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US Open : Naomi Osaka, libérée, délivrée

Vainqueure de l’US Open samedi soir face à la Biélorusse Victoria Azarenka en trois sets (1-6, 6-3, 6-3), Naomi Osaka a remporté son troisième tournoi du Grand Chelem en trois ans. Une confirmation de taille pour la Japonaise, qui a longtemps eu du mal à assumer son statut de nouvelle grande joueuse du circuit mondial. Le confinement et les récents événements aux États-Unis l’ont aidée à transformer cette pression pour n’en retirer que le positif.
Article rédigé par Denis Ménétrier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Naomi Osaka remporte son 3e tournoi du Grand Chelem en trois ans (AL BELLO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Lors de son entrée sur le Arthur-Ashe Stadium, à quelques minutes du début de sa finale contre Victoria Azarenka, Naomi Osaka arborait un masque en tissu noir sur lequel était inscrit le nom d’une victime de violences raciales aux États-Unis. Depuis le début du tournoi de l'US Open, cette pratique est devenue un rituel pour la Japonaise de 22 ans, qui s’est affirmée comme l’une des leaders du mouvement dénonçant les violences policières dans le pays de l'oncle Sam.

Cet hommage aux victimes et cette mobilisation pour la cause, voilà ce qui a pu motiver Osaka tout au long de sa quinzaine à Flushing Meadows. Car jusque-là, la Japonaise, devenue numéro 1 mondiale début 2019 à seulement 21 ans, avait beaucoup de mal à gérer la pression. "Mentalement, ça a été beaucoup plus de stress et de pression que je n’aurais pu l’imaginer. Je ne pense pas que quelque chose aurait pu me préparer à cela, surtout que je suis quelqu’un qui réfléchit un peu trop", avait-elle expliqué en juillet 2019.

"Je suis plus forte mentalement"

En proie à ces doutes et confrontée à ce nouveau statut de meilleure joueuse du monde, Osaka avait enchaîné les contre-performances dans plusieurs tournois majeurs. De quoi la faire dégringoler à sa 9e place actuelle au classement WTA. Mais si certains sportifs ont mal vécu la période de confinement, la Japonaise a su la faire fructifier en travaillant sur son mental : "Je sens que j’ai beaucoup appris avec les hauts et les bas que j’ai connus dans ma carrière. Maintenant, je dirais que je suis plus forte mentalement. J'ose dire ce que je ressens."

L’affaire Jacob Blake et la multiplication des violences raciales aux États-Unis ont achevé de transformer Naomi Osaka. Alors qu’elle devait disputer la demi-finale du tournoi de Cincinnati, qui précédait l’US Open, la Japonaise avait décidé de boycotter la rencontre en signe de protestation contre l’injustice raciale dans le pays dans lequel elle vit toujours - elle a abandonné la nationalité américaine pour obtenir la nationalité japonaise -. "Avant d’être une athlète, je suis une femme noire. En tant que femme noire, je considère qu’il y a des choses beaucoup plus importantes que me regarder jouer au tennis", indiquait Osaka dans un message publié sur ses réseaux sociaux pour expliquer ce boycott.

Portée par un supplément d'âme

Finalement, face à la décision du tournoi de repousser les rencontres d’une journée, Osaka avait tout de même participé à sa demi-finale, avant de déclarer forfait pour la finale en raison d'une douleur à la cuisse gauche. Portée par ce combat et ce supplément d’âme que représente cette cause, Osaka a su passer outre cette gêne qu’elle ressentait jusque-là pour atteindre la finale et s’imposer face à la Biélorusse Victoria Azarenka : "Cela me donne de la force, une motivation supplémentaire : je veux porter ce débat", expliquait-elle pendant le tournoi.

Pourtant, le premier set de sa finale a laissé craindre le pire : un 6-1 encaissé en à peine 26 minutes de jeu. Pas déstabilisée pour autant, Osaka a su se ressaisir et s'imposer en trois sets face à une Azarenka qui aura réalisé un grand tournoi. Pour la troisième fois en trois ans, Osaka remporte donc un tournoi du Grand Chelem, après l'US Open - déjà - en 2018 et l'Open d'Australie en 2019.

Avec cette victoire à Flushing Meadows, au cours d’un tournoi marqué par les forfaits de plusieurs favorites, Osaka va faire un bond au classement WTA (elle sera 3e mondiale lundi). Pour la Japonaise, il s’agira désormais d’assumer cette nouvelle place au classement mondial et cette troisième victoire en Grand Chelem, qui fera d’elle une favorite en puissance lors des prochains tournois majeurs.

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