Tour de France 2019 : sept choses à savoir sur Thibaut Pinot, le Français qui réalise un joli Tour
Le grimpeur français est en grande forme depuis le départ. Mais s'il veut rêver de la victoire finale, le 4e du Tour devra encore triompher des Alpes et des autres prétendants.
Vers un cocktail Pinot-champagne sur les Champs-Elysées ? A 29 ans, le leader de la formation Groupama-FDJ semble mieux armé que jamais pour décrocher une première victoire sur le Tour de France.
Après une bordure qui a lui fait perdre un temps précieux sur les favoris lors de la 10e étape, le Franc-Comtois a réagi dans les Pyrénées pour devenir l'un des principaux prétendants à la victoire finale.
1Il a dessiné une chèvre géante à l'entraînement
Thibaut Pinot est fou de ses animaux, notamment des chèvres et des moutons. Il en prend soin toute l'année dans son chalet de Mélisey, au pied du massif des Vosges. "Ses bestioles lui donnent du souci, mais c’est un souci sain, explique son coéquipier Arthur Vichot à Libération. Quand il est en course, il appelle son père avant le départ et lui demande s’il s’est bien occupé des moutons."
Comme un gage de cet amour, rapporte Le Figaro, le coureur a reproduit la silhouette d'une chèvre lors d'un entraînement, en utilisant l'application Strava pour dessiner un parcours de 208 kilomètres. A l'avenir, pourquoi ne pas reproduire un lama ? Arthur Vichot lui avait offert cet animal, mais il a tenu deux jours dans le jardin à effrayer les chèvres. Thibaut Pinot a dû le confier à des amis.
2Il refuse d'aller en Suisse pour échapper au fisc
Ce n'est pas faut d'avoir essayé. A plusieurs reprises, le banquier de Thibaut Pinot lui a conseillé d'aller s'installer en Suisse, à seulement quelques dizaines de kilomètres de Mélisey, pour profiter d'un système fiscal plus avantageux. "Des gens qui s’occupent des cantons en Suisse, pour récupérer de l’argent ou je ne sais quoi, m’ont aussi contacté, mais ça ne m’intéresse pas", a-t-il expliqué au Monde en 2016. Le coureur, lui, ne semble avoir aucun souci à payer ses impôts. "Comme on dit, il vaut mieux en payer beaucoup que pas assez", résume-t-il encore dans un portrait de Libération, alors qu'un déménagement lui aurait permis d'économiser une année d'impôt tous les trois ans.
3Il relâche toutes ses prises quand il pêche
Le péché mignon de Thibaut Pinot, c'est la pêche. Pour assouvir sa passion, le coureur dispose d'un étang de quatre hectares situé deux kilomètres en contrebas de sa maison en bois. Interrogé par France 3 Bourgogne Franche-Comté, il expliquait alors qu'il s'était offert le plan d'eau avec ses premiers gains et que cet achat était bien "plus utile qu'une belle voiture".
Le coureur peut passer des heures avec sa canne à pêche. "La meilleure journée de récupération du monde, pour moi, c’est 8 heures-19 heures à l’étang, la pêche avec les copains, et un bon barbecue le midi, résume-t-il dans un entretien au Monde. Mon étang, c’est la tranquillité. Je l’aime." Point important, il remet toujours les poissons à l'eau.
4Il chambre volontiers les fans de l'OM
Le coureur ne se contente pas de taquiner le goujon. Le Franc-Comtois est supporter du PSG et n'hésite pas à chambrer l'OM. "Ça va être une belle expérience, déclare-t-il au micro d'Eurosport en 2017, avant l'arrivée d'un contre-la-montre au Stade-Vélodrome de Marseille. Le stade va être plein en plus... Ça change." Une petite pique immédiatement relevée par le journal local La Provence et de nombreux supporters olympiens.
Par l'entremise du journal Le Parisien, Thibaut Pinot a même eu l'occasion de rencontre les joueurs de la capitale en 2016. A cette occasion, Marco Verratti l'avait même rebaptisé le "Nibali français" en lui offrant un maillot dédicacé. Mais quand Blaise Matuidi lui a raconté qu'il était fan de Lance Armstrong, Thibaut Pinot a un peu tiqué. "On lui a dit que, nous, cette époque ne nous faisait pas trop rêver."
