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Stefan Edberg, la grâce incarnée

Voici un autre volet d'une galerie de stars qui ont marqué leur époque depuis 1978, première année où le tournoi s'est disputé sur le decoturf de Flushing Meadows. Aujourd'hui, focus sur le gentleman élégant Stefan Edberg, deux fois vainqueur à New York et qui a su vaincre ses appréhensions pour s'imposer dans la fureur new-yorkaise.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
 

Stefan Edberg a longtemps buté sur l'US Open, un tournoi qu'il n'aimait guère au début de sa carrière. Malgré deux demi-finales en 1986 et 1987, l'ange blond ne réussissait pas à dompter l'environnement new-yorkais et notamment les passages fréquents d'avions dans le ciel. Son jeu d'attaque et ses volées tranchantes étaient pourtant clairement faits pour cette surface rapide. Ce qu'il prouva en 1991. L'année d'avant, Edberg est devenu numéro 1 mondial devant Ivan Lendl grâce à un superbe été sur le ciment US. Mais sa défaite d'entrée contre le Russe Andrei Volkov surprend tout le monde. Il prend donc sa revanche la saison suivante en réalisant un tournoi splendide et une finale exceptionnelle contre Jim Courier, tombeur du tenant du titre Pete Sampras en quarts de finale. Ce jour-là, le Suédois tutoie la grâce. Avec un sens de l'esthétisme et une efficacité incroyable, il ridiculise son rival américain en trois petits sets (6-2, 6-4, 6-0). Il doublera la mise en 1992 de façon plus laborieuse puisqu'il lui faudra remporter trois matches de suite en cinq sets (contre Richard Krajicek puis Ivan Lendl en quarts et Michael Chang en demie –avec à chaque fois un break à remonter dans le dernier acte) avant de triompher d'un Pete Sampras diminué par des maux d'estomac en finale (3-6, 6-4, 7-6, 6-2). Ce sera là son ultime exploit à Flushing et en Grand Chelem, l'année 1993 amorçant un long déclin pour ce maestro du tennis d'attaque.

Sa plus belle victoire

Sa victoire en demi-finale 1992 contre Michael Chang (6-7, 7-5, 7-6, 5-7, 6-4)

Tenant du titre à Flushing Meadows, Stefan Edberg est l'un des favoris de l'édition 1992. Le Suédois vient de remporter le tournoi de New Haven et il sait qu'il ne doit pas laisser passer sa chance de remporter un sixième Grand Chelem sur le ciment new yorkais, lui qui a fait chou blanc cette saison (finale à Melbourne contre Jim Courier quand même). Non seulement le Suédois va y parvenir mais il va le faire au prix d'un exploit avant son triomphe contre Pete Sampras en finale (3-6, 6-4, 7-6, 6-2). À cause de la pluie, la programmation a été bouleversée. Il bat ainsi Richard Krajicek en 1/8e de finale 6-4, 6-7, 6-3, 3-6, 6-4, puis Ivan Lendl en 1/4 de finale 6-3, 3-6, 6-3, 5-7, 7-6 et enfin Michael Chang en 1/2 finale 6-7, 7-5, 7-6, 5-7, 6-4. Ce match se termine tard le samedi, à la veille de la finale. Ce dernier match est tout simplement phénoménal. Il va durer plus de 5h30 devant un public enthousiaste devant l'opposition de style entre les deux hommes qui refusent de lâcher le moindre point. Le service d'Edberg fera la différence sur quelques points clefs. Mine de rien, "le grand méchant mou" (le surnom de ses détracteurs qui lui reprochaient un manque de personnalité) venait de prendre sa revanche sur son bourreau de Roland-Garros 1989. Bravo, et merci pour le spectacle !

Ses autres matches de référence

Contre Jim Courier lors de la finale 1991: 6-2, 6-4, 6-0

Ce match contre Jim Courier fût probablement le meilleur de la brillante carrière de Stefan Edberg. L'artiste suédois, qui avait toujours eu du mal à jouer à Flushing à cause du bruit des avions passant au-dessus du central, des vociférations du public et des odeurs de hot-dog, décide cette année-là de louer une maison à Long Island afin de mieux s'accoutumer à la vie new yorkaise. Comme par enchantement, le double vainqueur de Wimbledon joue un des meilleurs tennis de sa carrière en cette fin d'été 1991. Il bat successivement Michael Chang, Emilio Sanchez et Ivan Lendl (en trois sets) pour atteindre la finale. Jim Courier, pourtant en pleine ascension, ne pourra rien contre un Edberg très inspiré, souvent éblouissant de facilité à la volée. Sur le score de 6-2, 6-4, 6-0, Stefan Edberg s'adjuge son premier titre à New York, son cinquième en Grand Chelem.

Sa défaite en 8e de finale 1988 contre Aaron Krickstein (5-7, 7-6, 7-6, 4-6, 7-5)

En 1988, Stefan Edberg postule à un succès sur le decoturf de Flushing Meadows. Demi-finaliste les deux années précédentes (battu par Lendl puis Wilander), Edberg possède le jeu d'attaque pour s'imposer. Malheureusement pour lui, il va tomber sur un contreur de premier ordre en la personne d'Aaron Krickstein, l'homme au bandeau rouge. Soutenu par toute la communauté juive de New York, l'ancien grand espoir du tennis américain lâche son arme fatale, un coup droit puissant qui repousse Edberg loin de sa ligne sur les jeux de retour. Le score reste serré jusqu'au bout mais le Suédois craque sur la fin. Il devra attendre trois ans pour enfin soulever le trophée.

Palmarès à Flushing Meadows: deux victoires, deux demies

1983: 1er tour contre Aaron Krickstein
1984: 2e tour contre John McEnroe
1985: 1/8e de finale contre Jimmy Connors
1986: demi-finale contre Ivan Lendl
1987: demi-finale contre Mats Wilander
1988: 1/8e de finale contre Aaron Krickstein
1989: 1/8e de finale contre Jimmy Connors
1990: 1er tour contre Andrei Volkov
1991: victoire contre Jim Courier
1992: victoire contre Pete Sampras
1993: 2e tour contre Karel Novacek
1994: 3e tour contre Jonas Bjorkman
1995: 3e tour contre Andre Agassi
1996: quart de finale contre Goran Ivanisevic

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