il pu rééditer ses performances de 2000 et 2006 ?), d'un gros frappeur (Petit n'a pas trouvé d'équivalent). D'ailleurs, quand on parle de qualités techniques en France, on pense souvent aux dribbles, aux contrôles, aux ouvertures…etc en oubliant les tirs de loin, composante essentielle du haut niveau. Autre élément indispensable pour voyager loin: les coups de pieds arrêtés. Gourcuff ne les tire pas trop mal mais il n'avait pas les coudées franches. Henry n'était quasiment plus sur le terrain. Ribéry et Anelka ont lamentablement échoué face au Mexique. Raymond Domenech n'a jamais été un adepte du travail acharné des corners, coups francs et autres penalties. Et hormis Gallas, personne ne peut être considéré comme un vrai joueur de tête. Le résultat est criant.

Des joueurs hors de forme

Certains, comme Thierry Henry, n'ont pratiquement pas joué cette saison. D'autres ont été blessés (Abidal, Ribéry, Gallas, Gignac) et ont manqué une bonne partie des joutes nationales. Entre les tauliers (Evra, Sagna, Toulalan, Malouda) et les "intérimaires" (Diaby, Govou), entre les "fatigués (Gourcuff, Gouvou encore) et les remplaçants programmés (Clichy, Squillacci, Cissé, Planus, Réveillère) qui avaient peu de chances d'être alignés, les états de forme s'avéraient trop disparates. Sans style de jeu précis, sans un cadre défini qui aurait pu compenser les médiocres conditions physiques affichées par les joueurs, l'équipe ne pouvait pas s'en sortir. Cela s'est vu assez vite même si le match contre l'Uruguay avait pu masquer ces carences.

Des cadres pas au niveau

Thierry Henry, Franck Ribéry, Nicolas Anelka, Patrice Evra, Eric Abidal, Williams Gallas: autant de joueurs clefs de l'équipe de France qui n'ont pas su tenir leur rang. Stars en déclin, en méforme ou la tête ailleurs, ils n'ont pu apporter toute leur expérience et cela s'est ressenti. Dans la tempête, il faut des tauliers bien présents. Force est de constater que ça n'a pas été le cas. Hormis Florent Malouda et peut-être Jérémy Toulalan (voire Abou Diaby pour sa belle prestation lors du premier match), les titulaires ont franchement déçu. Raymond Domenech aurait-il dû apporter davantage de sang neuf (Cissé, Valbuena, Clichy, Alou Diarra ?) ou le fait de se passer de certains talents (Nasri, Benzema) n'était-il pas déjà rédhibitoire dès la liste des 30 donnée ? Toujours est-il que l'ancien coach des Espoirs n'a rien vu venir alors qu'il coach cette équipe depuis six ans maintenant. Quand on laisse une moins bonne situation en partant qu'au départ, c'est qu'on a échoué, Monsieur Domenech !

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