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Pépite Sampras

Huitième volet d'une galerie de stars qui ont marqué leur époque depuis 1978, première année où le tournoi s'est disputé sur le decoturf de Flushing Meadows. Aujourd'hui, focus sur le champion des années 90, Pete Sampras. Lauréat à cinq reprises, l'Américain a marqué l'histoire de son tournoi national avec quelques matches de légende.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Pete Sampras (US Open 2002) (MATT CAMPBELL / AFP)

Pete Sampras a écrit quelques unes des plus belles pages de son livre d'or sur le decoturf de Flushing Meadows. Huit fois finaliste et cinq fois vainqueur, l'homme aux 14 titres du Grand Chelem adorait évoluer à New York. Il y a signé sa première grande victoire en 1990, à seulement 19 ans, lorsqu'il domina consécutivement quatre têtes de série pour remporter la mise (Muster, Lendl, McEnroe puis Agassi en trois petits sets, 6-4, 6-3, 6-2). En 1992, des crampes d'estomac le diminuent en finale contre Stefan Edberg. En 1993, il reconquiert le trophée en battant sans souci Cédric Pioline (6-4, 6-4, 6-3). A court de préparation en 1994, il tient jusqu'au 3e tour où Jaime Yzaga le sort en cinq manches. Le péruvien peut se targuer d'être le seul à l'avoir battu deux fois à l'US Open puisqu'il fût son premier tombeur en 1988. Sampras aligne ensuite un doublé en 1995 (succès contre Agassi 6-4, 6-3, 4-6, 7-5) et 1996 (6-1, 6-4, 7-6 contre Chang). Le "dopé" Petr Korda le prive du triplé en le sortant en 1/8e de finale en 1997 (6-7, 7-5, 7-6, 3-6, 7-6) avant que Rafter ne le sorte en demi-finale de l'édition suivante toujours en cinq manches (6-7, 6-4, 2-6, 6-4, 6-3). Forfait en 1999 alors qu'il a dominé trois fois sur trois Agassi –le lauréat- durant l'été, Sampras espère regagner son tournoi en l'an 2000. Mais il doit s'incliner contre un très grand Safin qui s'impose en trois sets (6-4, 6-3, 6-3). En 2001, "Pistol Pete" effectue un parcours de premier ordre en éliminant successivement Rafter, Agassi et Safin (belle revanche en trois sets) avant de payer ses efforts en finale contre Hewitt, intraitable (7-6, 6-1, 6-1). Heureusement, au moment où il ne faisait même plus parti des prétendants, Sampras –redescendu à la 12e place mondiale- renaît de ses cendres tel le Phénix et s'adjuge un sacre mémorable contre son vieux rival, Andre Agassi, devant un public émerveillé par ce come back (6-3, 6-4, 5-7, 6-4). L'art et la manière de partir au sommet.

Sa plus belle victoire: contre Andre Agassi, quart de finale 2001: 6-7, 7-6, 7-6, 7-6

Pour Pete Sampras, cet US Open 2001 a un goût de revanche. Le Californien n'a pas remporté son épreuve fétiche depuis cinq ans et il reste sur une défaite cuisante contre Marat Safin l'année précédente en finale. Avant de retrouver son grand rival pour un quart de finale d'anthologie, Sampras sort Rafter en quatre sets. Quand il se présente sur le Central Arthur-Ashe pour défier le numéro 1 mondial, le quadruple lauréat de l'épreuve n'est pas donné favori, loin de là. Le "Divin chauve", vainqueur à Melbourne, prend d'ailleurs les devants en s'adjugeant le premier set au jeu décisif. Mais il s'inclinera dans les trois autres manches sur ce même score de 7-6, les deux joueurs n'ayant jamais lâché leur service ! A l'entame du tie break du quatrième acte, les deux artistes reçoivent une standing ovation pour le spectacle offert. Tactiquement, Sampras a dominé Agassi en refusant de rentrer dans un combat du fond du court dont il serait probablement sorti perdant. Il sert donc le plomb y compris sur les deuxièmes balles ce qui lui vaut quelques méchantes doubles fautes. Mais cela lui permet de balancer un paquet d'aces y compris sur deuxième service, et ça a surtout le mérite de ne pas permettre à Agassi de se régler sur les retours. Il s'agit à coup sûr de la plus belle rencontre entre les deux hommes et de l'une des plus belles confrontations de l'histoire à Flshing. Un must qui se terminera par les mots d'un Agassi très fair play, serrant la main de son rival et lui disant: "Maintenant, va au bout" ! Malheureusement pour lui, Sampras ne remportera pas ce tournoi. Après un beau succès sur Safin en demie, il sera victime de la fatigue et d'un grand Lleyton Hewitt en finale.

