US Open: Rafael Nadal, la Renaissance après le Moyen-âge
Tel le Phénix, Rafael Nadal renait de ses cendres. Et ce n’est pas la première fois. En 2010 et en 2013, l’ogre de Manacor avait déjà dû souffrir pour remonter la pente et revenir au sommet après des blessures qui lui avaient fait rater quelques Majeurs (Wimbledon 2009, US Open 2012, Australie 2013) et qui avaient pu le handicaper sur d’autres (Roland-Garros 2009, Australie 2010 et 2011).
Course-poursuite avec Federer
Personne ne peut l’affirmer mais ses déboires physiques ont peut-être empêché Nadal de se rapprocher voire d’égaler Roger Federer au nombre des titres du Grand Chelem gagnés (19 à ce jour). Aujourd’hui, le Majorquin est revenu à trois Majeurs du meilleur joueur de l’histoire et la course-poursuite semble relancée vu leur saison respective (deux couronnes chacun) et l’âge du Maestro suisse (36 ans).
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Mais là n’est pas l’objectif premier de Rafael Nadal. Il serait évidemment comblé de finir sa carrière avec une vingtaine de Majeurs et de rejoindre voire de dépasser celui qu’il considère comme la référence absolue dans son sport, mais il souhaite avant tout disputer en bonne santé les ultimes saisons d’une carrière éclatante qui lui aura permis d’entrer dans la légende de son sport avec ses dix Roland-Garros (quatre de mieux que l’immense Bjorn Borg). Un record pas prêt d’être battu.
De l'énergie et du talent
L’état de forme est primordial chez ce joueur encore plus que chez les autres cadors de son époque. Novak Djokovic légèrement diminué peut assurer un niveau minimal assez élevé. Et que dire de Roger Federer dont le talent a parfois masqué une forme précaire. Nadal, au contraire, a besoin de sentir son corps au top pour faire mal à l’adversaire. Quand son organisme va bien, le reste suit.
Longtemps, les observateurs ont crû que ce gaucher à l’énergie incroyable bénéficiait d’une force mentale extraordinaire, au-dessus des autres et de quasiment tout ce qui avait précédé. En 2008, Nadal avait réussi à surpasser Federer pour s’approprier le trône après un doublé Roland-Wimbledon sensationnel (pas vu depuis Borg en 1980) et beaucoup en avaient tiré la conclusion que le plus fort dans la tête s’était imposé, faisant parfois fi du talent pourtant évident de l’Espagnol, certes moins spectaculaire que les coups de génie de son rival suisse.
Du physique dépend le mental
Mais Nadal a confié à quelques reprises ces dernières années qu’il ressentait la pression sur un court et qu’il avait notamment besoin de convertir ses balles de break pour se donner confiance. Même le meilleur joueur de tous les temps sur terre battue pouvait afficher des sautes de tension ce qui lui a valu et lui vaut toujours des prestations parfois franchement moyennes comme à Wimbledon ou lors des premiers tours à New York avant son irrésistible montée en puissance.
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La reconquête des Internationaux de France, trois ans après, a eu le mérite de ravir Nadal et de l’apaiser. Oui, il est encore capable de remporter les plus grands trophées. Oui, il peut de nouveau rivaliser avec les ténors quand il est à son maximum.
Une trace indélébile dans l'histoire
Vrai modeste, Rafael Nadal a toujours su prendre les échecs et les réussites avec le recul nécessaire. Ce retour au sommet en 2017 n’en est pas moins fabuleux. Et si son parcours à Flushing était moins flamboyant qu’à Paris lorsqu’il avait estourbi Dominic Thiem et Stan Wawrinka, cela ne change rien.
Un titre est un titre pour celui qui a toujours dit que sa saison était réussie dès qu’il gagnait un Grand Chelem. Battre Federer ou Djokovic est sans doute plus prestigieux que de vaincre Puerta ou Anderson, mais ça ne change rien au palmarès. En attendant de glaner d’autres grands titres en 2018, le désormais triple vainqueur de l’US Open (comme Ivan Lendl) a un objectif à court terme tout tracé.
A deux mois de la fin de saison, il a toutes les cartes en mains pour achever l’année à la première place mondiale (comme en 2008, 2010 et 2013). Il deviendrait alors le premier joueur de l’histoire à reconquérir le trône trois fois. Une singularité par rapport à Federer (numéro 1 de 2004 à 2007 et en 2009) et Djokovic (N.1 de 2011 à 2015 sauf en 2013) qui ont "vampirisé" leur période faste. Une particularité de plus pour le plus grand combattant de l'histoire (avec Jimmy Connors) qui a passé une grande partie de sa carrière en position de dauphin du roi mais qui n’en a pas moins laissé une trace indélébile.
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