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Roger Federer, dernier rĂȘve Ă©vanoui Ă  Wimbledon ?

Septuple vainqueur du tournoi de Wimbledon, Roger Federer est passĂ© Ă  deux doigts d'ajouter une 8e couronne, qui aurait reprĂ©sentĂ© son 18e sacre en Grand Chelem. Mais Novak Djokovic l'a privĂ© de la victoire, et d'une occasion peut-ĂȘtre unique d'Ă©crire une nouvelle page de sa lĂ©gende. A bientĂŽt 33 ans (dans un mois), le Suisse voit passer les annĂ©es, et la concurrence augmenter.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Roger Federer, tĂȘte basse, et son vainqueur derriĂšre lui, Novak Djokovic

"Je sais que je suis toujours lĂ ." Avant sa 25e finale de Grand Chelem, Roger Federer affichait une confiance lĂ©gitime. Sur un terrain devenu son jardin pendant cinq annĂ©es consĂ©cutives (2003 Ă  2007), le Suisse avait repris ses galons de patron durant presque toute la quinzaine. Avec un tableau vidĂ©e de toute opposition majeure avant les quarts de finale (Lorenzi, MĂŒller, Giraldo et Robredo), il a pu mettre son jeu en place, emmagasiner de la confiance, vĂ©rifier qu'il avait toujours le pied bien vert. En quarts, il a su dominer Stan Wawrinka en perdant son premier set du tournoi, avant de se dĂ©faire d'un Raonic toujours aphone lorsqu'il l'affronte. Tout Ă©tait donc parfait Ă  l'heure de la finale. Le physique Ă©tait lĂ , la confiance aussi, la tactique en place. Mais au terme d'une rencontre extraordinaire, au cours de laquelle il a sauvĂ© une balle de match au 4e set, l'ancien N.1 mondial est tombĂ© sur Novak Djokovic.

Durant quatorze jours, l'ancien N.1 mondial a vĂ©cu un rĂȘve. Cela a Ă©tĂ© insuffisant pour aboutir Ă  un 18e sacre en Grand Chelem, qui aurait fait de lui le plus "vieux" vainqueur Ă  Wimbledon en dĂ©trĂŽnant Arthur Ashe (31 ans en 1975). Cela s'est rĂ©vĂ©lĂ© insuffisant pour devenir le plus grand vainqueur de ce tournoi, avec une victoire de plus que William Renshaw et Pete Sampras. Les trois hommes sont toujours sur la mĂȘme ligne avec 7 consĂ©crations, son compteur personnel est toujours bloquĂ© Ă  17 Grands Chelems. Tout ceci pourrait ne plus jamais Ă©voluer. Voici pourquoi cette finale Ă©tait peut-ĂȘtre son ultime occasion de franchir un nouveau cap.

Le gazon reste son jardin

Le gazon est clairement devenu la surface sur laquelle il a le plus de chances de s'imposer. Ce n'est pas un hasard s'il a remporté son premier Grand Chelem ici. Ce n'est pas un hasard s'il s'est imposé à sept reprises sur les courts du All England Club en 16 participations. Ce n'est pas un hasard s'il a remporté 7 titres à Halles en 12 participations. Ce n'est pas un hasard, enfin, s'il ne compte que 18 défaites sur gazon en 103 matches dans sa carriÚre. Des échanges plus courts, son service plus dévastateur, et son jeu offensif plus présent, Roger Federer sait profiter de ses atouts encore mieux qu'ailleurs. Il a en plus ajouté Stefan Edberg dans son coin, ancien maßtre des lieux, ancienne référence du jeu offensif à tous crins. Avec le Suédois, il a, depuis plusieurs mois, renoué avec un jeu flamboyant, avec une confiance accrue, avec des résultats plus probants. Mais il manque encore quelque chose.