Ses autres matches de référence

Sa victoire contre Alex Corretja en quart de finale de l'édition 1996 (7-6, 5-7, 5-7, 6-4, 7-6)

Après une petite frayeur au deuxième tour contre le Tchèque Jiri Novak (victoire en 5 sets), Sampras déroule pour atteindre les quarts de finale. Il mate en trois manches l'Australien Mark Philippoussis et part nettement favori contre l'Espagnol Alex Corretja. Il va pourtant vivre un calvaire malgré un happy end inoubliable. Contre cet Ibère rude, le tenant du titre a tout les peines du monde à imposer sa griffe d'attaquant. Corretja réussit de nombreux passings et mène deux manches à rien. Poussé par ses supporters, le Californien égalise avant de réaliser un véritable exploit dans le jeu décisif du dernier set: il sauve une balle de match au filet alors qu'il n'en peut plus, au prix d'une volée de coup droit magnifique, avant de sortir un ace sur deuxième balle pour s'offrir une occasion de conclure. C'est alors que le Barcelonais craque en commettant une double faute, offrant la victoire au numéro 1 mondial.

Sa défaite contre Marat Safin en finale de l'édition 2000 (6-4, 6-3, 6-3)

La sensation ! Victorieux de Krajicek puis Hewitt, Sampras arrive lancé en finale. Son adversaire, le Russe Marat Safin, monte en puissance depuis plusieurs mois (quart de finale à Roland-Garros) mais on le voit mal déboussoler la statut du commandeur pour sa première finale de Grand Chelem, à 20 ans. Et c'est pourtant ce qui advint: sans faire un mauvais match, Sampras se fait cueillir par les retours et les passings du grand escogriffe tatar qui joue le match de sa vie pour triompher en trois manches. Jamais plus le Slave ne retrouvera ce niveau qui avait fair dire à beaucoup d'observateurs que Sampras venait de vivre là ce qu'il avait fait subir à Agassi lors de la finale 1990.

Sa victoire contre Andre Agassi en finale de l'édition 2002 (6-3, 6-4, 5-7, 6-4)

Comment oublier ce moment de légende ? La 14e et dernière levée du Grand Chelem de Monsieur Pete Sampras reste dans toutes les mémoires des fans de la petite balle jaune. Lorsqu'il se pointe à New York, l'Américain est considéré par beaucoup comme un "has been". Il n'a plus soulevé de trophée depuis Wimbledon 2000 lorsqu'il a battu Rafter et dépasser Roy Emerson. En juin, il doit même s'incliner contre le Suisse George Bastl au deuxième tour à Londres. L'une des pires défaites de sa carrière. Il doute de tout et surtout de lui-même à l'entame du tournoi de la dernière chance. Au troisième tour, Sampras s'en sort in extremis contre Greg Rusedski (6-4 au 5e set). Dans la foulée, le Britannique fait preuve de clairvoyance en disant qu'il aurait dû gagner et que Sampras n'a aucune chance de remporter le tournoi. Il va pourtant se frayer un chemin jusqu'en finale en sortant Haas, Roddick puis Schalken. En finale, Sampras prend l'avantage mais Agassi s'accroche et revient à deux manches à une. Il semble pouvoir arracher un cinquième acte mais Sampras a le dernier mot grâce notamment à un jeu de retour parfait au moment décisif. Le Phénix vient de renaître de ses cendres.

Palmarès à Flushing Meadows: 5 victoires, 3 finales, une demie

1988 :1er tour contre Jaime Yzaga
1989: 1/8e de finale contre Jay Berger
1990: victoire contre Andre Agassi
1991: quart de finale contre Jim Courier
1992: finale contre Stefan Edberg
1993: victoire contre Cédric Pioline
1994: 1/8e de finale contre Jaime Ysaga
1995: victoire contre Andre Agassi
1996: victoire contre Michael Chang
1997: 1/8e de finale contre Petr Korda
1998: demi-finale contre Pat Rafter
1999: absent
2000: finale contre Marat Safin
2001: finale contre Lleyton Hewitt
2002: victoire contre Andre Agassi

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