5Il a un faible pour le Tour d'Italie
Thibaut Pinot porte un tatouage au creux du biceps droit : "Solo la vittoria e bella" ("Seule victoire est belle" en italien). Cela n'a rien d'un hasard, tant le Français apprécie le Tour de Lombardie et le Tour d'Italie. Le coureur a d'ailleurs rédigé la postface du livre Giro (éd. Hugo Sport), écrit par le journaliste Pierre Carrey, où il raconte comment il séchait les cours, enfant, pour regarder les arrivées d'étape. En Italie, "le coureur est au centre d’un univers. Nous sommes choyés chaque soir dans les hôtels et les restaurants", explique-t-il encore. Le Français se sent sans doute un peu à l'écart de la pression qui repose sur ses épaules de l'autre côté des Alpes.
"Il n’aime pas le côté oppressant du Tour [de France], complète son frère Julien Pinot, dans un entretien au Temps. Sur les aires de départ ou d’arrivée, vous étouffez un peu, cela n’a rien à voir avec les autres courses."
S'il semble plus libéré cette année, le coureur a parfois été agacé par le ramdam sportif et médiatique. "Les étapes ne sont pas plus fatigantes qu’ailleurs, expliquait-il au magazine Pédale ! en 2015. Mais c’est tout le bordel autour, l’hélico au-dessus de la tête toute la journée. Tu n’entends pas les coups de patin quand ça freine." Cette année, il a toutefois décidé de sécher le Giro pour se concentrer sur le Tour de France.
6Il traque les bactéries dans les hôtels
Thibaut Pinot et les maladies, c'est une longue histoire. "Le frein à ma carrière, c'est de tomber malade. C'est une fragilité héréditaire, c'est dans mes gènes", résume-t-il dans Le Monde. On se souvient par exemple de son abandon lors de l'édition 2016 du Tour de France, pour une bronchite, puis la fin prématurée de sa saison la même année.
Il touche le fond lors du Giro 2018, quand il termine une étape en soins intensifs après avoir contracté une pneumopathie. De quoi donner des sueurs froides à ses supporters au moindre caprice de la météo.
Cette saison, son équipe a pris le taureau par les cornes en faisant installer un sauna au domicile du coureur et en recrutant un spécialiste de l'hygiène, Benoît Drujon. Sa mission ? Passer au liquide bactéricide les climatiseurs des chambres d'hôtel et les poignées de porte. "Dès que quelqu'un est malade, il nous prévient, explique ce dernier au Parisien. Récemment, il nous a fait suivre sur WhatsApp un tweet de Julien Simon [équipe Cofidis] disant qu'il était malade pour nous demander de ne pas trop s'approcher de lui et de son équipe." Pour autant, le coureur a promis au Monde de ne pas s'arrêter "de taper les mains des enfants ou de signer des autographes avec un stylo qui peut être plein de microbes."
7Il a une vraie-fausse rivalité avec Bardet
L'anecdote est rapportée par le journaliste Pierre Carrey. Les deux talentueux Français Thibaut Pinot et Romain Bardet décident de se retrouver à l'été 2018 pour un entraînement à deux dans les Alpes. Mais le matin même, le premier annule la sortie par texto en évoquant une possible maladie. "Bardet explose de rire sur le 'mental faible' de son camarade qui commanderait aux petits maux. En retour, Pinot se félicite de ne pas être allé rouler avec ce 'snob'", écrit le journaliste dans Libération. Les caricatures ont la vie dure, entre celui qui est parfois décrit comme un "intello" et l'autre comme un "paysan".
Les deux coureurs ne sont pas vraiment des adversaires, mais il y a tout de même quelques antécédents. Trois ans plus tôt, les deux hommes s'étaient regardé en chiens de faïence lors de la 14e étape à Mende (Lozère), permettant au Britannique Steve Cumming de revenir et de remporter l'étape. "On s'est fait avoir tous les deux, expliquait alors Romain Bardet, selon des propos rapportés par L'Equipe. Ce serait une erreur de tirer l'un sur l'autre. Rien n'a changé entre nous : Thibaut et moi, on est amis." En réalité, ces deux étoiles de la génération 1990 ont toujours été mis en concurrence depuis leur jeunesse, souvent à leur insu.
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