Roger Federer vainqueur de son 4e Wimbledon consécutif contre Rafael Nadal en 2006

 Un tableau idéal

Novak Djokovic avait un vrai parcours du combattant, Ă  l'opposĂ© du sien. Lorenzi, MĂŒller, Giraldo et Robredo (N.23) ne reprĂ©sentaient pas des rivaux trĂšs dangereux sur cette surface, et Roger Federer a su les Ă©carter prestement, sans passer plus de 1h34 sur le court Ă  chaque fois. Stan Wawrinka, son ami, se trouvait pour la premiĂšre fois de sa carriĂšre en quarts de finale ici, et n'a pu lui prendre qu'un set au terme d'un match nĂ©anmoins serrĂ© en quarts. Face Ă  Milos Raonic en demi-finale, il avait l'avantage de n'avoir jamais perdu contre lui lors de leurs quatre prĂ©cĂ©dents duels, et le Canadien n'a pas fait mieux, aprĂšs avoir souvent livrĂ© bataille dans ses matches prĂ©cĂ©dents (Kubot, Nishikori, Kyrgios). Avec un classement mondial moins protecteur que par le passĂ©, le Suisse ne sera pas Ă  pareille fĂȘte trĂšs souvent en Grand Chelem. Il avait en plus l'avantage, comme le veut la tradition, de bĂ©nĂ©ficier du libre choix des organisateurs pour les tĂȘtes de sĂ©rie. Arriver en trĂšs bonne condition physique, encore plus Ă  bientĂŽt 33 ans, c'est une des clĂ©s de ses succĂšs. Pas la seule.

Un ùge avancé

Il a dĂ©butĂ© sa moisson de tournois du Grand Chelem alors qu'il avait 21 ans, Ă  Wimbledon. Il en a dĂ©sormais 32, et le 8 aoĂ»t 33. Si son jeu est beaucoup moins traumatisant que celui d'un Rafale Nadal, s'il est un modĂšle de prĂ©paration physique et d'hygiĂšne de vie, Roger Federer sait que le poids des annĂ©es pĂšse, de plus en plus. EmbĂȘtĂ© l'an dernier par des problĂšmes de dos, l'annĂ©e 2014 est beaucoup plus clĂ©mente pour son corps. "Face Ă  quelqu'un comme Novak au top de sa  forme Ă  27 ans, c'est sympa de voir Ă  quel point je suis proche. Cela me prouve  que si je suis en forme physique, beaucoup de choses sont possibles", se rĂ©jouissait-il aprĂšs son revers en finale. Pour l'instant, cela ne l'a pas ramenĂ© au sommet d'un Grand Chelem. Il a nĂ©anmoins dĂ©jĂ  gagnĂ© deux tournois (Halle et DubaĂŻ), soit un de plus qu'en 2013, mais un de moins qu'en 2002, derniĂšre annĂ©e avant son avĂšnement. Son objectif est clair: aller jusqu'aux Jeux Olympiques de Rio en 2016.

Une concurrence affamée

Il y a Rafael Nadal, son rival historique, il y a Novak Djokovic, le nouveau N.1 mondial, il y a Andy Murray, celui qui l'a privĂ© du titre olympique individuel rĂȘvĂ© en 2012. Mais le Big Four n'est plus seul au monde. Stan Wawrinka s'est mĂȘlĂ© au jeu en gagnant un Grand Chelem (Australie) et un Masters 1000 (Ă  Monte-Carlo). Avec Tomas Berdych, Juan Martin Del Potro (quand il sera de retour de blessure) et David Ferrer, ils sont capables de faire tomber les quatre "tĂ©nors" Ă  tout moment. Et il faut ajouter la nouvelle gĂ©nĂ©ration, incarnĂ©e par Grigor Dimitrov (tombeur de Murray Ă  Wimbledon et gros adversaire de Djokovic en demies), Ernests Gulbis (tombeur de Federer Ă  Roland-Garros), Kei Nishikori, Milos Raonic sans oublier la belle rĂ©vĂ©lation londonienne Nick Kyrgios, dont le talent Ă  seulement 19 augure de beaux lendemains. Et tous ces joueurs sont extrĂȘmement Ă  l'aise sur dur (oĂč se jouent l'Open d'Australie et l'US Open), alors que Roland-Garros ne semble plus accessible au Suisse. Son talent est toujours lĂ , mais il est moins craint par ses adversaires. La duretĂ© et la longueur d'un Grand Chelem sont des obstacles supplĂ©mentaires sur la route du plus grand joueur de l'Histoire.

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